Page:Otlet - Problèmes internationaux et la guerre.djvu/492

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aussi compliqués. Il est des conventions qu’on ne peut libeller en trois articles.

La quotité des forces des armées de terre peut être fixée : 1° d’après l’étendue et la vulnérabilité des frontières (situation géographique) ; 2° d’après le chiffre de la population de la nation ; 3° d’après la richesse économique et financière des puissances ; 4° d’après l’état antérieur de préparation militaire déjà acquise.

La limitation des armements peut donc porter sur un double accord : limitation en hommes, qui peut être établie en pourcentage de la population, avec éventuellement des maxima, ou en rapports respectifs d’une armée à l’autre, et limitation en argent, c’est-à-dire importance des budgets des armées proportionnelle soit à des chiffres donnés, soit au budget total. Défense pourrait être faite aux années de sortir des frontières. Une institution internationale serait chargée du contrôle de la convention des armements. Celle-ci porterait aussi sur la fabrication et l’exportation des armes de guerre, ayant été démontré par des scandales récents (Krupp, usines Poutiloff, etc.) que les industries privées agissent en cette matière comme agents provocateurs de guerre[1].

3. Cependant les objections sont pressantes, les points de vue contradictoires et la guerre actuelle a posé en termes nouveaux la question du désarmement.

a) Ne faut-il pas reconnaître franchement la nécessité actuelle de maintenir dans tous les pays les forces armées pour se protéger contre l’agression du dehors et contre la désintégration à l’intérieur ? Aussi longtemps qu’il existera dans le monde, une seule puissance de proie, les nations qui désarmeraient, s’exposeraient aux pires surprises. La paix doit être dans les esprits avant d’être dans les institutions. Après la paix, dit-on, il faut le craindre, l’Allemagne, victorieuse ou vaincue, armera à nouveau, mais plus colossalement. Son gouvernement dira au peuple que la guerre actuelle a démontré que les Allemands n’étaient pas encore suffisamment armés !

C’est pourquoi les mots doivent changer de signification avec les temps. Maintenant, au lieu de désarmement on doit dire : « la ruine définitive du militarisme prussien ». Cela signifie que l’on voit dans les armements le système et non la quantité de troupes : le système du militarisme ; que l’on reconnaît que c’est la conduite de l’Allemagne qui a été le point de départ de la situation actuelle. Mais le problème

  1. Sur la question du commerce des armes consulter Perris (Geo) Herbert, The War Traders. — Hugo Brentano, dans « Berliner Tageblatt », 12 novembre 1913, édition du matin, reproduit dans « La limitation des armements », publication de l’Union interparlementaire, p. 52. — Adolphe Richter, Le Palais de la Paix, 1913, p. 86 — E.-W. Hirst (rédacteur en chef de « l’Economist », de Londres : The six pannics (Exposé magistral).