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mique sans avoir produit de catastrophes a cependant augmenté énormément le poids que l’ennemi doit porter sur ses épaules.

Échec aussi de la théorie que l’épuisement des ressources financières des États devait mettre promptement fin à la guerre. Échec de l’idée que chez l’une ou l’autre des nations le peuple s’opposerait à son gouvernement ; au contraire, on n’a jamais vu peuples plus étroitement unis à leurs gouvernements.

133. Effectifs.


Les nations ont mis sur pied le maximum d’hommes disponibles qu’ils étaient en état d’armer. Plus de vingt millions de soldats ont été engagés dans la lutte. Les anciennes distinctions entre active, réserve, territoriale (landsturm) ont dû céder devant les nécessités, comme aussi les règlements sur les inaptes au service militaire. D’une manière générale, on estime qu’on ne peut mettre sur pied d’une façon pratique que le 10 % de la population totale. Ce qui donne :

Angleterre 04 millions
France 04 »
Russie (illimité)xx 12 »
Impériaux 12x »

Au début de la guerre les Allemands possédaient 13,100,000 hommes aptes au service militaire, âgés de 19 à 45 ans.

En Angleterre trois millions d’hommes se sont offerts à la nation (déclaration d’Asquith). En déduisant de ce chiffre les refusés et ceux qui se trouvaient sous les armes au début de la guerre, il resterait deux millions d’hommes engagés depuis 1914, deux millions de volontaires qu’aucune loi, qu’aucune force humaine ne pouvait contraindre à servir et qui ne servent que parce qu’ils le veulent. Il reste en dehors des cheminots et du personnel des usines de guerre, 1,200,000 hommes d’âge militaire qui ne se sont pas enrôlés. Ce fait a déterminé la loi sur la conscription. La participation des troupes indigènes, noirs, marocains, indiens, est une caractéristique de la guerre actuelle. Autre caractéristique : on a formé des soldats en vingt semaines.

134. Guerre sur terre.


Les fronts se sont étendus à l’extrême : le seul front russe a 1100 kilomètres. Les opérations actuelles se faisant sur un front très large et à grande distance, les belligérants ont la possibilité de connaître les moyens mis en œuvre par l’ennemi au front d’attaque, même de supputer approximativement les forces qui restent ailleurs devant eux. La guerre de surprises, de marches forcées, de mouvement soudain de flanc, a été rendue impossible. L’information est complète, presque absolue sur les deux fronts. On joue la partie, non pas comme