Page:Otlet - Problèmes internationaux et la guerre.djvu/450

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. possèdent une constitution écrite qui fut l’œuvre des esprits conscients et raisonnants, avant de devenir la loi obligée de tout un peuple. Ces constitutions ont créé d’une pièce le système des institutions nécessaires sans attendre qu’elles se soient produites d’elles-mêmes, par suite d’on ne sait quelle harmonie préétablie entre activités individuelles inconscientes. Quant aux quatre institutions fondamentales proposées, le législatif, le judiciaire, l’exécutif, la force armée, ce sont celles auxquelles ont abouti partout l’action organisatrice des sociétés. Vouloir pour simplifier, se borner à l’institution d’une autorité unique nantie de tous ces pouvoirs, c’est verser dans la confusion inévitable, renoncer aux avantages d’une bonne division des fonctions et s’imposer de faire en plusieurs étapes ce qui forcément est la conséquence d’un premier acte dans cette direction. L’explicite vaut mieux que l’implicite.

9. L’Union, autorité supernationale. — L’Union de tous les États en une société organisée des nations ne mettrait certainement pas fin aux luttes et aux conflits. Ceux-ci sont de l’essence même de la vie. Mais elles seraient transformées, comme l’ont été les conflits intérieurs. Une autorité supernationale, représentation visible et agissante de ce qu’il y a de commun et de supérieur à tous les États, serait plus qu’une simple addition d’autorités nationales, de la même manière qu’un État est plus qu’une association de communes. Il y a une différence de degré, presque de nature. Dans le désarroi du moyen âge et des premiers temps de l’époque moderne, alors que les féodaux et les petits princes ne connaissaient d’autre système de vie que la guerre entre eux et l’exaction des faibles au-dessous d’eux, a surgi l’autorité nationale du roi et de l’empereur. L’autorité supernationale doit naître maintenant, les circonstances étant analogues.

10. L’Union ne peut être évitée. — Est-ce en une, deux ou plusieurs étapes qu’un ordre international public pourra être établi ? Nul ne peut le dire à raison de la complexité extrême des circonstances ; mais il ne paraît pas douteux que la direction des événements tende vers cet aboutissement et ce serait faire une immense économie d’énergie sociale, éviter de nouvelles guerres et révolutions, que de profiter de la dislocation générale actuelle pour tenter une solution radicale et intégrale.

On a fait des propositions diverses moins complètes et moins radicales. Certains pensent qu’il suffirait d’un régime d’opinion appuyé sur le contrôle parlementaire de chaque pays et accordant une autorité morale suffisante aux conventions politiques pour que les gouvernements les respectent à la manière dont les particuliers respectent leurs engagements. — D’autres estiment que le concert mondial des grandes puissances étant le dernier organe qu’avait formé la Société des nations avant la guerre, c’est lui qu’il faut prendre comme base