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DOCUMENTS BIBLIOGRAPHIQUES

b) Le périodique a des rapports avec le traité exposant la manière similaire. La liaison est désirable : en faisant dans le périodique des références constantes au traité ; en faisant du périodique un substitut du traité ; en s’efforçant alors d’indexer en détail chaque partie, de se référer constamment de l’un à l’autre, d’établir des tables systématiques détaillées.

c) Les traités sont mis en rapport avec les Annuaires bibliographiques (revues critiques), les Centralblätter (listes bibliographiques). Ex. : Paleontographica : Beiträge zur Nnturgeschichten der Vorzeit. Neues Jahrbuch für Minéralogie, Géologie und Paleontologie.

d) L’alternative se présente entre des traités trop vastes ou trop anciens, où l’on risque de se perdre, et thèses, brochures, articles de revues où la science se trouve disséminée et émiettée.

e) Les revues permettent la publication de travaux de détail, de minces découvertes à qui l’on n’aurait pu faire les honneurs coûteux d’un livre ; les bibliographies tiennent les travailleurs au courant de l’état de la science ; les comptes rendus critiques relèvent les erreurs.

f) On distingue par gradation, d’après le caractère d’achèvement des travaux : 1° les simples notes ou articles dans un journal ; 2° les mémoires ; 3° les ouvrages ; 4° ce qu’on appelle « un livre », nom qui s’applique à une composition sur un sujet bien délimité, dans laquelle on suit une marche logique, pour en tirer des conséquences au moyen d’idées neuves ou de faits en grande partie nouveaux.

g) Il est des ouvrages qui sont simplement composés de deux sortes d’ouvrages, fragmentés et juxtaposés. Par ex. : certaines Zoologies, certaines Anatomies comparées. Les descriptions des espèces zoologiques et botaniques se trouvent éparses dans un grand nombre de périodiques et dix mémoires spéciaux qu’il faut compulser et consulter pour toute détermination. On y parvient par des listes de revision, des catalogues ou répertoires régionaux, des ouvrages d’ensemble publiant des descriptions. On a en zoologie de travaux, dont le cadre est zoo-géographique (monographies d’espèces, des lieux et autres déterminants ex. Pellegrin : Les poissons du bassin du Tchad, Paris 1914) et d’autres dont le cadre est précisément zoologique. Ils consistent en une monographie complète de toutes les espèces connues d’un groupe naturel important. D’autres ont un cadre biologique (vie fonctionnelle).

h) On fait des documents sur des documents, sur des documents de documents, et ainsi de suite sans limitation. Les livres donnent lieu à des bibliographies, puis à des bibliographies de bibliographies, à des bibliographies des bibliographies de bibliographies. D’une œuvre on fait la critique, puis la critique de la critique.[1]

i) Pour capter l’attention l’image est plus efficace que le texte ; la maquette supérieure à la photographie ; l’appareil en mouvement surtout de plus haut intérêt que l’immobile.

240.5 Espèces, cycle bibliologique et types d’exposé.

a) La classification par espèces de livres et documente intervient à tous les stades du cycle bibliologique ; quant à la production, il y a des auteurs, des imprimeurs, des éditeurs spécialisés (par ex. pour le périodique, pour le dictionnaire) ; quant à la distribution : des librairies spécialisées (ex. : Librairie des dictionnaires) ; quant à la conservation : catalogue, collection, organisme (ex. : les ouvrages d’ensemble sont classés dans la Bibliothèque des références, les périodiques dans les Hémérothèques) ; quant à l’utilisation : genre de lecteurs ; quant à l’organisation : règles et plans spéciaux.

b) D’autre part, les diverses espèces d’œuvres étant intimement liées à des modes fondamentaux d’exposé, dans un but de simplification on a traité éventuellement de ceux-ci à l’occasion de certaines espèces.

241 Documents dits bibliographiques.

241.1 Œuvres spécialisées.

On a trois sortes de travaux : des travaux particuliers (analyse, monographie) ; des travaux généraux (synthèse, théorie) ; des travaux documentaires, englobant tous les faits particuliers et les ordonnant synthétiquement.

Quatre types caractéristiques d’ouvrages spécialisés sont à distinguer : 1° la brochure, le pamphlet, le petit écrit ; 2° la monographie proprement dite, brève ou étendue ; 3° l’essai ; 4° le livre proprement dit, de proportion limitée, distinct du traité et de l’encyclopédie.

1. Brochure.

Ce terme s’applique au caractère matériel de l’écrit : c’est un écrit de peu d’étendue comparé au livre. Le journal et la revue ont enlevé de son importance à la brochure. Mais pour la propagande, les tracts clairs, courts et suggestifs, sont fort précieux.

Voltaire fit clair, court et vif. Plus de grande ouvrages. De petits in-12o, des brochures de quelques feuilles. « Jamais, disait-il en pensant à l’Encyclopédie, vingt volumes in-folio ne feront de révolution : ce sont les petits livres portatifs à vingt sous qui sont à craindre. Si l’Évangile devait coûter 1200 sesterces, jamais la religion chrétienne ne se serait établie. »

La brochure n’a pas la même vie dans chaque pays. Elle tend à être vendue avec les journaux plutôt qu’avec les livres. Une devanture représente une valeur ; l’occuper par une brochure de faible prix, c’est immobiliser pour peu d’avantages une place trop considérable.

  1. Augustus Rolle, A History of Shakespearian Criticism, Oxford University Press, 1932.