Page:Otlet - Problèmes internationaux et la guerre.djvu/494

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la question tout entière des armements prend un autre aspect. Ce qu’elle peut présenter d’utopique prise isolément disparaît quand on la considère comme élément d’un ensemble de mesures destinées à organiser la Société des nations. D’autre part, si l’on attendait une première période où les bienfaits d’une organisation internationale auraient eu le temps de se produire, peu à peu les nations prendraient confiance les unes dans les autres et, éprouvant les avantages de l’ordre nouveau, une détente se produirait d’elle-même. N’ayant plus l’occasion de s’exercer, l’organe militaire s’atrophierait peu à peu, comme il est devenu énorme alors qu’avant la guerre croissaient les dangers internationaux. On a pu observer cela aux États-Unis. Les États qui composent l’Union n’ont pas été obligés de désarmer du jour où s’est formée la constitution, mais c’est plus tard qu’ils ont commencé à trouver plus utile de dépenser leur argent en améliorations intérieures, plutôt qu’à développer leurs petites armées et ils ont d’eux-mêmes volontairement commencé à désarmer. L’Association suisse pour le traité de paix durable (A. S. T. P. D.) exprime ainsi cette idée : « à l’entrée en vigueur du droit international ainsi développé correspondra une limitation progressive des armements. »

362. L’Armée internationale.


Comment établir une force armée internationale ? Trois systèmes peuvent être imaginés :

a) Une seule force internationale avec défense aux États d’avoir des armées. Aucun État n’y consentirait.
xxxxb) Chaque État a son armée et en outre il existe une armée internationale. Le coût serait énorme.
xxxxc) Chaque État a une armée qui peut être requise. Ce système est pratique. Le pouvoir international organiserait un État-major et des services centraux tenus à sa disposition, prêts à assurer en tout temps le contrôle des affaires internationales, et une flotte internationale sur des bases analogues serait le complément des mesures relatives à l’armée[1]. Il pourrait requérir, jusqu’à concurrence d’une certaine quotité, l’effectif de l’armée nationale réduite et s’en servir lui-même comme force de police internationale, tant pour assurer la sécurité et la tranquillité mondiale que pour obtenir l’exécution des décisions de la Cour suprême internationale et du Conseil international.

L’institution d’une armée internationale n’est pas en tous points

  1. Sur l’organisation d’une police internationale voir les études du Prof. C. van Vollenhoven intitulées De Eendrache van hec Recht, et dans le compte rendu du Congrès de la Paix. 1913. — Grotius, 1914, p. 144, mentionne les diverses études des pro et contra auxquelles cette proposition a donné lieu. La thèse et les opinions favorables ont été reproduites dans War obviated by an international police. A serie of essays written in various countries : The Hague, Nyhof (1915).