Page:Otlet - Problèmes internationaux et la guerre.djvu/449

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tions mondiales, où des intérêts plus grands existent, par exemple, entre certains pays de l’Europe occidentale et les Amériques, qu’entre ces pays et ceux de l’Est ou du Sud de l’Europe. Les grands problèmes de l’avenir seront des problèmes extra-européens dans lesquels l’Amérique du Nord, l’Amérique du Sud et le Japon seront intéressés. Déjà actuellement le Japon est un des belligérants et les États-Unis ont bien des difficultés à ne pas entrer dans le conflit. — Presque tous les États se sont fait représenter à la 2me Conférence de la Haye.

6. L’Union est limitative de souveraineté. — L’Union implique abandon de certains droits extrêmes que les États revendiquent les uns à l’égard des autres. Elle est limitation de leur souveraineté. Les États ont à choisir : ou bien garder leur souveraineté absolue en s’exposant à des luttes à outrance, et à toutes les terribles conséquences de cette lutte, telle qu’elle est conduite dans la guerre moderne ; ou bien renoncer à l’absolu de cette souveraineté et accepter la transaction honorable mais sûre d’un pacte mondial. En réalité, dans la situation politique actuelle, le choix est plus circonscrit encore, puisqu’il s’agit simplement de renoncer aux alliances particulières qui limitent déjà et depuis longtemps la souveraineté de presque toutes les grandes puissances, renoncer à l’alliance précaire et instable avec quelques-uns en faveur de l’alliance permanente et solide avec tous. L’interdépendance et la solidarité sont au fond de la vie des États. L’Union ne fait que les reconnaître, les organiser et en déduire toutes les conséquences favorables.

7. L’Union est pratique. — La Société des nations n’est pas « utopique », car elle est conçue à l’image des sociétés nationales les plus avancées. Elle a un but, des membres (une population), des organes, une sphère d’action (territoires). Elle n’innove donc pas sur ces points, mais continue et prolonge ce qui est, conformément au fait fondamental que les relations internationales ne sont que le prolongement hors frontières des relations nationales. L’avènement de la Société des nations est placé ainsi sur la ligne générale de l’évolution sociologique, qui nous montre l’apparition successive de structures de plus en plus larges embrassant d’abord la cité, puis le comté et le duché, puis l’État, et où rien ne vient démontrer que ce dernier stade doive être tenu pour l’ultime ; au contraire, la possibilité d’une communauté organisée entre les intérêts supérieurs, nationaux et humains, est dès à présent entrevue par les meilleurs esprits.

8. L’Union est à créer d’une pièce. — L’établissement en une fois d’institutions internationales formant un système complet est conforme aussi à des précédents qui, pour être de moindre envergure que l’œuvre à réaliser, n’en sont pas moins probants. Dans nos sociétés modernes les institutions ne naissent plus de l’usage immémorial et lentement orienté vers des directions inconnues. Presque tous les États