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DOCUMENTS BIBLIOGRAPHIQUES

de multiplication donnant tous les produits de dix par nombres simples multipliés deux par deux. C’est le type le plus ancien, le type classique des tables numériques.

2o En astronomie, les tables ont pour origine des calculs fondés soit sur des lois empiriques fournies par l’observation, soit sur des lois mathématiques de la mécanique céleste. Ces tables soumises à des vérifications journalières servent à guider les praticiens (par ex. les navigateurs).

3o En physique et en chimie, les tables n’ont plus d’autre origine que l’expérience. Les lois de phénomènes étant inconnues, on y supplée par un tableau des valeurs correspondantes, des causes agissantes et des effets produits.[1]

4o Quelle que soit la nature du phénomène réduit en table, la table est à simple ou à double entrée, suivant que le résultat ou l’effet dépend d’une seule cause ou donnée ou de deux causes ou données.

a) Une table à simple entrée ne contient que deux colonnes dont l’une renferme la valeur de la cause et l’autre celle de l’effet. Les cases de l’une et l’autre colonne se correspondent d’ailleurs suivant une règle convenue qui naturellement a pour base ordinaire la juxtaposition. Les tables de logarithmes, de sinus, de tangentes, un grand nombre de tables astronomiques, les tables de dilatation des différents corps par la chaleur, etc., sont des tables à simple entrée.

b) Les tables à double entrée sont formées de lignes plus ou moins prolongées et en nombre plus ou moins grand, selon que l’on a donné plus ou moins de valeur à chacune des causes considérées. En général on les dispose de façon à former un cadre rectangulaire en inscrivant sur une ligne horizontale différentes valeurs de la première cause, sur une ligne verticale la valeur de la seconde cause, et en suivant le résultat dans la case pincée à l’intersection de la colonne qui correspond à la valeur de la première cause et de la ligne qui correspond à celle de la seconde. Telles sont : la table de Pythagore où les deux données sont les deux facteurs du produit ; les tables des fonctions elliptiques, où les données sont l’amplitude et l’excentricité.

c) Une table à triple entrée, c’est-à-dire une table où le résultat dépendrait de trois données pour être construite d’après le même principe, exigerait les trois dimensions ; elle ne serait donc pas réalisable sur une feuille de papier à moins qu’on n’eut recours aux procédés de la géométrie descriptive. Habituellement on y supplée, ce qui est loin d’être avantageux, en formant plusieurs tables à double entrée, dont chacune a pour argument la valeur de la troisième cause.

7. Tables de constantes numériques.

La compilation des données numériques extraites de mémoires divers (coefficients) donne lieu à un type d’ouvrage sui generis.

Les Tables annuelles internationales de constantes et données numériques relèvent les données les plus importantes de chimie, de physique et de technologie. — Le vol. IV comprend environ 1300 pages de tableaux. On en a éliminé les données qui dépendaient des conditions expérimentales ou ne rapportant à des systèmes mal définis. Les titres des mémoires correspondant et une certaine bibliographie accompagnent chaque tableau. C’est là ce qu’on a appelé la « documentation numérique ».

Des Tables critiques internationales des données numériques de physique, chimie et technologie sont publiées aussi par l’U. S. Bureau of Standards. Le Conseil national des recherches américain a créé un comité chargé de la publication des tables critiques.

Il serait désirable de voir s’étendre à toutes les sciences la publication de tables de caractéristiques ou constantes. Ces données essentielles dans la constitution des sciences sont éparses dans un grand nombre d’ouvrages et de périodiques. La documentation nécessite sans cesse le groupement et le regroupement des données acquises, leur systématisation, leur critique, leur publication limitée à telle ou telle classe de données.

8. Tables des lois de la science.

Il est désirable de posséder pour chaque science un répertoire méthodique et concis des grands faits établis, un recueil des lois qui serait pour les idées générales de cette science ce que sont, par ex., pour les faits les recueils de constantes numériques. Parmi les prétendues lois et les soi-disant règles universelles, il y a lieu de faire un triage sévère des données pour chacun des principes énumérés, des sources bibliographiques permettant de remonter aux origines, de les appuyer de quelques exemples types et d’indiquer les exceptions, de distinguer avec soin ce qui est vraiment général de ce qui est seulement établi dans quelques cas, ce qui est prouvé de ce qui n’est que préalable. Léo Errera Revue de l’Université de Bruxelles, juillet 1898, p. 34. Le « Recueil des lois de la biologie générale » de M. Herrera, 1897. Mexico 147 + XII p., est un essai de codification de la biologie en lois et sous-lois.

9. Autres Tables.

Les tables et index des matières placés in fine des ouvrages ; les tables de classification, scientifique ou bibliographique et les tableaux systématiques des sciences, les

  1. G. Bigourdan. — Le climat de la France, 1916. Les tableaux résument un nombre immense d’observations longuement et laborieusement poursuivies par une pléiade d’observateurs, munis des meilleurs instruments. Et les courbes qu’ils ont servi à construire les traduisent immédiatement d’une manière claire. Ils offrent le moyen de connaître pour tel point que l’on veut, les valeurs moyennes mensuelles de la température, de la pression et, presque comme s’il y avait eu là une station météorologique.