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LE LIVRE ET LE DOCUMENT

graphes. Ainsi : Collection des Pères de l’Église, Collection des Conciles, Collection des Bollandistes, Collection des mémoires de l’Histoire de France, Recueils de traités.

b) Le but des Recueils et des collections est de classer et publier, sans omission ni erreur, tous les documents ayant rapport à une question. L’impossibilité matérielle de rassembler certains documents existants justifie les ouvrages qui reproduisent et analysent le contenu d’originaux. Certaines rééditions ont pour but d’éviter les pénibles recherches dans les publications originales. Ex. : Tableaux de statistiques rétrospectives publiés par la Statistique Internationale du mouvement de la population.

c) Le recueil correspond à une opération bibliographique fondamentale, elle-même en corrélation avec une organisation intellectuelle fondamentale. Les choses se groupent et se réunissent d’abord dans l’esprit et se présentent sous une forme non matérielle. C’est dans ce sens que Cousin a écrit « L’histoire est un recueil d’expériences dans lesquelles on peut étudier la loi de la pensée humaine ». Le groupement, la réunion des documents considérés comme des unités, des entités documentaires distinctes peut se faire de manière bien différente selon le but désiré, les principes du choix, la base du classement.

d) Les générations ont fait succéder leurs efforts pour nous donner les grandes collections de textes dans l’état où nous les possédons maintenant. Les éditions ont été sans cesse en se perfectionnant, comme texte et comme forme de présentation.

241.42 Espèces, types de recueils et collections.

Il y a un grand nombre d’espèces de recueils et collections.

a) Histoire. — Pour étudier les documents d’une façon historique, on a senti le besoin d’en faire des éditions critiques établies en comparant méthodiquement les différents manuscrits. On a compris l’avantage de les réunir en grandes collections (notamment les collections allemandes pour le moyen âge). On a de même réuni les inscriptions en corpus. On a dressé le catalogue des manuscrits des auteurs antiques, on a commencé l’inventaire des documents inédits des archives.

En histoire on a réimprimé des pièces seules et on a formé des corpus ou recueils de pièces qui sont les principaux instruments et les principales entreprises de l’érudition historique ancienne et moderne.

La plupart des documents historiques ont été réunis dans des collections qui les ont rendus d’accès facile. Voici des exemples : sous le nom de Monumenta germaniæ on a recueilli des collections de documents relatifs à l’histoire de l’Allemagne. Le « Recueil des ordonnances des rois de France » est une vaste collection in-folio entreprise sous Louis XIV et continuée depuis.

Au commencement du XVIIIe siècle le savant Muratori réunit toutes les plus remarquables sources de l’histoire médiévale italienne. C’est pour son temps un merveilleux effort de savoir et de critique et le corpus le plus complet de textes historiques du VIe° au XVIe siècle pour l’Italie. La somme indispensable de recherches. Le commandeur S. Lapi a conçu et mené à bonne fin l’édition nouvelle dite Rerum italicarum scriptores, qui après sa mort fut achevée par Carducci et Fiorini. La découverte de manuscrits que Muratori ne connut point et qu’il crut perdus, la nouvelle direction donnée à la critique historique en ce qui concerne l’étude des sources et la préparation de leurs textes, les moyens plus amples et plus exacts de recherches et de reproduction dont nous pouvons disposer dans ce but, ont permis de renouveler l’œuvre de Muratori.

« Mon édition, dit Lapi, suivra dans chacune de ses parties l’ordre donné par Muratori à son recueil et elle en reproduira — sauf quelques exceptions justifiées — tous les textes et leurs préfaces. Chaque page portera l’indication de la page correspondante dans l’édition de Muratori. De riches tables analytiques, fondues en une table générale à la fin de l’ouvrage, accompagneront chacun des écrits. Chaque tome conservera la numération qu’il a reçue dans l’édition originale ; mais toutes les fois que cela sera nécessaire, il sera divisé en parties dont chacune formera un ou plusieurs volumes à part, avec une numération particulière de façon que, bien que ces tomes soient publiés par intervalles et par livraisons, il sera facile de leur tendre leur place dans le tableau de l’entière collection. Une numération, en continuation de celle des volumes qui composent le recueil de Muratori, sera donnée aux volumes des Aggiunte (additions) publiés par Tartini et par Mittarelli. Cette numération s’étendra aux autres volumes que j’espère y ajouter moi-même, y comprenant des textes que Muratori ne put insérer dans la collection, soit que ces textes aient été déjà édités, soit inédits, en partie ou en entier. »

La collection des chroniques belges inédites, publiées sur ordre du gouvernement par la Commission Royale d’Histoire, comprend déjà 125 vol. in-4o. De toutes parts, on continue à publier des pièces d’archives et de manuscrits, sauvant ainsi de la destruction et de l’inutilisation relative quantité de pièces qui sont les vestiges du passé. Ce travail s’accompagne d’une revision comparée des textes pour arriver à des versions plus exactes. Le travail des Index et des Tables de ces documents se poursuit parallèlement.

b) Littérature. — On a réuni en collections les œuvres littéraires de l’antiquité et du moyen âge : on a commencé à le faire même pour certaines œuvres modernes.

Des éditions excellentes d’ouvrages particuliers ou d’œuvres complètes des auteurs anciens facilitent à tous l’accès des trésors d’autrefois. Par ex. les Conciones latinæ (Harangues latines), le livre classique des rhétoriciens dans lequel Henri Estienne, il y a trois siècles, a réuni les meilleurs discours, extraits de Tite Live, Saluste,