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une nouveauté. Il y a eu armée internationale chaque fois que des États alliés ont uni leurs forces militaires. Ce qui serait nouveau ce serait une armée « mondiale », faite de troupes de tous pays et agissant pour exécuter une mission « mondiale », prescrite par des institutions dûment qualifiées à cette fin. Dans les cas d’intervention que nous avons rappelés plus haut il y avait quelque chose d’approchant (armée internationale en Chine, démonstration concertée dans les Balkans, etc.). Quant à l’objection tirée des difficultés pratiques de mise en mouvement d’une armée composée de forces diverses, il suffit de considérer la cohésion d’armées distinctes qu’a su opérer l’unité de commandement dans la guerre actuelle. Les alliés ont aujourd’hui un véritable État-major international et les empires centraux aussi.


37. LES TERRITOIRES


L’organisation internationale doit régler plusieurs ordres de questions relatives au territoire : le régime des territoires appartenant à chaque État, la situation des parties de terre, d’eau et d’air déclarées domaine international, l’exterritorialité internationale des services de l’Union des États.

371. Garantie du territoire des États.


Il y a lieu de proclamer la garantie internationale à l’inviolabilité et à l’intégrité du territoire de tous les États, chacun d’eux devant être assuré de pouvoir exercer paisiblement sa juridiction sur lui, sous réserve des servitudes internationales et des limitations imposées par les lois mondiales. Une telle garantie générale, avec une organisation prévue d’avance pour la faire fonctionner automatiquement, peut seule désormais refréner les guerres de conquête. Elle seule aussi peut donner une sécurité effective aux États, fussent-ils déclarés neutres perpétuellement ou déclarés neutres pendant la guerre. La garantie donnée aux neutres perpétuels, par quelques États seulement, est reconnue notoirement insuffisante, car ces États pouvant être impliqués dans le conflit, comme il est advenu pendant la guerre actuelle, la violation de la neutralité par certains d’entre eux ne peut leur attirer aucun adversaire de plus, ni constituer dès lors une aggravation de leur situation militaire. La seule évolution logique de la neutralité est d’en faire le régime international normal pour tous les États.

Si les États se garantissaient mutuellement et solidairement leur territoire et si cette garantie était réelle et solide, la situation internationale offrirait La même sécurité que la situation nationale. Là les particuliers se garantissent mutuellement leurs propriétés à l’intermé-