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LE LIVRE ET LE DOCUMENT

position conservée ou sur composition recomposée. On reproduit aussi en fac-similé, par certains procédés spéciaux. En principe l’édition nouvelle implique modification.

b) Les éditions sont ordinairement numérotées et portent souvent la mention « édition nouvelle ou refondue, ou revue et augmentée ». Par ex. : « Nouvelle édition entièrement refondue et complétée en tenant compte des Conférences de La Haye de 1899 et de 1907 ».

c) L’édition est clandestine ou publique, définitive ou provisoire, approximative ou en fac-similé, officielle ou privée, originale ou princeps, réalisée du vivant de l’auteur ou posthume. Toutes les œuvres produites sont loin d’être éditées. D’où, pour les auteurs dont la valeur a été reconnue plus tard, des éditions posthumes.

d) Certaines éditions sont dites « définitives ». Expression malheureuse. Qu’est-ce qui est définitif ? L’édition de 1917 des « Fleurs du Mal » de Baudelaire a vu ajouter encore un certain nombre de poèmes à l’édition dite définitive.

e) Souvent les éditions successives ne se distinguent de la première que par une meilleure systématisation des idées et une documentation plus complète. L’idée maîtresse demeurant inchangée. Les diverses éditions d’un ouvrage en constituent en quelque sorte l’évolution. Celle-ci dans une certaine mesure se conjugue avec l’évolution de la science contemporaine. Les éditions successives doivent donc compléter l’œuvre et la corriger parallèlement au progrès incessant des découvertes. L’œuvre d’un auteur se perfectionne à travers des éditions successives. Un ouvrage, parti de quelques pages finit par former un gros volume. L’édition successive d’une œuvre va en se développant et en s’améliorant. Elle rappelle le germe qui grandit, la plante qui meurt chaque année et renaît au printemps suivant, toute renouvelée dans sa sève et ses verdures, toute agrandie après le repos fécond de l’hiver.

f) Des ouvrages ont cent ans d’existence et par des éditions successives sont constamment rajeunis à travers les années. Ainsi le « Stieler Atlas » édité par Julius Pertes (1re édition en 1823). De même « L’Atlas Vidal Lablache » est constamment tenu à jour, s’améliorant et se complétant. Il est des livres qui se publient en éditions annuelles. Ex. : Les « Leitfaden für den Unterricht der Geographie ».

g) Un roman avant d’être publié en livre paraît aujourd’hui dans une revue ou en feuilleton dans un journal. Il en est parfois de même des mémoires, des relations de voyage, voire d’études scientifiques.

241.82 Exemplaires.

a) L’exemplaire est une œuvre complète, faisant abstraction du nombre de pages et aussi des volumes et tomes qu’elle comprend. C’est l’unité faisant partie du tirage multipliée d’une œuvre, d’une grande œuvre. Une bibliothèque, par exemple, peut posséder trois exemplaires d’une même œuvre, l’un en un volume, l’autre en deux, le troisième en quatre.

b) Les exemplaires d’une œuvre, surtout d’une œuvre ancienne, peuvent différer entr’eux par leur état de complétude et de conservation, les notes manuscrites ou annexes. Ces modalités ajoutent à la valeur de l’ouvrage et jouent un grand rôle en Bibliophilie. D’autre part, les exemplaires sont dans des liens de propriété avec leurs possesseurs et en portent souvent la marque sous forme d’inscription, d’ex-libris ou d’armoiries sur la reliure.

241.83 Traductions.

1. Notions.

La traduction est la reproduction d’une œuvre en ses idées et ses mots, mais en une langue différente. Il est malheureusement déjà malaisé de bien savoir sa langue et absolument impossible de savoir toutes les langues. D’autre part l’activité littéraire se manifeste presque dans tous les pays. On doit donc renoncer à lire la plupart des auteurs dans leur texte original. Le rôle des traducteurs sera donc de plus en plus considérable et de plus en plus nécessaire, Ils seront les agents de liaison de l’esprit humain. Puissent-ils se montrer exacts et vigilants. On saura par la traduction passer d’un peuple à l’autre les trésors de la sagesse et des littératures humaines. Les traductions ont assoupli, enrichi chaque langue de mots nouveaux, elles ont grossi le trésor commun des idées philosophiques et morales, économiques et scientifiques. Les traductions ont aussi fait connaître au monde des œuvres qui, si elles étaient restées confinées dans le cercle du même parler, y aurait pu être lues mais non comprises. Que de livres ont été connus seulement par la traduction,

Les tendances nationalistes actuelles qui portent les auteurs à écrire dans la langue de leur pays, alors que celui-ci ne comprend que peu d’habitants, fait de la traduction une nécessité. Ex. : les ouvrages écrits en hollandais, flamand, finlandais, norvégien, islandais, bulgare, etc.

Beaucoup d’auteurs puisent leurs informations, leurs idées et même leur composition dans des ouvrages étrangers connus d’eux seuls. D’où une pseudo-originalité due à l’ignorance des non-initiés à la langue des autres pays.

Les traductions ont aidé à enrichir le vocabulaire des langues. Par elles surtout les langues nationales ont été amenées à se compléter.

Depuis longtemps les étudiants tchécoslovaques, au cours de leurs études, avaient coutume de s’attacher à quelque ouvrage étranger, à le méditer, à le traduire par une langue de plus en plus complète, et à enrichir ainsi la culture nationale tchèque.