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36. LA FORCE ARMÉE INTERNATIONALE


À première vue il semble que pour mettre fin aux guerres il suffirait simplement de désarmer. Mais les armements sont un résultat et non une cause. Ils ont trois objectifs : 1° la volonté de tous les peuples de se défendre contre le danger des agressions ; 2° la volonté de beaucoup de peuples d’obtenir, par la force ou par la menace de la force, des droits qu’ils croient impossible d’obtenir autrement ; 3° la volonté criminelle de quelques peuples de recourir à la guerre et à la conquête comme à un mode d’enrichissement, à une sorte de brigandage collectif, décoré du nom d’« extension de puissance ».

Il ne peut être mis fin aux armements provoqués par le premier de ces objectifs qu’en y substituant un moyen de sécurité plus efficace et plus avantageux ; à ceux provoqués par le deuxième objectif, qu’en assurant aux peuples le moyen de grandir et de se développer normalement sans recourir à la violence ; quant au brigandage international, il ne peut cesser qu’en le détruisant par des mesures de force. Ces observations dictent les solutions. Il ne faut pas supprimer les armées, qui ont leur fonction à remplir, mais il faut les transformer en subordonnant leur but et leur organisation à ceux de la Société des nations. Une fois proclamé un ordre international, c’est-à-dire un plan de vie internationale, un idéal de relations entre peuples, les conditions de vie et les moyens normaux de les acquérir, cet ordre devient la base du Droit et les armées doivent être placées à son service. De là une organisation basée sur les deux principes suivants : 1° des armées nationales de pure défense, imposées à tous les pays et aussi fortes que l’exigeront les circonstances, avec réduction de cette force à mesure que diminueront les dangers de l’attaque ; 2° une armée internationale formée de contingents fournis par les armées nationales et servant à maintenir dans leur véritable fonction les armées nationales, c’est-à-dire appuyant les forces de tous pays qui seraient attaqués, ou contraignant à une vie désormais honnête « les États malfaiteurs ».

L’Union mondiale doit, avoir pour premier objectif la sécurité des peuples et la délivrance du régime de terreur dans lequel ils vivent constamment à l’égard des agressions. Des mesures coordonnées peuvent seules atteindre un tel résultat Elles doivent porter sur l’ensemble de questions qu’on désigne par Paix armée, militarisme, nation armée, armée internationale. Envisager un de ces termes séparément des autres, c’est faire fausse route, et parler de tous en omettant l’ordre juridique international qui est à la base de toute réforme, c’est également faire dévier les questions.