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DOCUMENTS GRAPHIQUES

Dans toutes les bibliothèques il y a intérêt à constituer un fonds spécial.

242.3 Iconographie. Estampes, gravures, photographie.

Les documents dont il s’agit ici ont pour caractéristique de genre d’être des images, d’être concrets, et d’avoir soit une existence autonome, soit d’être insérés dans un autre document.

242.31 Les Images. L’iconographie.

Il y a lieu de traiter distinctement notion, histoire, espèces : 1° de l’image en général ; 2° de la science de l’image : l’iconographie ; 3° des publications et recueils d’images ; 4° des collections d’images : Iconographia Universalis ; 5° des catalogues d’images : Iconobibliographie ; Iconobibliographica Universalis ; 6° des collections, des clichés ou matières d’images.

Parmi les images il est quelques grandes catégories : 1° les estampes et gravures, eaux-fortes ; 2° les photographies ; 3° les cartes postales illustrées ; 4° les cartes à jouer ; 5° les livres d’images pour les enfants. On est amené quelquefois à constituer un seul groupe de toutes les images sur papier ou carton quel que soit : a) le procédé d’établissement (à la main ou par l’appareil photographique) ou de reproduction, à la main, mécaniquement ou terminés à la main ; b) à l’état d’original, de copie ou de reproduction ; c) le texte qui les accompagne comme titre, légende ou explication sommaire, les images étant tenues pour l’essentiel et le texte l’accessoire ; d) le fait d’être ou non encadrées ; e) le sujet qu’elles présentent (images scientifiques, scolaires, religieuses, etc.) ; f) la colorisation (noir ou en couleurs chromos).

On a été amené à donner à certaines images les dimensions usuelles des cartes postales. Ces images avec les cartes postales peuvent constituer une collection classée. Les livres d’images pour les enfants constituent une importante catégorie.

Les principes généraux de traitement de documents bibliographiques (texte) sont fondamentalement les mêmes pour le traitement des documents iconographiques (image), notamment les collections, les formats, la classification, les règles descriptives.

Il est désirable, pour les faire entrer dans les cadres de l’Encyclopédie, que toutes les images publiées séparément (planches, cartes postales, etc.) portent leur indice de classement. Munis des indices de matière, lieu, temps, personne, les documents peuvent alors à volonté prendre place dans les séries formées d’après ces bases.

1. L’image et son évolution.

L’image des objets permet de s’en former une idée nette et précise, tandis que la meilleure description orale peut laisser dans l’esprit du lecteur du vague et de l’indécision. L’homme a désiré l’image de tout temps. Les possibilités de reproduction par la gravure sur bois et sur métal, parallèlement à l’imprimerie, ont multiplié les images tantôt incorporées dans les livres, tantôt séparément (estampes). De vastes collections iconographiques se sont constituées surtout depuis la Renaissance. La photographie avec bientôt la photogravure et les divers procédés de reproduction des couleurs, le cinéma, ont créé d’immenses possibilités nouvelles, à la fois pour l’illustration du livre et pour des publications indépendantes. Des collections se sont constituées, complémentaires à celles des cabinets d’estampes. Des listes et des catalogues ont été élaborés.

Le rôle de l’image ne saurait être exagéré. Elle est pareille au mot, l’autre manière d’exprimer les choses. Notre époque devrait s’en servir systématiquement et elle tend à le faire, illustration du livre et du journal, illustration par l’affichage et le musée, éducation par le dessin dès le jeune âge et accompagné de l’image à tous les degrés de l’enseignement.

Les images se classent en réelles, possibles, imaginables.

Les grands traités employent simultanément la photographie qui est exacte, le dessin qui est interprétatif et le schéma qui réduit à l’essentiel.

On a traité antérieurement de l’image en général. On s’y réfère ici (voir n° 22.3 et les divisions).

2. Le monde en image.

Il n’est pas exagéré de dire qu’aujourd’hui, avec plus ou moins de perfection, de rigueur scientifique, de goût artistique, le contenu du vaste monde accessible à l’homme a été largement photographié. Il continue à l’être si bien que la pensée doit envisager l’existence d’une Documentation Iconographique Universelle (en prototype ou reproduction) à côté de la Documentation écrite (manuscrite ou imprimée). Dans divers domaines on a insisté sur ce qu’il y a lieu de voir photographié pour protéger les documents naturels, les restes du passé contre les altérations ou la disparition. D’autre part, devant l’étendue du savoir il devient nécessaire de trouver de nouveaux moyens pour s’instruire. Or l’image peut servir de base à un nouveau langage permettant une assimilation plus générale, plus facile et plus prompte. Un nouveau labeur s’impose : enfermer dans la série des images toutes les idées qui peuvent y être enfermées.

3. L’Iconographie : science de l’image.

L’Iconographie est la science des images produites par la peinture, la sculpture et les autres arts graphiques. Elle tend à devenir de nos jours la science de l’image en général, quel que soit son mode de production.

L’Iconographie chrétienne est la première qui ait été réduite en corps de science.