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TITRE ET INDICATIONS EXTERNES

« Attendu que le droit de l’auteur n’est pas limité à la propriété littéraire de son œuvre, puisque ce titre l’individualise et permet de la distinguer des œuvres similaires. » (Tribunal de commerce de la Seine. Art moderne. 1907.)

4. Le Congrès international des éditeurs a demandé des droits de propriété exclusive des titres caractéristiques de livres.

Vœu n° 60. — « Il est désirable d’adopter un système d’enregistrement de tous les titres caractéristiques, système comportant le droit exclusif de se servir du titre pendant la durée du droit d’auteur. En Autriche, la protection des titres est réglée par l’article 22 de la loi sur les droits d’auteur. La jurisprudence des Chambres de commerce et d’industrie se prononce pour l’enregistrement comme marques. En conséquence, non seulement les titres, comme marques verbales, mais aussi en général les pages-titres peuvent être enregistrées par les Chambres de commerce et d’industrie en vertu de la loi sur les marques et modèles. »[1]

231.2 L’auteur.

L’auteur est la personne qui créé ou invente une œuvre, imaginative ou documentaire.

a) Sur les imprimés, le nom de l’auteur est placé sur la page titre ; dans les articles de revue ou de journal, il est souvent placé à la fin.

b) Dans les manuscrits anciens, il se trouve à la fin. Au moyen âge et à la renaissance, les auteurs latinisaient leur nom, ce qui a donné lieu à beaucoup de confusions dans le catalogage de leurs œuvres.

c) L’orthographe, surtout celui des noms propres, a été longtemps fantaisiste. Les prononciations locales y contribuaient largement. Ainsi Montarby ou Monterby.

d) Les ouvrages qui ne portent pas de noms d’auteur sont dits anonymes (sans noms).

L’usage qui consiste à supprimer les noms des auteurs a été appliqué très souvent aux œuvres de femmes. Et c’est là une clé pour les retrouver. Les auteurs masculins ont toujours été cités par les historiens, même quand on leur attribuait les ouvrages des autres, ou quand ils n’avaient peut-être jamais existé, comme Orphée, Pythagore, Zoroastre et tant d’autres.

Dans les Vers Dorés (p. 189), à propos d’un ouvrage, de Lysis dit : « S’il n’attacha pas son nom à cet ouvrage, c’est qu’à l’époque où il écrivait, l’ancien usage persistait encore de considérer les choses et non les individus.

Les disciples d’un grand homme n’avaient point d’autre nom que le sien. Tous leurs ouvrages lui étaient attribués. Ceci nous explique comment Vyasa aux Indes. Hermes en Égypte, Orphée en Grèce, ont été supposés les auteurs d’une telle multitude de livres que la vie de plusieurs hommes n’aurait pas même suffi pour les lire.

(Fabre d’Olivet.)

Dans le débordement de jalousie sexuelle de cette époque, on attribua à un homme créé par l’imagination des prêtres tous les ouvrages écrits antérieurement à lui par des femmes, dont les noms disparurent à jamais de l’Histoire. (Céline Renooz : L’ère de vérité, II, p. 448.)

e) Parfois des auteurs dissimulent leur véritable identité sous des noms empruntés ou imaginaires. Leurs ouvrages sont alors des pseudonymes.

Cette dissimulation de la personnalité a pour cause le désir d’une plus grande liberté d’expression ou le désir d’échapper à des représailles ou envie.

Il paraît fastidieux à certains d’employer toujours le même pseudonyme et leurs œuvres paraissent sous un très grand nombre de noms.

f) L’auteur joint souvent à son nom ses propres titres, qualités, notamment ceux de sa profession ou ceux de ses titres scientifiques qui forment son autorité quant à l’ouvrage. Parfois le nom de l’auteur est suivi de l’indication de son œuvre principale.[2]

g) Parfois l’auteur appose sa signature ou son paraphe sur les exemplaires de son œuvre.

On trouve souvent le portrait de l’auteur en tête des livres.

231.3 Date. Millésime.

a) En principe les ouvrages doivent être datés.

b) Dans les manuscrits la date est placée à la fin. Dans les ouvrages imprimés elle est ordinairement placée sous la page titre, parfois en forme « achevé d’imprimer », parfois auprès du nom de l’imprimeur.

c) Beaucoup d’œuvres ne sont pas datées, sont antidatées ou postdatées. La détermination de la date doit faire parfois l’objet d’études très nombreuses.

Ainsi, l’on débat depuis longtemps la date de la composition des huit livres de la Politique d’Aristote. Tantôt le Livre VIII est attribué aux débuts de la maturité d’Aristote, tantôt à ses dernières années.

d) Les Elzevirs n’ont daté que très peu de leurs ouvrages, peut être pour ne pas se compromettre aux yeux des puissants.

e) Des éditeurs prennent ou reprennent la mauvaise habitude de ne pas dater les livres qu’ils publient, de n’y inscrire aucun millésime. L’avantage commercial, c’est qu’ainsi un volume peut garder longtemps l’apparence d’une nouveauté. Mais c’est comme une supercherie, au détriment de la vérité, et cette supercherie est une source d’erreur, en bien des cas, pour les historiens et les critiques. Il est parfois de la plus grande importance de savoir si un ouvrage est antérieur ou postérieur à un

  1. Voir l’édition de la loi autrichienne commentée parle Dr Baron de Seiller, Vienne. Mauz 1904.
  2. Ex. : Truth of the War, by E. D. Morel, Author of…