Page:Otlet - Problèmes internationaux et la guerre.djvu/516

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litique, au sommet du cône, sera divisée elle aussi, en cercles concentriques, dont le plus central sera la Politique mondiale. Celle-ci couronne donc l’édifice de la Société. Les fils de toutes les relations verticales et horizontales y aboutissent comme à un centre supérieur tenant sons sa dépendance tous les centres secondaires. C’est vraiment un Cerveau, le « Cerveau du monde ». La hauteur dont nous avons voulu entreprendre l’ascension pour apercevoir tous les faits, elle est schématisée par ce cône-là, et les étapes de notre route, les plates-formes, avec points de mire et belvédères successifs, eu ont été les neuf étages. Il est donc exact de dire que nous sommes parvenus au point d’où l’entier panorama des faits et des idées peut se dérouler devant nos yeux.

5. La sociologie internationale possède un problème d’application pratique. Un cerveau en effet n’est pas seulement représentation ; il est aussi volonté. Du point central que nous avons ainsi reconnu dans la structure des sociétés peut s’exercer une action maximum. De là peuvent partir les commandements qui se transmettront de proche en proche à toutes les parties du corps social, c’est-à-dire à l’Humanité tout entière puisqu’il s’agit de Politique mondiale. On conçoit combien est important qu’à ce point règne l’ordre au lieu du désordre, l’organisation au lieu de l’anarchie. Cette guerre universelle c’est l’Humanité entrant en furie parce qu’au point le plus essentiel de sa vie, son nœud vital, a été porté « une atteinte provoquant le déséquilibre, la désorientation, l’incoordination, en un mot la « décéphalisation ». Le phénomène nouveau dans l’Histoire, celui qui doit entrer comme un fait inéluctable dans toutes les conceptions des politiques et des chefs d’États, des penseurs autant que des hommes d’action, c’est que désormais la société en est arrivée à un degré de développement et de concentration où existe un tel « nœud vital », unique pour toute l’Humanité. Remarquons que, de toute la série des êtres organisés, semblable nœud existe seulement chez l’homme et chez les espèces supérieures, derniers aboutissements d’une longue évolution. Aux stades inférieurs il n’existe qu’une pluralité de centres secondaires. (Ainsi chez les polypes, chez les vers de terre, que nous pouvons trancher en morceaux sans cesser de les faire vivre.)

La conséquence c’est que la Politique mondiale, sous peine de s’illusionner, de faire fausse route, doit reconnaître l’unité mondiale, ce fait, comme un axiome et agir en conformité. Organiser le centre où viennent aboutir toutes les catégories de relations est aujourd’hui son problème fondamental. Traduit dans le langage dont nous nous sommes servi constamment jusqu’ici cela veut dire : donner une organisation à la Société des Nations, considérée comme la communauté supérieure, embrassant tous tes peuples, tous les États, tous les groupements, tous les intérêts, c’est-à-dire toute l’Humanité.