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DOCUMENTS GRAPHIQUES

elles éveiller en nous le sentiment de la nature aussi fortement que le tableau d’un peintre ? La forme, le relief, l’ossature sont à la montagne, plus encore qu’en tout autre lieu, le support, la substance de la beauté. Et l’architecture a aussi sa part de mouvement et de vie dans l’immuabilité de la ligne. »

2. Cartes géologiques et batymétriques. — On connaît aujourd’hui très largement le tréfond de la terre. Ce sont les cartes géologiques qui en représentent la texture. En tous pays, elles sont confiées à des organismes spéciaux dépendant de l’État et qui procèdent progressivement à l’établissement et au perfectionnement de la carte en utilisant au jour le jour tous les sondages ou les mises à jour qui sont faits (ex. : organisation du service géologique de Belgique). La carte publiée en planchettes n’est que le résumé d’une vaste documentation en dossiers mis à la disposition des intéressés.

Les cartes du fond des océans (carte batymétrique), prolongement en quelque sorte des cartes des côtes dressées pour la navigation, ont fait l’objet d’un travail d’ensemble réalisé par l’Institut Océanique international, dû à l’initiative du Prince de Monaco.

3. Cartes marines. — Dans les cartes marines, on portera tous les détails utiles au but qu’on se propose dans toutes les circonstances qui peuvent se rencontrer et on supprime tout ce qui est étranger à cet ordre d’idées.

La carte marine est une représentation schématique de la mer et du littoral en vue de la navigation.

Le relevé des cartes sous-marines par le projecteur d’ultra-son remplace les sondages. Il est autrement sûr, rapide et économique. On dirige le projecteur d’après le retour en écho de l’onde envoyée.

4. Cartes aériennes. — Elles constituent un nouveau type de carte. Elles doivent servir à la navigation aérienne. Ces cartes constituent en même temps une contribution à la cartographie générale à laquelle elles apportent la contribution d’une vision de la surface terrestre prise de haut et « à vol d’oiseau ». Elles ressuscitent ainsi l’ancien procédé des vues cavalières. Aux procédés de la prise d’avion s’est ajouté celui en ballon sphérique ou cerf-volant offrant des vues perpendiculaires. Ex. : Carte aéronautique de la France. Projection cylindrique. (Desmons, Paris, Challamel.)

3. Cartes astronomiques. — Les cartes et atlas astronomiques ont acquis une grande perfection. Il faut leur rapporter les catalogues d’étoiles commencés par les anciens. Le catalogue de Ptolémée (Almageste) renferme 1,022 étoiles. On a catalogué depuis lors plus de 300,000 étoiles, dont 10,000 étoiles doubles, plus de 7 ou 8,000 nébuleuses. La carte photographique du ciel comprendra toutes les étoiles jusqu’à la 14e grandeur. (Voir ce qui a été dit précédemment de l’Atlas du ciel sous le no  241.5.)

242.25 La disposition matérielle.

Les cartes, par leur étendue et la nécessité de les consulter synoptiquement ou en détail, présentent bien des difficultés qui ont donné lieu à des dispositions matérielles spéciales.

a) On a trouvé le moyen de plier les cartes en les collant sur toile. On a ainsi réduit au format livre des grandes cartes (ou pourrait à l’inverse déplier des livres en format carte et ce serait des sortes d’affiches ou placards).

b) Les cartes peuvent être simplement sur papier ou montées sur toile, brochées, reliées en atlas, aussi avec texte.

c) Au point de vue matière, on a des cartes par feuille sur papier, en pochette des cartes sur toile, des cartes pliées sur toile, des cartes imprimées sur toile. Etui-boîte pour les collections de cartes ou d’itinéraires. Pour donner toute la solidité aux cartes, on les a pégamoïdées, c’est-à-dire enduites d’un produit dit pegamoïd, qui donne à la toile plus de souplesse, évite les cassures, fixe les couleurs et les rend inaltérables. (Procédé des cartes murales de Joseph Cremers, Bruxelles, Office de Publicité.)

d) Aux cartes se rattachent les mappemondes de formes sphériques. Elles appartiennent aussi à la catégorie des instruments et appareils.

242.26 Atlas.

a) L’atlas est une collection de cartes géographiques contenant le plus souvent la figure générale de la terre et celle de ses parties plus ou moins détaillées. Ces volumes sont ainsi appelés parce qu’Atlas soutenait le monde et qu’eux le contiennent au moins en figure. C’est dans le titre de la Collection des cartes de Mercator publiées un an après sa mort, en 1595, que le mot Atlas paraît pour la première fois, mais c’est Ortelius qui, en réalité, a créé le premier Atlas. La figure d’Atlas, dans la position où le représentaient les anciens, était gravée sur le frontispice de l’ouvrage.

b) « Il faut faire effort, dit Vidal de Lablache, pour unir intimement une étude générale qui serait la science de la Terre, à la description de la Terre. La cartographie est assurément pour cela l’instrument le mieux approprié. Où trouver un moyen d’expression aussi capable de concentrer les rapports qu’il s’agit de représenter ensemble à l’esprit ? Dans un atlas, les rapports des choses apparaissent en grand nombre et en clarté. Il doit stimuler la curiosité et offrir matière à réflexion. »

Par extension, on donne encore le nom d’Atlas à tout recueil de cartes, de tableaux, de planches que l’on joint à un ouvrage pour en faciliter l’intelligence ou que l’on publie séparément. On en a traité tout le no  241.5.

En conséquence, on peut définir l’atlas une collection de cartes, de plans ou d’estampes réunis en volume.