Page:Otlet - Problèmes internationaux et la guerre.djvu/519

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que la politique générale gouverne l’armée et non pas l’armée la politique. — Moyens : réduction considérable et proportionnelle des armées et marines permanentes ; application de la grosse part des budgets de la guerre actuelle à l’amélioration du sort des classes laborieuses, à l’éducation, aux recherches scientifiques et aux travaux d’utilité publique ; une armée internationale formée de contingents nationaux, placée sous la direction d’un État-major central et chargée de la sécurité internationale conformément aux décisions de l’autorité internationale

Ces moyens divers de s’opposer aux causes de guerre, de conflit, et d’éviter le retour de l’immense cataclysme ne sont pas comme autant de palliatifs distincts, sans relations mutuelles, dont on puisse user les uns les autres. Ils se rattachent tous à un point central : organiser la Société des nations en créant une Union entre les États soumis à une loi et a une autorité communes ; réaliser cette organisation par une Constitution ou Charte mondiale : — faire de celle-ci l’œuvre essentielle du congrès qui réglera les suites de cette guerre et devra être une Constituante internationale.

Nous avons exposé la nécessité pour les peuples d’accepter, en échange de la sécurité, les sacrifices qu’imposent une communauté internationale douée de personnalité juridique et politique ; nous avons proposé les moyens pratiques pour doter cette communauté des organes collectifs qui lui sont indispensables. Notre exposé a été en réalité celui des conditions nouvelles de la société formulées par la sociologie, par l’économie, par le droit, par la politique internationale. Or une idée pratique commune les domine toutes : la nécessité d’organiser les choses en envisageant l’ensemble de l’humanité, c’est-à-dire tous les peuples et tous les territoires. Une structure mondiale doit être créée, assez large pour que le total des sociétés et le total des intérêts humains puissent y trouver place et y coexister avec toutes les garanties désirables. Puisque le temps est passé où l’on pouvait maintenir hommes et intérêts étroitement cantonnés dans les frontières de chaque État, puisque tous les hommes prétendent désormais à tous les biens, que la terre entière est devenue « le champ » de chacun d’eux, un seul point de vue reste capable de concilier les nécessités et les aspirations nationales dans ce qu’elles ont d’opposé et d’antagonique : le point de vue mondial, c’est ainsi qu’antérieurement dans l’histoire le point de vue national s’est trouvé être le seul assez large pour coordonner et les activités locales et régionales à l’intérieur d’un même État.

Vivre, mais laisser vivre ; accepter la limitation de son droit par le droit légal des autres ; défendre la liberté d’autrui aujourd’hui, pour que demain soit défendue la nôtre ; placer au sommet de la hiérarchie des intérêts ceux de l’humanité, reconnaissables à cela que tout homme,