Page:Otlet - Traité de documentation, 1934.djvu/178

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
241
175
DOCUMENTS BIBLIOGRAPHIQUES

Les codes sont les instruments documentaires de la systématisation des principes, des lois et des règles. Il peut y avoir des codes d’idées et des codes de pratique. Ex. : Codes des règles d’une profession. Codes des règles bibliographiques. Codes des vœux des Associations internationales.

c) Thèses.

Les thèses sont les travaux produits par les étudiants pour obtenir certains grades académiques. Leur importance bibliographique est grande. Il y a, par ex. dans la Bibliothèque de l’Université de Lyon, 135,000 volumes et 115,000 thèses. Les thèses font avancer la science sur des points de détail ; leur sujet est le plus souvent donné par les maîtres qui aident les étudiants à les établir. Les thèses présentées aux universités sont pleines de matériaux recueillis avec soin et méthode.

Au sens général les thèses sont des positions à l’égard de certaines questions controversées, ou exposées pour la première fois. Elles sont explicites (formulées en termes mêmes par les auteurs) ou implicites (mises en forme par d’autres d’après les écrits originaux). Ex. : Les thèses de Doctorat, les propositions dont la condamnation est demandée à Rome.

Une thèse de quelque ampleur ne peut être condensée en quelques pages sans perdre la plus grande partie de sa force convaincante.

d) Guides.

Guide est le titre donné à un grand nombre d’ouvrages qui contiennent soit des renseignements, soit des préceptes et des conseils de diverses natures. Ex. « les guides de l’étranger », Guide Joanne, Bædeker, Guides bleus, les belles publications du Touring Club italien, « le guide des mères ».

Les Guides de voyage (guide Bædeker, guide Joanne, guide bleu, etc.) occupent une place particulière parmi les livres. Leur préparation intellectuelle exige des voyages et des recherches documentaires considérables, des enquêtes et des collaborations diverses. Matériellement, ils ont parfois de 500 à 600 pages, avec une impression fine et compacte, sur papier mince, contenant facilement sous le même volume la matière de quatre ou cinq romans. Leur typographie est compliquée, avec plusieurs corps différents, coupés à chaque instant de mots en gras, en italique ou en capitales ; des cartes et plans dessinés, gravés et imprimés spécialement, la plupart en plusieurs couleurs et dont chacun a du être plié et collé à la même page voulue ; le tout assemblé est revêtu d’une solide reliure souple.

Il entre dans les guides une énorme quantité d’érudition. Ils sont préparés par des recherches, des notes, des correspondances, des dossiers. Le guide présente un réseau d’itinéraires méthodiques : le problème consiste à décrire une surface par une série de lignes entrecroisées ; à la façon des mailles d’un filet, chaque maille étant assez étroite pour ne laisser échapper aucune localité intéressante ; chaque croisement étant muni de renvois qui permettent commodément tous les itinéraires personnels les plus variés à travers les mailles. Pas de redites, pas de « doublons », pas de trous surtout. Et chaque chose a sa place logique.[1]

e) Index des espèces.

Tous les travaux descriptifs (espèces minérales, végétales ; lieux géographiques ; personnages historiques) devraient être accompagnés d’index alphabétiques, relevant tous les noms cités de manière à constituer une contribution directe à l’étude systématique collective du sujet et entrer dans le cadre universel arrêté pour l’organisation des résultats de la science.

f) Rapports.

Le rapport est le compte que l’on rend d’une mission qu’on avait reçue, d’une chose dont on était chargé, d’un examen qu’on avait à faire. C’est aussi l’exposé de conclusions proposées au sujet d’un projet de loi, de règlements, d’un projet de résolution à prendre par des assemblées d’ordre scientifique ou social.

On fait des ouvrages intitulés « rapport sur l’état des connaissances relatives à un sujet ·. (Ex. A. T. Masterman Report on Investigation upon the Salmon, 1913.) L’auteur résume et met au point les études de ses devanciers, en fait la critique, expose ses recherches personnelles.

La création des grands organismes internationaux spécialisés, tant officiels que privés, a permis de confier à des corps responsables et bien qualifiés la présentation des rapports annuels sur la situation dans divers domaines. Ainsi, par ex., tous les ans l’Institut International d’Agriculture présente une vue d’ensemble sur la situation agricole du monde.

Des Universités, faculté par faculté, publient des rapports annuels sur l’activité scientifique originale de leurs maîtres et étudiants.[2]

L’administration moderne se fait à l’intermédiaire de rapports écrits. Qu’on se représente les cabinets des Directions de Politique étrangère. C’est à travers les rapports qu’y arrive la connaissance des faits de tous les pays où des hommes luttent pour des objectifs précis et cherchent à conserver entre leurs mains les gouvernements des affaires. La nécessité pour eux de parcourir à chaque seconde l’Europe et le monde entier, de voir un univers de pensée et d’action auquel les sens de tant d’hommes restent aveugles.

  1. Marcel Bonmarché. — Comment on fait un guide bleu. Toute l’édition. 9 mai 1933.
  2. Exemple : Faculté de Pharmacie. Rapport annuel du doyen. Annales de l’Université de Paris, mai 1931, p. 193.