Page:Otlet - Traité de documentation, 1934.djvu/131

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
128
241
LE LIVRE ET LE DOCUMENT

En Angleterre, les Smith sont les grands éditeurs de brochures à raison de leurs bibliothèques de gare. Pendant la guerre, ils publiaient peu. Leur objectif était exclusivement mercantile, ils faisaient paraître ce que le public demandait et non ce pour quoi une préparation du public était nécessaire.

Des concours sont parfois organisés pour l’établissement des meilleures brochures. Ainsi « L’Émulation agricole » organisa en 1908 un concours pour la rédaction de monographies contre l’abandon des campagnes. 787 monographies furent présentées.

2. Monographie.

a) C’est la description d’un sujet, complète et à tous points de vue. C’est la mise en valeur de tous les documents, de tous les éléments d’information se rapportant à un sujet unique et limité de manière à en composer un portrait qui soit l’exacte ressemblance du modèle.[1]

On ne peut plus guère publier que des matériaux et il faut des laboratoires pour les élaborer. D’où le principe de la publication en éléments pouvant se réunir, formant une collection et le principe de répertoire sur fiches ou feuilles destinés à ordonner ces éléments en collections.

Une monographie en réunissant tout ce qui concerne un sujet est un travail d’analyse et de synthèse bibliographiques.

b) Il y a des collections de monographies et des monographies publiées selon des plans systématiques.[2]

c) Au degré le plus simple un document est une description qui peut elle-même être ramenée à une définition[3] ; plus simplement encore la définition est remplacée par le défini : le nom (mot, terme). L’énumération, le catalogue et le dictionnaire sont des collections de descriptions ou de noms.

La description, base essentielle de la monographie, est aussi un élément des divers types de publication.

Les descriptions des objets des sciences doivent être de plus en plus précises. Elles visent soit les caractères qu’il n’est pas possible de mesurer, soit la détermination des caractéristiques numériques (caractérisation).

La question des descriptions est liée à celle des signalements[4].

En sciences naturelles, les descriptions se font conformément à des méthodes devenues habituelles.

Constamment les descriptions y sont renouvelées. Or de nouvelles espèces doivent être décrites. De là des refontes, des rééditions. Chaque espèce reçoit une « diagnose » suffisante et une figure qui mette en lumière ses caractères fondamentaux. Les dimensions sont exprimées suivant leur nature en mètres, millimètres ou microns (millièmes de millimètre) représentés par les lettres m, mm ou pi. Les descriptions dans certains ouvrages de sciences naturelles sont précédés de tables dichotomiques. (Ex. S. Garman, The Plagiostoma. Cambridge (Harvard) 1913.)

Dans les descriptions des objets, il faut des conventions pour désigner les positions décrites. Ainsi dans les descriptions anatomiques, l’animal est supposé placé verticalement, la tête en haut, la face ventrale en avant. Les termes haut, bas, avant, arrière ont donc les significations qu’implique cette orientation. Les termes droite et gauche s’appliquent toujours à l’animal décrit sans tenir compte de la position de l’observateur.

b) Le Congrès international de Navigation a demandé l’étude d’un formulaire clair, court, mais cependant suffisamment complet qui renfermerait les renseignements nécessaires pour définir les caractéristiques de chaque rivière, étudiée au double point de vue de son régime et des besoins de la navigation.[5]

c) Les mêmes considérations qui justifient la classification universelle et l’unification des formats conduisent directement au principe de la publication sous forme de monographie, c’est-à-dire d’éléments intellectuels unitaires, séparés, distinctement substitués aux recueils polygraphiques ou tout au moins prenant place à côté d’eux. Il est désirable dans chaque science d’en arriver par entente internationale à un système de caractéristiques minimum à exiger pour une description scientifique (diagnose).

3. Essai.

C’est la composition concrète, généralement en prose, de caractère critique ou philosophique, sur une question bien délimitée et sans caractère dogmatique. On possède les œuvres d’essayistes célèbres : Montaigne, Francis Bacon, Charles Lamb, de Guincey, Carlyle, Macaulay, Addison, Emerson, Sainte Beuve, Anatole France, Jules Lemaître. Paul Bourget, Émile Faguet.

H. Spencer a défini ainsi l’essai, « Au cours des années employées par moi à écrire diverses œuvres systématiques, de temps en temps ont surgi dans mon esprit des idées qui ne se prêtaient pas à entrer dans celles-ci. Beaucoup

  1. a) Mascarel. Monographie des communes et des paroisses.

    b) Michel Edmond. — Monographie d’un canton type : topographie, géologie, mœurs et coutumes, groupements sociaux. 1911, un vol. avec cartogrammes, graphiques et similigravures. 12 fr.

  2. Les monographies des systèmes scolaires d’une cinquantaine de pays et les descriptions du développement, année par année, de certaine d’entr’eux, publié dans l’Educational Yearbook (1924-1928).
  3. Liard. Louis. — Définition géométrique et définition empirique.
  4. Ed. Jacky. — Traité de signalement des animaux domestiques. Nomenclature descriptive des expressions employées dans le signalement. Avec un tableau de l’âge des animaux domestiques d’après la dentition (fr. 1.50).
  5. Voir rapport Μ. V. E. Timmof. — Bulletin de l’Association internationale permanente des Congrès de Navigation. Janvier 1930, p. 65.