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BIBLIOMÉTRIE

l’histoire de la production du livre sont encore une partie de la science des livres. Pour le spécialiste de quelque partie de la science, la Bibliographie désigne toutes sortes de listes de livres ; pour le bibliothécaire elle comprend le collectionnement, le soin et l’administration des livres dans les bibliothèques (Hoosen).

b) Le radical gramma a donné lieu autrefois à (–––––) ligne ; c’est un terme de géométrie. Grammæ, arum f. pl. (au lieu de grammata), lettre, caractères. Gramatica (/) et grammatice (–––––) grammaire, la science grammaticale. Pour Ciceron la grammaire comprend l’interprétation des mots Grammaticus, Homme de lettres, littérateur, savant, érudit, critique, philologue ; Grammatophorus, Messager (porteur d’un écrit) ; Grammatophylacium, Archives ; Graphice, art du dessin, Graphion, dessin, plan, esquisse et l’art de lever des plans, graphium style, poinçon (pour écrire sur la cire).

Dans les temps modernes, le radical Gramme a formé télégramme, diagramme, cinégramme, barogramme et pourrait former photogramme. Des documents qui exposent le sujet selon l’ordre des choses, du lieu ou du temps, pourraient se dire « ontogramme », « topogramme », « chronogramme ».

7. Il y a lieu de construire la terminologie à partir du mot Document, plus général que Livre ou Biblion ; ce changement de radical est justifié : 1o par les motifs qui ont fait admettre le mot Document, Documentation. 2o par le retard des pratiques du monde du livre qui n’ayant pas évolué assez rapidement, a laissé se créer toute une nomenclature à part pour des objets et notions dont il s’est désintéressé au début.

Les branches nouvelles que le mot livre n’a pas couvertes sont : a) les documents mêmes : estampes, pièces d’archives, documents d’administration, disques, photographies, films, clichés à projection ; b) les collections constituées de documents : cartothèque, hémérothèque, périodicothèque, discothèque, filmothèque ; c) le matériel spécial : fiches, rayons, casiers, classeurs, dossiers, fichiers, répertoires.

La série de base du Radical : Document serait donc : Document (substantif) L’objet (signe + support). — Documentation (substantif) Action de documenter et ensemble de documents. — Documentaliste (substantif) ou Documenteur (substantif, même désinence que docteur) : la personne, les techniciens de la Documentation. — Documenter. L’action de faire usage du document. — Documentaire (adjectif) qui est relatif à la documentation. — Documentatoire : qui remplit la qualité d’être une suffisante documentation. — Documentorium ou Documentothèque, Institut de Documentation. — Documento-technique : Technique de la documentation.

8. Le problème de la Terminologie de la Documentation a été discuté à la XIe Conférence Internationale de l’Ι. I. B. (I. I. D.), à Francfort. Rapports Gérard, Dupuy, Ledoux, Otlet (Voir les Actes).

En ce qui concerne la Terminologie Technique, les dix dernières années ont vu des avancements révolutionnaires. Ce qui exigeait autrefois de longues périphrases (trois ou quatre mots), a fini par pouvoir s’exprimer en un tout. Le « Pitman’s Technical Dictionary », traite maintenant de 60.000 à 70.000 choses distinctes.

124 Le Livre et la Mesure. Bibliométrie.

124.1 Notions.

1. En tout ordre de connaissance, la mesure est une forme supérieure que prend la connaissance. Il y a lieu de constituer en un ensemble coordonné les mesures relatives au livre et au document, la Bibliométrie.

2. Les mesures sont celles relatives aux objets, aux phénomènes ou faits, aux relations ou lois. Elle concerne le particulier (métrie proprement dite) ou les ensembles (statistique) ; elle concerne ce qui est ou ce qui devrait être (unité et standardisation).

Les mesures des rapports principaux considérées par une science prennent la forme d’indices. (Par exemple les géographes considérant les rapports de l’eau pluviale et des territoires ont créé l’indice d’aridité).

3. Les données acquises de la métrie en général, de la Sociométrie en particulier sont à prendre en considération pour réaliser la Bibliométrie.

L’adage « omnia in mensura », tout dans la mesure, est devenu l’idée directive de toutes les sciences qui tendent à passer du stade qualitatif au stade quantitatif. Le passage est désormais accompli pour les sciences astronomiques et physiologiques.

Les sciences biologiques ou bio-psychologiques s’efforcent de joindre à la description minutieuse la mesure aussi exacte que possible. La fréquence de la répétition d’un type permet une mesure indirecte la vitalité de l’espèce végétale ou animale ; la longueur, la portée des organes, leur diamètre, leur poids, la variabilité des caractères essentiels permettent de nouvelles précisions. L’anthropologie bénéficie de l’établissement de corrélations et de coefficients ; l’anthropométrie a aidé la criminologie. La psychologie est entrée à son tour dans la voie des mesures multiples, indirectes, grâce aux corrélations psychologiques laborieusement établies. La sociologie tend aussi à devenir quantitative. Elle opère sur des groupes et les groupes sont susceptibles de dénombrements, dont la statistique établit les méthodes et enregistre les résultats. Les choses du livre ne sont guère mesurées, ni dans leur réalité objective et matérielle, ni dans leur