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LE LIVRE ET LE DOCUMENT

bibliographies et les catalogues qui énumèrent et décrivent les ouvrages à divers points de vue, ne sont que des espèces particulières de la famille des tables en général. Il en est traité ailleurs.

10. Tableaux graphiques. Atlas.

a) Les tableaux graphiques combinent à la fois des textes concentrés et disposés synoptiquement, des images de tous types obéissant aux idées de la meilleure compréhension. Il réalise l’exposé rapide, complet, frappant, agréable, facile à mémoriser. C’est l’économie du temps qui intervient.

Visualiser de plus en plus les données s’impose comme une loi nécessaire. Les efforts de notre temps se réclament de ceux du célèbre pédagogue tchèque J. A. Comenius (Komenski) qui, pour réaliser le principe pédagogique qu’il avait énoncé en ces termes lapidaires, « les mots avec les choses, les choses avec les mots », publia au XVIIe siècle le premier livre d’instruction avec des illustrations : Orbis sensualium pictus (1648). Il classait les connaissances primaires, les énonçant en phrases courtes, en diverses langues, et en regard présentait des images représentatives des choses et des idées que les mots exprimaient. C’est la première tentative d’enseignement intuitif. Elle eut un succès prodigieux.

Quand l’Abbé de l’Épée, s’aidant des initiatives de Pereira, publia son « Instruction des sourds-muets par la voie des signes méthodiques » (1774) et son « Dictionnaire général des signes employés dans la langue des sourds et muets », il était parti de cette proposition : « Faire entrer par les yeux dans l’esprit des élèves, ce qui est entré dans le nôtre par les oreilles. »

La supériorité de la visualisation est grande sur la parole et sur l’écrit qui présente les abstractions de son texte.

On est arrivé à faire un tableau idéologique comme on fait un tableau peint : le peintre choisit un sujet bien délimité et le réalise en peinture. Par là il peut se concentrer et achever, par la répétition accumuler toute une œuvre. Qui écrit, produit, enseigne n’a que l’article, la brochure ou le livre. Il est conditionné par les difficultés d’impression. Avec le tableau idéologique il peut attaquer le travail de toutes parts et achever des exposés dont il pourra ensuite établir ou compléter la série.

b) Il y a tout un ensemble coordonné de moyens d’illustration. On peut prendre un sujet (par ex. : le corps humain) et l’envisager à l’aide de photographies en noir et de photographies en couleur, par la reproduction d’anciens dessins, par les schémas, par les rayons X, la photographie au microscope, le diagramme, les cartes de répartition, etc.

c) Formes des atlas. — Le terme atlas s’est généralisé. Il s’est appliqué tout d’abord à une collection de cartes reliées. Il s’applique maintenant également à des recueils de planches ou tableaux se rapportant à une question spéciale. Le terme atlas tend ainsi à exprimer une forme générale. Ex. : Atlas photographique du Rhône de A. Challey. Atlas of Physiological Chemistry de Funke. Atlas de microbiologie. Un atlas de la lune de Levy et Poiseux construit à l’échelle de l millimètre pour 1,800 mètres. Atlas anatomique.

241.7 Autres espèces de Documents.

Il faudrait traiter ici des diverses autres espèces de livres et aussi de documents qui, par leur multiplication et les principes de leur établissement, constituent les familles de l’espèce bibliologique toute entière (le genus bibliologicum). On s’est borné à traiter sommairement de quelques espèces, à en énumérer d’autres et à renvoyer à d’autre parties du traité et aux tables alphabétiques placées à la fin de l’ouvrage.

a) Catéchisme.

Le catéchisme est une œuvre qui contient l’exposé succinct de quelque science ou art et qui est rédigé en forme de question et de réponse.

La question est mieux précisée. Tous les mots portent car on a soin de tenir la pensée en éveil par une question à laquelle l’esprit n’a pas su répondre et dont on fournit la réponse. C’est aussi un moyen de diviser un exposé. De simples rubriques sont trop concises, ne peuvent pas exprimer les différences d’une rubrique à l’autre.

b) Code.

Le code est un corps de lois disposées selon un plan méthodique et systématique, ou une compilation de lois et statuts d’un pays. Un code comprend autant de livres qu’il y a de matières juridiques. Il y a les codifications officielles et les codifications privées. Ainsi Pasquale Fiore a présenté tout un ensemble de règles juridiques tendant à l’organisation juridique de la société internationale, sous le titre de « Droit international codifié ».[1] Il ne s’agit nullement, dit-il, d’un ensemble de règles juridiques ayant la même autorité que celles réunies dans un code de lois positives. Il n’a pas intitulé son ouvrage « Code de droit international ». Il s’est proposé, suivant l’exemple de Paroldo, ensuite de Petushevees, de Bluntschli et Field, d’exposer sous la forme d’un code les règles de droit international, droit historique, droit scientifique et droit rationnel, ce qui existe déjà et ce qui devrait devenir du droit positif — dans le but avant tout de présenter au public un système, autant qu’il est possible, méthodique et complet. Dans le même sens a été rédigé le projet de constitution mondiale de la Société des Nations.[2]

  1. Nouvelle édition. Paris A. Pedone. 1911.
  2. Paul Otlet. Constitution mondiale de la Société des Nations. Paris, Cres, 1917.