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DOCUMENTS BIBLIOGRAPHIQUES

de Cologne, autrefois L’Indépendance d’Outremer, la Kölnische Zeitung Wochensausgabe.

g) Il y a un service de découpure de presse dans toutes les grandes administrations publiques et privées. Des agences de découpures de journaux se sont constituées (type : Argus de la Presse), moyennant payement par découpure elles envoient au jour le jour tous les extraits de presse concernant une question ou une personne. Ces agences ont de nombreux lecteurs qui parcourent les journaux les ciseaux à la main, après s’être mis en mémoire, d’après des listes dressées et tenues à jour, tous les sujets qui intéressent les abonnés. Les hommes politiques, les artistes, les personnes en vue sont désireux de connaître ce qu’a dit d’eux la presse. C’est elle qui fait la notoriété (ce qu’on appelait autrefois la gloire).

Les bureaux d’un grand journal constituent des centres de documentation très importants. Ils reçoivent une grande correspondance, et des inconnus lui envoient quantité de documents. Il est désirable que cette documentation, susceptible d’améliorer considérablement la valeur des nouvelles publiées, soient organisées et les méthodes générales de classement et de catalogage trouvent ici leur application.

h) Les journaux sont précieux à conserver. La France, dit le bibliophile Jacob, ne conserve pas les journaux, qui sont pourtant les meilleurs instruments de l’histoire d’une époque, à quelque point de vue qu’on la veuille étudier. Ces pauvres journaux s’en vont tristement au néant, à l’oubli et plus tard, demain peut-être, on les payera au poids de l’or. Ce sont les oracles de la Sybille écrits sur des feuilles de chêne ; n’est-il pas étonnant que notre XIXe siècle laisse s’anéantir chez la beurrière et chez l’épicier les pièces les plus précieuses, les plus authentiques de l’esprit national.

i) La conservation des journaux soulève quatre questions différentes : 1° sous quelle forme présenter les journaux quotidiens dans les bibliothèques publiques et aussi dans les grands cercles ?  ; 2° comment conserver des collections complètes de certains journaux (Hémérothèques) ; 3° comment constituer des archives de la presse comprenant des exemplaires types de tous les journaux (Musée de la Presse) ; 4° comment utiliser les journaux sous forme de découpures (Encyclopédie documentaire).

j) Tous les journaux du pays dans la bibliothèque nationale, quelques grands quotidiens et les journaux locaux dans les autres, au moins un journal source de faits et de l’histoire contemporaine dans toute bibliothèque. On relie les journaux en fin de trimestre. Ceux de consultation courante sont collés sur onglets et reliés au jour le jour. Les numéros dépareillés de plusieurs journaux que l’on désire conserver font l’objet de recueils factices où les numéros de plusieurs organes sont classés par ordre de date.

La Bibliothèque Nationale de Paris possède une collection complète des journaux parisiens La Library of Congress de Washington possède des collections considérables.

Dans certaines bibliothèques anglaises, les journaux sont affichés. Ils se lisent debout devant des pupitres. Les journaux les plus répandus comme le Daily Mail, le Telegraph, le Times sont affichés à deux ou même trois exemplaires, de façon que plusieurs lecteurs puissent les compulser à la fois.

La Bibliothèque doit posséder un choix judicieux de journaux, « Par les journaux, elle met chacun en situation de se faire une opinion personnelle raisonnée, basée sur une information pluriale et contradictoire, au lieu d’avoir seulement l’opinion toute faite de l’unique journal qu’il lit. »

k) On a constitué de grandes collections de spécimens de journaux. À Aix-la-Chapelle. M. Oscar von Forkenbeek est parvenu à réunir 75,000 feuilles de journaux différentes dans le Zeitungs Museum, subventionné par la ville. En Belgique, on s’est vivement intéressé aux collections les plus importantes. Le Musée de la Presse au Palais Mondial comprend maintenant les collections de Warzée, Vanden Broek et de Fonvent en un ensemble considérable.[1]

8. Institutions.

Le journalisme a fait surgir tout un ensemble d’institutions communes pour les rapports professionnels et la déontologie, pour l’aide mutuelle, pour l’enseignement, les maisons et instituts de Presse.

a) En Amérique le journalisme a pénétré dans les Universités. À Columbia, il a élevé le journaliste au rang d’un professionnel, bien que ce soit peut être une affaire. À Berlin, à l’Université on a créé non seulement une chaire de journalisme (Zeitungswissenschaft), mais un Institut, laboratoire ou bibliothèque où 800 journaux sont découpés et classés. Il y a les Écoles de Journalisme à l’Université de Chicago, Philadelphie, Colombo (Ohio) qui ont des cours préparatoires de journalisme. Université catholique de Lille. En Allemagne, professeur Koch à Heidelberg. Le Secrétariat du Volksverein de München-Gladbach s’est transformé en une école de journalisme.

b) La Maison de la Presse de Paris créée pendant la guerre (rue François 1er) n’a été fermée qu’en décembre 1922. Elle comprenait un service d’informations recevant, analysant et diffusant les contenus de la Presse du monde entier ; un service de propagande répandant des opinions. Ce dernier service avait la naïveté de se présenter ouvertement comme organisme de propagande française, afin que nul n’en ignore.

La « Maison de la Bonne Presse » (Paris. 5, rue Bayard) fondée par les Assomptionnistes et reprise par M. P. Feron-Vrau, est aujourd’hui une maison d’édition considérable. Elle comprend un personnel de près de 600

  1. La collection de journaux de feu le Dr Guilmot — 80,000 spécimens environ — a été acquise par M. le Juge Berrewaert de Louvain. C’était incontestablement la plus importante du monde.