Page:Otlet - Problèmes internationaux et la guerre.djvu/512

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constantes les uns avec les autres sur la base de l’échange : échanges économiques, échanges intellectuels, et donnant lieu à une incessante circulation d’êtres humains, de produits, d’idées. Les hommes, aussi, entrevoyant une amélioration continue de leurs conditions d’existence, développant parallèlement à leurs besoins les moyens d’y satisfaire et donnant lieu sans cesse à des types plus élevés de vie et d’outillage de la vie. Pour ce faire les hommes se sont réunis traditionnellement et historiquement en un nombre indéfini de groupements : familles, associations, cités, nations et États. Partout ces derniers ont grandi, absorbant et coordonnant les forces de l’intérieur, étendant leurs attributions et leurs services. — Il y a aujourd’hui 52 États dit souverains et indépendants, résultats des concentrations antérieures. Nous avons vu qu’en réalité l’Afrique et l’Océanie n’ont pas d’existence politique propre, que les Amériques tendent à s’organiser en une unité supérieure, que la Chine et le Japon tendent à en former une autre, et que l’Europe est divisée en deux groupes. Il faut donc considérer à cette heure le monde soumis à quatre grandes volontés collectives.

6. L’internationalisme, objet d’études et objectif d’action est une réalité bien définie. Il se fonde sur quatre ordres de faits et d’idées.

a) Nous voyons dans les facteurs qui ont produit la concentration des intérêts politiques du monde, dans les quatre grands groupements que nous venons de définir, un premier ensemble de faits qui fondent l’internationalisme. Ils ont en ce jour déterminé des conditions nouvelles dans l’économie, la culture, la politique et le droit ; ceux-ci en sont rendus méconnaissables et ont besoin d’une formulation nouvelle de leurs principes, d’une orientation nouvelle de leurs objectifs.

b) Tandis que la politique pure, entendu au sens de domination des partis, perdait chaque jour de son importance et de son intérêt à l’intérieur des nations et faisait une place grandissante aux questions économiques, sociales et intellectuelles, nous avons assisté à ce phénomène curieux que la politique extérieure, pratiquée comme une domination de peuples par d’autres peuples, a pris chaque jour plus d’importance. Entraînés par le vertige du besoin de puissance, les États, ou plus exactement, les groupes d’États tels que nous venons de les définir, n’ont plus guère été préoccupés, dans leurs relations mutuelles, que par le désir d’acquérir cette domination ou de se défendre contre elle. Toutes leurs activités ont été tendues vers cette direction et la concentration de leurs forces intérieures opérée dans ce but. — Ce fut le régime des armements, de la diplomatie, de l’équilibre, des alliances, de la paix armée. Le résultat est une heure unique dans l’histoire du monde, l’heure présente, où la vie de l’humanité tout entière est unifiée vers un même point, la guerre universelle. Dans l’ensemble de ces facteurs et des conditions extérieures à chaque État