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21.
FACTEURS HISTORIQUES : L’ÉVOLUTION DE L’HUMANITÉ




Pour le dessein que nous nous sommes proposé, nous nous bornerons ici à caractériser la conception de l’Histoire Universelle et à rappeler quelques faits et quelques moments d’une telle histoire, répartis en trois séries : énumération, pour mémoire, des grands faits de l’histoire humaine jusqu’au seuil du XIXe siècle ; indication sommaire des grandes périodes de l’histoire internationale 1815 à 1915 et de leur enchaînement : chronologie des faits principaux se rattachant à cette histoire.

211. La Conception de l’Histoire Universelle.


L’espèce humaine poursuit son évolution au cours du temps. Toutes les générations s’enchaînent ; à chaque minute des êtres humains meurent que d’autres, en naissant, viennent remplacer dans le faisceau des survivants. Ils forment ainsi une continuité de vie collective. Les états sociaux s’engendrent les uns les autres ; leur succession fait du présent le résultat du passé et la préparation de l’avenir. L’Histoire les raconte et sa trame aussi est une, pourvu qu’elle sache se placer à un point de vue assez élevé, pour voir le continu à travers la division des événements, révolution de l’espèce entière dans l’évolution particulière de chaque peuple, et au-dessus des destinées de chaque groupe humain celles de l’Humanité,

Pour expliquer les caractères de notre civilisation, comprendre les problèmes fondamentaux qui se posent à elle, saisir entre autres l’antagonisme entre l’internationalité et la nationalité avant la guerre, il faudrait remonter les temps et exposer, dans ses grands traits tout au moins, la succession des événements dont la répercussion est venue jusqu’à nous. C’est l’œuvre, non pas de l’histoire dans tous ses détails, telles que la racontent les fastes de chaque peuple, ni de l’histoire additionnée de tous les pays qui narre une succession d’épisodes, ni même de l’« histoire générale » qui raconte les phases des relations entre certains groupes de peuples, mais c’est l’œuvre de l’Histoire universelle. Celle-ci considère l’ensemble de la race humaine et relate

    André Chevrillon donne cette conclusion à une étude magistrale sur l’Angleterre et son adaptation pendant la guerre (Revue de Paris, 1915).