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LE LIVRE ET LE DOCUMENT

241.44 Commentaires des textes.

La publication de textes ne va pas sans commentaires qui dépassent souvent le simple rétablissement de l’écrit primitif pour pénétrer jusqu’à la pensée des auteurs. Les commentaires sont immenses de la Bible, du Coran, du Talmud, des Sentences du Lombard et de nos jours des Codes, récemment des Traités internationaux.

Les commentateurs donnent des versions à eux ou reproduisent les versions d’auteurs en indiquant leurs sources. Il y a des cas (par ex. des commentaires de Dante), où l’on n’a limité les notes que par la nécessité de donner encore du texte suffisant sur chaque page.

Pendant des siècles la culture a consisté à discuter des textes au lieu d’étudier par l’observation ou l’expérience les réalités !

241.5 Catalogues.

1. Notions.

a) Le catalogue constitue une espèce d’ouvrage bien caractérisée.

Le catalogue est aussi une forme élémentaire d’exposé, qu’elle soit appliquée à l’échelle d’un ouvrage entier ou qu’elle prenne place parmi les éléments d’un ouvrage complexe.

b) Le catalogue o été défini : Liste, énumération de personnes ou de choses classées dans un certain ordre. Le catalogue donne les caractéristiques des choses telles qu’elles résultent de leur examen et analyse. Le catalogue est le « document » dans lequel sont enregistrées les choses. Les catalogues sont les inventaires (relevé), les guides dans les recherches, les clefs des collections.

c) Il y a des termes synonymes ou équivalents employés avec des sens que l’usage a distingué, à raison surtout du but proposé. Le catalogue est une liste raisonnée, dressée avec soin, avec méthode, dans un ordre propre à faire connaître l’importance de l’ensemble et souvent avec des détails particuliers sur chaque objet.

Le dénombrement tend surtout à faire connaître des choses ou des personnes. L’état tend à faire connaître l’exacte situation des choses afin que la réflexion puisse ensuite s’exercer à les modifier s’il y a lieu, à les perfectionner, à les comparer avec d’autres choses de même nature. L’inventaire est la liste des objets, principalement pour des fins juridiques ou économiques (liste d’objets après la mort d’une personne, dans un magasin, ou une usine, dans un musée), il a pour but de faire connaître la valeur totale de ces objets ou d’en permettre le « recollement ». La liste est purement et simplement la suite des noms propres à désigner chacun des objets qu’on a besoin de connaître, accompagnée éventuellement de quelques indications utiles. Le répertoire signale les objets dans un ordre propre à faire retrouver chacun d’eux au besoin ; ce n’est point, comme l’inventaire, la liste des choses trouvées, c’est plutôt celle des choses à trouver, à chercher. (Reperire = retrouver.)

d) Le catalogue est parmi les plus utiles des ouvrages. C’est un instrument indispensable pour les chercheurs, pour les étudiants. C’est aussi la base des acquisitions scientifiques, la forme fondamentale que prend l’inventaire de la nature des connaissances humaines, des œuvres et des richesses créées.

e) Parmi les diverses espèces de catalogues, ceux qui concernent les livres occupent une place considérable ; ce sont les catalogues d’éditeurs, de libraires, de bibliothèques et surtout les Bibliographies. Il en sera traité sous les divisions ultérieures.

f) En dehors de la documentation proprement dite et des catalogues auxquels elle donne lieu, il y a les catalogues des objets, des êtres, des phénomènes et des personnes.

g) Un immense travail (catalographie) se poursuit, avec plus ou moins d’ordre de division dans le travail, de continuité dans l’effort, mais il se poursuit inlassablement à travers les âges. On doit par la pensée entrevoir le moment où tous ces éléments pourront être concentrés et constituer un seul ensemble homogène et organique, un Catalogue Universel dont le Répertoire Bibliographique Universel ne serait que la partie consacrée aux Livres et aux Documents. Ce serait d’une inestimable valeur intellectuelle pour la science, les études et les applications techniques et sociales.

2. Caractéristiques.

a) Coopération et continuité. — Les catalogues sont par excellence des œuvres collectives et continues et tendant à la totalité. Ils vont en se complétant, se supplémentant et s’améliorant sans cesse, d’œuvre en œuvre, d’édition en édition ; le travail des devanciers est incorporé à celui des suivants. Les objets à cataloguer s’accroissant ou leur position, situation se modifiant, il y a continuité nécessaire dans le travail.

b) Progrès réalisés. — À raison de ces caractéristiques, l’œuvre catalographique s’est perfectionnée dans diverses directions : 1° règles précises et conventionnelles pour la rédaction de notices ; 2° organisation du travail, répartition des tâches et centralisation du travail accompli ; 3° recours à la photographie comme observateur, témoin objectif ; 4° système des fiches facilitant les intercalations et par suite la coopération et la continuité.

c) Les catalogues d’objets de collections sont souvent des contributions de premier ordre à l’étude de la matière. Il en est ainsi si les auteurs s’attachent à analyser minutieusement les objets catalogués, à en donner des descriptions qui correspondent à de véritables « diagnoses », si en outre ils ont soin après l’analyse de résumer les vues de synthèse dans quelque Introduction ou Conclusion, enfin s’ils adjoignent une bibliographie et des références aux collections similaires. (Ex. Le catalogue monumental