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classer leurs idées et d’obtenir réponse aux interrogations qu’elles posent. De nos jours les principes sont incorporés dans les programmes des partis. Ceux-ci forment des doctrines d’action sociale qui, en s’élargissant, s’étendent à tous les domaines de la vie sociale.

205. Les sciences sociales et les problèmes actuels
de l’organisation internationale.


La sociologie, étant la synthèse des sciences sociales, il lui appartient de trouver la subordination et la synthèse des désidérata de l’heure présente impliqués dans les problèmes de la guerre. Grâce à elle, l’évolution spontanée vers l’organisation internationale peut devenir consciente et systématisée[1].

Le désordre persistera tant qu’il ne sera pas universellement acquis qu’il existe une science sociale et une science morale, tant qu’une connaissance positive de la nature humaine, des moyens de l’améliorer, ne sera pas répandue, non seulement en Europe mais dans le monde entier. Cette science consiste à voir les hommes tels qu’ils sont, c’est-à-dire envisager et satisfaire simultanément leurs besoins intellectuels, leurs besoins moraux et leurs besoins sociaux, inséparables de la satisfaction de leurs besoins matériels (Cora).

Les sciences sociales se sont formées en se tenant tout près des réalités de tous les jours. Fortes déjà de leurs premières conclusions elles ont réussi à s’affirmer dans les applications de la politique intérieure, donnant des bases solides aux lois, suggérant la création d’institutions économiques et sociales utiles aux masses, présidant à l’organisation consciente de tous les grands systèmes sociaux érigés depuis un siècle pour l’éducation des hommes et l’entretien de leur vie matérielle, intellectuelle et morale. Il appartient maintenant à ces mêmes disciplines d’aborder les problèmes des relations internationales et de leur organisation. Ces relations après tout ne sont pas d’une nature spécifiquement différente des relations nationales. Elles n’en diffèrent que par l’importance des unités en présence, car dans tous les agrégats sociaux, Famille, Commune, État ou Société des nations, se posent les mêmes problèmes d’interdépendance des forces, des besoins, des moyens d’y satisfaire, des idéologies qui déterminent les actions collectives.

Trois observations cependant sont à faire pour fixer les limites des sciences sociales et en préciser les difficultés.

Première difficulté : la science sociale n’est pas achevée. Que savons-nous déjà du processus intime des phénomènes sociologiques, sinon de grossières approximations : peut-être ce que l’on savait de la chi-

  1. On a pu dire avec raison, en une seule formule, que le monde est arrivé à un âge « d’objectivité générale, humaine, mondiale, scientifique ». (De allgemeenmenschelyke wereld — wetens chappelyke objektiviteit, van Embden.)