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L’Allemagne, à partir de ce moment fait des efforts désespérés pour rompre la ligne et atteindre Calais bataille autour d’Ypres, à l’Yser, dans la Somme et l’Artois). En Russie, après une longue campagne, elle rejette les troupes du Tzar jusque sur la Dvina, mais elle est arrêtée dans sa marche sur Pétrograde, Moscou et Kharkoff. L’Italie entre en scène et avance progressivement vers le Trentin et vers Trieste. L’attitude de la Turquie provoque de la part des alliés l’attaque longue et infructueuse des Dardanelles. Une armée russe descend dans le Caucase ; une armée turque menace l’Égypte, mais doit se retirer ; une armée anglaise s’avance des Indes vers la Mésopotamie. L’Allemagne alors, ayant l’aide de la Bulgarie, tend un effort pour écraser la Serbie et délivrer Constantinople, avec l’objectif immédiat de se procurer des approvisionnements dont le manque la fait souffrir, avec l’objectif lointain d’une attaque de l’Égypte et de Suez, clés de l’Afrique et des Indes. « La question, disent les Allemands, à propos de cette dernière attaque, est de savoir si l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie, la Turquie et la Bulgarie, puissances éminemment territoriales, sont dans la dépendance de la marine anglaise ou si elles sont assez fortes pour se conquérir l’espace et la liberté contre l’Angleterre ? »

La guerre, fait observer Wells, aura eu quatre phases : 1. guerre d’attaques en masses les premières semaines ; 2. guerre d’immobilisation (tranchées) ; 3. prolongation de celle-ci ; mais à mesure que les grands combattants se seront affaiblis par rapport aux petits États, l’intérêt se sera graduellement reporté vers la guerre de trahisons et d’intrigues diplomatiques dans la Méditerranée orientale ; 4. le souci des conquêtes et des victoires remplacé par celui de s’assurer les meilleures conditions possibles de récupération économique et de reconstruction sociale.

132. Théories de guerre.


L’État absorbant toutes les énergies, concentrant toutes les espérances. Le terrorisme érigé par les Allemands en principe nécessaire à la guerre ; le chancelier demandant à son peuple de désapprendre toute sentimentalité. La « guerre d’usure » érigée en système par les alliés, une guerre où tout est là : « durer ! » C’est-à-dire ne compromettre en rien les armées, sans l’écrasement desquelles il n’est pas de victoire définitive, quelles que soient les étendues de territoire et les places fortes abandonnées à l’ennemi.

Au cours de la guerre on a assisté à l’échec de maintes théories. Celle des Allemands qu’une attaquée brusque rend maître d’un pays sans coup férir, ensuite que des raids aériens et des attaques de sous-marins feraient demander grâce à l’Angleterre. Celle des alliés qu’il serait possible d’affamer rapidement l’Allemagne. La guerre écono-