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DOCUMENTS BIBLIOGRAPHIQUES

La description des manuscrits a donné lieu à des règles de plus en plus précises. Elles sont communes en partie aux règles de description (bibliographique, catalographique) des imprimés.

Les manuscrits sont désignés par leur numéro dans le catalogue des bibliothèques. L’âge d’un manuscrit peut être déterminé d’après les caractères particuliers de l’écriture.

On a imprimé le Catalogue général des Manuscrits des Bibliothèques de France.

242.17 Travaux sur les manuscrits.

Les travaux auxquels donnent lieu les manuscrits sont : 1° Les reproductions ; 2° les éditions ; 3° les études.

Reproduction de manuscrits. — Elles sont ou typographiques ou photographiques : diverses copies peuvent exister d’une même œuvre, déposées dans diverses collections. Les copies n’ont pas toutes une valeur. Il existe souvent des fragments outre les œuvres complètes.

Il importe d’arriver à la reproduction intégrale du document. Toute impression procure des exemplaires qui sont des copies exactes de l’original. Il n’en était pas ainsi pour les manuscrits. Par l’invention de la xylographie et de l’imprimerie, cette copie est devenue de plus en plus mécanique et automatique. La photographie donne maintenant une copie exacte qui n’a pas besoin d’être relue et corrigée comme la copie manuscrite ou typographique. Pour que nul n’ignore qu’il s’agit de copie, on en fait mention, d’où une première différence avec l’original. Les fautes ou erreurs involontaires sont d’autres différences. Seule la reproduction fidèle de ces manuscrits par les procédés photomécaniques les plus perfectionnés peut préserver les manuscrits d’une ruine complète, en même temps qu’elle présente l’immense avantage de les mettre à la portée de tous les travailleurs sous l’aspect même des originaux.[1] La reproduction des manuscrits est opérée tantôt par extrait, tantôt intégralement.

De remarquables reproductions en couleurs ont été réalisées (notamment celle du Bréviaire Grimaldi).

Édition des manuscrits. — Les éditions de manuscrits donnent lieu à un travail considérable. Les œuvres anciennes sont conservées par diverses copies manuscrites, entières ou fragmentaires. Dans l’édition, il s’agit de faire choix entre les meilleures versions des diverses copies.

Les manuscrits édités constituent un texte critique plus ou moins conjectural basé sur la comparaison (collation) de tous les manuscrits (MSS) existants d’une œuvre donnée.

Pour ce travail, on désigne généralement celle-ci par des lettres conventionnelles. L’édition comporte plusieurs conditions et opérations :

a) respecter la graphie ou dire le pourquoi des corrections ;

b) établir la numérotation des pages ou des vers, afin de reconnaître les lacunes ;

c) identification des personnages, des lieux, des dates et des choses ;

d) tables des personnages, mentions, notes topographiques, glossaires ;

e) établir une ponctuation ; résoudre les abréviations ;

f) présenter une analyse de l’œuvre et de son objet ;

g) présenter en planches hors texte un fac-similé ; reconstituer un tableau des armoiries ;

h) présenter les variantes, les discuter, adopter l’une d’entr’elles (leçons). Par la comparaison de manuscrits, compléter le texte de l’un par le texte de l’autre en tenant compte de la valeur des copistes-scribes, de leur manière de procéder (scribes peu soigneux mais respectueux du texte transcrit, scribes attentifs à combler les lacunes mais introduisant des mots de leur invention).

i) Discuter les données qu’apportent les miniatures pour l’élucidation du texte. Parfois les miniatures sont supérieures en exactitude au texte et émanent d’artistes mieux informés que les auteurs eux-mêmes, éventuellement de collaborateurs ;

j) Donner des indications sur la langue de l’auteur : phonétique, morphologie, vocabulaire, syntaxe, sur le parler des personnages, la langue des scribes ;

k) Une étude sur l’auteur.[2]

En Italie, à la Laurentienne, à Florence, on suit la trace des lectures faites d’un manuscrit. Chaque manuscrit a sa feuille et on y inscrit le nom des lecteurs qui les ont demandés. Ceci afin d’établir les priorités.

Études sur les manuscrits. — Elles portent sur divers points particuliers du manuscrit (notes, observations, analyse, corrections de détails, essai d’interpolation, étude sur les œuvres en tant que contribution à l’exposé du sujet, par ex, étude comme document pour l’histoire d’une époque, d’une institution, d’un personnage.

242.18 Les papyrus.

Le rouleau de papyrus a été le principal, le presque seul matériel d’écriture utilisé pour tous les grands travaux de littérature en Égypte et dans le monde grec et romain depuis le quatrième millénaire avant Jésus-Christ jusqu’au moyen âge. Le papyrus a délivré les bibliothèques des baguettes de bois, de pierres et de briques.

La découverte de papyrus grecs par milliers durant les dernières quarante années a été un événement sensa-

  1. Ex. : Codices græci et latini photographiæ depicti duce Scatone De Vries, Bibliothecæ Universitatis Leidensis Præfecto.
  2. Comme méthode d’édition, voir la publication récente : Jacques Bretel, Le Tournoi de Chauvency, édition complète par Maurice Delboville. Bibliothèque de la Faculté de Philosophie et Lettres de l’Université de Liège : fasc. XLIX, 1932.