Page:Otlet - Traité de documentation, 1934.djvu/115

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
112
231
LE LIVRE ET LE DOCUMENT


Il y a double titre quand il y a titre de la collection et titre de la monographie dans la collection.

Certains des titres portent mention détaillée du contenu. Ex :. Dictionary of Philosophy and Psychology including many of the principal conceptions of Ethics Logic, Aesthetics, Philosophy of religion and giving a terminology in English, French, German and Italian written by many hands and edited by James Mark Baldwin. P. H. D. Princeton.

Il y a titre précis lorsqu’aucun doute n’est possible sur le contenu. Ex. : L’Europe moins la France ?

Le faux-titre a notamment une raison d’être pour remplir une page blanche quand le titre est tiré sur un quarton (4 pages), après que le tirage du corps de l’ouvrage a déjà été fait. Le faux-titre a aussi l’utilité d’isoler la page titre des mentions du verso de la couverture. Ces utilités sont très contestables.

231.16 Titres curieux et indésirables.

a) Les titres des œuvres littéraires peuvent être fantaisistes ; leur fantaisie ou leur profondeur ont souvent un charme prenant. Mais les titres des travaux scientifiques ne sont pas toujours clairs. Ceux des instruments de travail devraient l’être. Qui sous le titre « Les Faux Amis de Derocquigny » découvrira un lexique de mots anglais généralement mal traduits en français. Le langage figuré n’est pas à sa place dans un titre. Il faut que quelqu’un ne connaissant pas le nom d’un ouvrage puisse en découvrir l’existence par le seul jeu de la logique. (Félix Boillot.)

Un titre curieux, énigmatique, c’est comme un mur derrière lequel il pourrait se passer quelque chose.

Le défaut d’esprit synthétique, universaliste, se remarque à propos du titre des livres. Les auteurs donnent des titres généraux au lieu de titres spéciaux, se figurant être seuls à traiter du sujet. C’est comme si, au point de vue des auteurs, on devait tout classer sous le mot « écrivains » : il n’y a plus moyen de s’y reconnaître.

b) Voici quelques exemples de titres inadéquats.[1]

« Un pape, un empereur, un roi ». (Il s’agit de l’examen des droits religieux du Tsar.)

« Di un libro molto prezoso en poco noto ». (Prof. C. Castellani, Rivista delle Bibliotteche, anno IV, vol. IV, P 33.)

« Le ver rongeur des sociétés modernes ».

« L’envers de la médaille ».

« Essai de solution philologique d’une question d’archéologie généralement réputée insoluble ».

« Pourquoi nous prononcer pour la négative ».

Dans certains recueils de brevets, une bière (cercueil) a été classée parmi les boissons et un orgue électrique (boîte de distribution de courant), ainsi dénommée par son inventeur, a été classée parmi les instruments de musique.

231.17 Place et forme du titre.

Deux hypothèses.

A. Le titre vient le premier, suivi du nom de l’auteur car : 1° on lit d’abord le titre puis l’auteur, aux étalages surtout ; 2° on obtient un titre plus net car entouré de plus de blanc.

B. Le titre après le nom car : 1° on économise le mot par, ce qui fait une ligne (il est vrai qu’elle compense le tiret après le nom en tête ; 2° le titre marque le nom d’une œuvre qui se présente d’une manière autonome. Un bijou, un tableau, un monument ne se signe pas « par ».

Des majuscules de même grandeur sont employées pour les mots du titre. Ceci par analogie avec les inscriptions romaines des monuments, mais c’est un fait qu’un long texte en capitales est difficile à lire. Rien n’accroche l’œil. Des capitales initiales plus grandes sont justifiées.

231.18 Les titres et les notices bibliographiques.

La description bibliographique du titre a donné lieu à ces questions : Droit de l’abréger — ou de le modifier pour le rectifier — ou de le développer pour l’expliquer dans les catalogues. (Discussion à la Société royale de Londres.)

D’autre part, le titre sert de base au classement de l’ouvrage. Un auteur a le droit de voir son livre figurer sous la rubrique de son titre et un bibliographe est à couvert si son classement correspond au titre, sans préjudice des notices classées secondairement aux réels sujets traités.

231.19 Régime juridique du titre.

1. La loi protège le titre comme le livre, mais cette protection est subordonnée à ce fait que le titre soit original et un titre composé.

2. Le titre d’un journal en France n’est protégé que s’il est dépose au Parquet et si la publication s’en suit. L’usage conserve le droit, le non usage l’éteint, mais un non usage définitif. Donc bien des publications peuvent cesser de paraître sans cesser d’exister, si leur propriétaire en publie un ou deux numéros dans l’année.

3. Une décision de justice a dit :

« Attendu qu’il n’est pas douteux qu’en choisissant le titre « Les Deux Gosses » et en se l’appropriant pour le faire servir à la dénomination de bandes cinématographiques qu’elle met en vente, la société défenderesse, encore que les vues qu’elle reproduit en public par le moyen de ces bandes n’aient aucun rapport avec l’ouvrage de M, Decourcelle, a cependant voulu profiter de la vogue qui s’attachait dans le public à ce titre ;

  1. Livres à titres bizarres. Revue des Bibliothèques et Archives de Belgique. 1906 (sept. déc. 492).