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DOCUMENTS BIBLIOGRAPHIQUES

3o des conclusions générales de l’extension possible de la science envisagée, les possibilités d’évolution des théories et des principes ; enfin les principaux problèmes qui restent à résoudre et perfectionnements à réaliser.

La collection des « Manuels Hœpli » comprenait dès 1906 plus de 900 volumes. Cette collection forme la plus vaste encyclopédie des sciences, des lettres et des arts ayant paru en Italie. Les manuels portent sur toutes les branches. Leur prix varie de fr. 1.50 à 12 fr.

On a appelé « encyclopédie » une collection de traités sur les branches des sciences humaines ou sur toutes les branches d’une science complexe.

241.214 MÉTHODES. DESIDERATA.

Une méthodologie du traité se dégage progressivement de l’expérience. Plusieurs auteurs dans leur introduction en ont formulé certains principes.[1] Des observations, recommandations, desiderata sont à formuler à ce sujet.

a) Le traité doit être concis. Dire beaucoup de choses en peu de mots, tel est l’idéal du bon traité. Mais la concision ne saurait être au détriment ni de la précision, de la clarté, ni de la complétude.

Il doit résumer la multiplicité des faits et les découvertes quotidiennes. Le but est de dégager des milliers de monographies des « contributions » entassées sur les rayons des bibliothèques, les résultats positifs et les vues générales qu’il semble permis désormais de considérer comme assurés. C’est utile ne fut-ce que pour marquer plus nettement sur la carte les frontières des terræ incognitæ.

Le traité résume à l’usage des débutants tous les travaux antérieurs de manière à leur rendre l’étude plus aisée et à leur fournir sur toutes les recherches qu’il leur plairait d’entreprendre un point de départ et une méthode.

Ils ne doivent pas être aussi complets que possible, mais l’auteur doit se préoccuper de ne jamais laisser le lecteur sans aucun renseignement sur un sujet. Les détails sont l’affaire des ouvrages plus spéciaux.

b) Le traité doit être complet ; il doit être l’exposé de toutes les matières de la science à laquelle il est consacré.

Il y a lieu d’envisager le traité le plus complet et en tirer ensuite des types moins complets, soit qu’on y omette des parties, soit qu’on en résume d’autres.

En principe, il y a donc des traités de type élémentaire (minimum), moyen, supérieur (maximum).

Des procédés typographiques peuvent faire distinguer les degrés de l’exposé. Par ex. dans le sommaire et dans le corps même des chapitres, les idées et les faits de première importance sont imprimés en caractères gras qui attirent l’œil. (Ex. ; Cours d’histoire : Ch. Guignebert, L’Europe et le moyen âge, de Dupont Ferrière).

Chaque paragraphe du texte est résumé en une phrase liminaire composée en caractères gras. (Ex. ; Résumé aide-mémoire d’histoire de la littérature française de De Plinval.)

c) Le traité doit faire application des formes bibliologiques les plus avancées. Tout ce qui a été dit des parties et de la structure du livre se retrouve ici. Un traité en fait est la réunion on une superstructure bibliologique de divers éléments structurés plus simples. (Par ex. : le chapitrage, les notes historiques et autres, les tables, la bibliographie, les illustrations, etc.)

Ainsi les idées générales qui dominent chaque science comme prémisses ou comme conclusion, les lois qu’elle établit, les grandes séries de faits et les formules qui les résument, sont exposées dans des paragraphes dont chacun porte un numéro d’ordre et se complète par une suite de notes imprimées en caractères plus fins. Dans ces notes sont indiquées les idées d’une importance secondaire et les applications particulières de chaque loi ; les assertions sommaires sont justifiées par des renvois aux ouvrages spéciaux d’où elles ont été tirées ; parfois même les plus importants des textes que l’auteur a visé sont transcrits en entier. Par là, le lecteur est ou dispensé de recourir aux sources ou mis à même de savoir auxquelles il doit s’adresser aux plus riches et aux plus privés.

d) Le traité doit être coordonné, il doit être synthétique. Les propositions les plus importantes sont à présenter dans l’ordre optimum de leur enchaînement. Beaucoup d’auteurs, pris de court par le temps, se bornent à reproduire comme chapitre d’un livre des études particulières parues en articles dans les revues ou présentées dans les congrès. C’est un avantage de posséder en un même recueil l’ensemble de leurs pensées, mais ce serait un avantage plus grand s’ils s’astreignaient — travail long, méticuleux et difficile — de reformer leurs divers écrits sur une matière en un seul qui se présenterait dans l’unité de son corps d’idée et de sa forme d’expression.

e) Le traité doit être systématique. La rédaction alphabétique est la plus éloignée de toutes des principes de la classification naturelle. Il faut dès lors, chercher à donner à la rédaction systématique tous les avantages de la recherche systématique. (Voir ce qui a été dit sous le no 224. Exposés systématiques.)

La méthode de découverte n’est pas forcément celle qui convient à l’exposé des résultats acquis. En fait cet exposé se fait de deux façons s’il s’agit de toute une science : sous forme de dictionnaire ou sous forme de traité.

Dans le dictionnaire on expose à chaque mot ce que l’on sait de l’objet correspondant en utilisant toutes les

  1. Yves Delage : « Sur la manière d’écrire dans les sciences naturelles. Préface d’un mémoire sur l’Embryogénie des éponges ». In : Arch. de zoologie expérimentale et générale. 2e série, t. X, 1892. Voir aussi la préface et l’avis au lecteur du traité de zoologie concrète du même auteur.