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les fauchées de la mort. Des mortiers français perfectionnés de 370 envoient à 9 kilomètres des projectiles de 1 m. 55 de hauteur qui pèsent 500 kilos, qui ont une charge de 150 kilos de mélinite et dont chacun coûte 2500 francs. — Les pièces de 240, à tir rapide, montées sur affût envoient à plus de 20 kilomètres des projectiles de 170 kilos à raison de quatre par minute. Les trous d’obus ont parfois 35 mètres de diamètre.

Après une intense préparation par l’artillerie, l’infanterie est lancée aux attaques en masses serrées, les hommes ayant préalablement absorbé des pilules énervantes.

La cavalerie, elle, a joué un rôle singulièrement effacé. Les avions la remplacent pour les reconnaissances ; et la guerre des tranchées, en immobilisant les armées, rend inutiles et même encombrants les chevaux. Il est vrai que la guerre n’est pas finie.

Rôle immense des chemins de fer. Les années allemandes n’ont cessé de voyager du front occidental au front oriental. Le transport d’un corps d’année de 40.000 hommes avec ses équipages exige 120 trains. Un chemin de fer avec déclivité peut acheminer environ 40 trains successifs par jour, à la vitesse de 25 km. à l’heure, soit, halte-repos déduites, un parcours de 500 km. par jour. Le transport d’un corps d’armée à l’autre par une ligne unique à double voie nécessite au minimum 5 jours, durée d’embarquement et de débarquement comprise. Aujourd’hui un transport s’effectue à 800 km, dans le même temps qu’à 60 kilomètres sous Napoléon. Les chemins de fer ont été construits immédiatement derrière les troupes qui avancent et ont assuré le service des armées. Le chemin de fer est devenu aussi un instrument d’attaque. On a constitué des trains blindés portant des canons de 155 longs à tir rapide, des canons et des obusiers de 240 et de 280 à tir rapide.

Rôle considérable des automobiles. Elles ont apporté un concours décisif dans la bataille de la Marne en transportant rapidement des troupes (utilisation des omnibus et des taxis-autos de Paris). Des automobiles blindées circulent sur les fronts. Dans la campagne de Russie, l’état-major allemand a disposé de 70.000 automobiles. Les Russes ont fait en Amérique une commande de 30.000 automobiles. Les secteurs français en ont 40.000. Attaques brusquées de motocyclettes et de voiturettes sur lesquelles des mitrailleuses ont été montées.

Les places fortes ont démontré leur infériorité à l’égard de la grosse artillerie. La plupart ont dû se rendre (Anvers, Maubeuge, Przemysl, Varsovie, etc.) Nulle part elles n’ont rempli le rôle auquel on les destinait, rôle de couverture sûre pour des armées, en état d’infériorité momentanée, qui se concentreraient et se reformeraient à l’abri de la barrière de leur défense fixe. Cependant, elles ont sou-