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CORPS DE L’OUVRAGE


Quantité d’ouvrages dont les suites ont etc annoncées (à suivre) n’ont jamais été continués ni achevés, souvent de par la volonté des auteurs qui ont changé d’opinion.

233.2 Notation des divisions.

La notation des divisions réalise un système pratique et précis.[1] Il sert à la consultation, à la référence et à la signalisation.

La notation des paragraphes peut tenir lieu de transition. Le lien peut être dans la pensée qui se suit et embrasse sans peine des objets divers parce qu’elle les rapporte tous à un objet supérieur parfaitement déterminé.

Espèces de notation. — L’indication des divisions peut se faire par une notation basée soit sur des chiffres, soit sur des lettres.

a) Les chiffres donnent lieu au numérotage, soit un numéro courant (numerus currens), soit un numéro décimal correspondant aux divisions de la Table des Matières (voir Tables de Matières).

Les chiffres sont des chiffres arabes ou des chiffres romains.

b) Les lettres donnent lieu à une littération (ex. : littera C, littera Cb). Les lettres sont majuscules, minuscules ou une combinaison des deux. Elles peuvent être latines ou grecques, ou une combinaison des lettres des deux alphabets. Ex. : Bγ

c) Il peut y avoir combinaison de chiffres et de lettres. Ex. : II Bγ

Numérotage. — Le numérotage est de création relativement récente. Ce n’a été qu’au XVIe siècle, dans l’édition de Du Moulin (Lyon 1554) et de Le Conte (Paris. 1556) qu’on a commencé à donner des numéros aux différents chapitres ou canons des distinctions et des causes des œuvres de Gratien. Pendant tout le moyen âge et souvent encore dans les temps modernes, on les a cités par le premier mot du canon.

C’est tardivement aussi qu’ont été numérotés les versets de la Bible. Dans l’usage, les chapitres des divers livres qui la composent sont indiqués conventionnellement par des chiffres romains et les versets par des chiffres arabes. Ex. : Mat. V. 1-8. Évangile selon Saint-Mathieu, chap. V, versets 1 à 8.

Les articles des codes, des lois, des conventions sont numérotés. Le Code civil français (code Napoléon) comporte 2,200 articles. Les lois de certains États sont elles-mêmes numérotées par année. On dira « Chapter 415 of the Laws of 1897 ».

Le numérotage des vers, éventuellement des lignes, est un moyen pratique pour les notes inframarginales ou en fin de texte.

Dans l’édition des classiques de Teubner, les vers sont numérotés de cinq en cinq.

Dans les Proceedings de la British Museum Commission de 1849, toutes les questions et toutes les réponses ont reçu un numéro d’ordre continu.

Le numérotage sera ou unique à travers toutes les parties d’un ouvrage ou recommençant. Parfois les suppléments édités plusieurs années après sont paginés et numérotés à la suite (ex. : Géographie des frères Alexis).

233.3 Ordre des matières dans le livre.

Un livre a une progression, une série, la raison qui procède à son enchaînement (la classification, l’ordonnancement, la logique). La question des ordres a été traitée à l’occasion des éléments intellectuels du livre.

La série échelonnée ou graduée comme dans les règnes animal et végétal est la forme la plus ordinaire aux ouvrages de raisonnement dans lesquels on procède par division et subdivisions du sujet.

L’ordre varie à l’infini d’après les auteurs, d’après les ouvrages et même d’après un même ouvrage quand il s’agit d’une œuvre constituant une collection. Ainsi S. Berger ne compte pas, pour l’Ancien Testament seulement, moins de 212 ordres différents, distribués en sept séries principales et il déclare expressément que cet ordre pouvait être augmenté. Pour le Nouveau Testament, il signale 38 ordres.

233.4 Rubrication.

Les divisions reçoivent leur dénomination (titre, intitulé, rubriques). Les rubriques facilitent énormément la lecture et les recherches. Si les divisions circonscrivent nettement le sujet traité, les rubriques concentrent la pensée sur leur objet principal. Bien rubriquer un document est tout un art. L’auteur qui s’impose de le faire voit s’améliorer son exposé, car le fait seul d’avoir à exprimer des rubriques adéquates, claires et se succédant en série, oblige à préciser quel est l’objet d’un paragraphe ou d’une section et à mûrement réfléchir à l’ordre du plan d’exposés.

Autrefois, il y avait un spécialiste, le « rubricateur » ou enlumineur qui traçait sur les livres les rubriques.

La rubrication des lois et des ordres du jour de congrès et assemblées législatives fournit ample matière expérimentale à une technique de la Rubrication.[2]

  1. Sur la numérotation en général, voir ce qui en est dit sous « classification » et sous « administration ».
  2. Dans sa « Somme des connaissances humaines », Élie Blanc s’exprime ainsi : « Les articles sont numérotés de 1 à 10, 000 et chaque volume en comprendra 100 exactement, ce qui simplifiera extrêmement les renvois et les recherches. Plusieurs articles de moindre importance pourront être réunis sous un même numéro d’ordre. Ils seront désignés distinctement s’il y a lieu, par des décimales. La numérotation adoptée peut donc satisfaire à tous les développements ultérieurs et à toutes les exigences. Chaque article, s’il est étendu, sera précédé d’un sommaire dont chaque partie sera développée dans un paragraphe distinct. »