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LE LIVRE ET LE DOCUMENT

de l’Institut International de Bibliographie et du Musée de la Presse.

4. Concentration des périodiques : devant le nombre considérable de périodiques, nombre qui s’accroît de jour en jour, on doit se demander s’il est nécessaire qu’il y ait tant de périodiques scientifiques. Il serait désirable de voir réaliser plus de concentrations dans les périodiques, des fusions, des simplifications, des cartels. La transformation des périodiques dans de telles directions s’imposera au triple point de vue scientifique, technique et financier.

5. Le périodique dans les bibliothèques : Le périodique a conquis sa place dans les bibliothèques. Entré modestement chez elles, il y a plusieurs décades, il y occupe maintenant une place grandissante, au point qu’en certaines il a fait l’objet d’un département spécial. La Bibliothèque Royale de Belgique possède maintenant 4,000 périodiques divers dans la salle publique ; environ 1,500 dans ses réserves, en tout environ 10,000 avec les collections non continuées. Le budget annuel est de 200,000 francs belges. On prépare en ce moment la nouvelle salle qui sera affectée aux périodiques dans la Bibliothèque Nationale de Paris.

La John Crerar Library reçoit 4,168 périodiques courants et 17,000 autres suites comme des rapports annuels et des parties de livres publiées en séries. 11,000 collections de périodiques scientifiques et techniques sont remis au « Science Museum » à Londres.

6. Association et Congrès de Presse Périodique. — Dans de nombreux pays existent des associations autonomes et distinctes s’occupant de presse périodique. Ainsi en Belgique la déjà très ancienne Union de la Presse Périodique. Dans d’autres pays, la Presse périodique et quotidienne sont confondues en un seul organisme de défense et de représentation. Dans certaine pays même la Presse périodique n’est pas dégagée des associations d’éditeurs. Par contre, là où l’évolution différentielle est plus accentuée, on trouve des associations de Presse périodique spécialisées, et là où l’esprit d’entente et de coopération est insuffisamment développé, on trouve sous des noms différents plusieurs associations en concurrence et rivalité. Au delà des Associations Internationales ont été constituées avec leurs Congrès internationaux (Association, Fédération). Il y a le Congrès, tout général, de la Presse périodique et celui spécialisé de la Presse Périodique Technique.

241.32 Journaux.
241.321 NOTION.

a) Le Journal a été défini pur Hatin : « Tous les écrits quels que soient le mode et l’époque de leurs publications successives qui, par leur titre, leur plan et leur esprit, forment un ensemble et un tout ».[1]

Le journal est une publication qui paraît tous les jours et qui, à raison de son grand tirage et des ressources indirectes qu’il peut en acquérir, est vendu dans des conditions de particulier bon marché. Le journal est le miroir universel de la vie contemporaine ; il peut en être la critique. Le journalisme est devenu à la fois une science et un art. Un journal est un moyen de mise en commun des idées.

« La Presse est le clairon qui sonne la diane des peuples. » — (Victor Hugo, La légende des siècles.)

Le nom de gazette (gazetta, petite pièce de monnaie de la valeur de deux liards, que l’on payait pour lire cette feuille) a été réservé jusqu’en ces derniers temps pour désigner les feuilles politiques. La dénomination de Journal, qui a prévalu plus tard, fut d’abord réservée aux recueils littéraires et scientifiques.

L’étymologie du mot gazette est instructive. Dès 1563, les Vénitiens achetaient au prix d’une gazetta, petite pièce de monnaie, les Notizie scritte, sorte de journal manuscrit, dont l’impression était prohibée. De là le nom de gazette, devenu synonyme de journal. Quant à la Gazette de France, encouragée par Richelieu, qui y faisait insérer des pièces plus ou moins officielles, elle s’appela d’abord le Bureau d’adresse. Ce fut au XVIIIe siècle qu’elle prit le nom de Gazette, auquel furent ajoutés plus tard les mots : de France. Comme elle était soumise à des censures plus ou moins sévères, il y eut, à différentes reprises, des gazettes à la main, c’est-à-dire manuscrites, qu’on distribuait sous le manteau.

b) Il est un aspect tout grandissant du journal. C’est bien lui qui raconte la vie au jour le jour, la vie publique, et ce que, de la vie privée, il rend public. Or il est du Monde un grand théâtre « Theatrum Mundi ». Une pièce immense, aux multiples personnages, aux scènes compliquées, aux épisodes infinis. Le journal raconte cette grande pièce. Aux heures où le drame s’intensifie, où il devient tragédie, comédie, épopée, la lecture de la feuille quotidienne devient passionnée. Il n’y a alors si palpitant feuilleton que la simple succession des dépêches reçues de toutes les capitales. Les journaux dans leur ensemble constituent les pièces les plus précieuses, les plus authen-

  1. Hatin. — Bibliographie historique et critique de la Presse française. Précédé d’un essai historique et statistique sur la naissance et le progrès de la presse périodique dans les deux mondes. Paris, Didot 1866. — La Tribune de Londres a donné cette définition : « A great London daily Journal is something more than a purveyor of news, however important that element of its activities may be. It is a mirror of the life and thought of its time ; an open platform for the ventilation of Political and Social grievances, and the advocacy of reform : an instrument by means of which Public Opinion may be instructed, guided and made effective. »