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LE LIVRE ET LE DOCUMENT

L’Iconographie est aussi le terme qui exprime l’ensemble des documents iconographiques.

Pour les âges où manquait la photographie d’aujourd’hui, on possède fresques, sculptures, bas-reliefs, gemmes, inscriptions, grafittes, papyrus, mosaïques, fonds de coupes, etc. Leur témoignage n’est ni moins formel ni moins précieux que celui des textes. L’ensemble concourt à offrir la synthèse de l’histoire du changement de la vie.

Dans le passé tout le travail iconographique des artistes constituait la lecture du peuple : le livre n’existait pas ; le journal moins encore.

De grands recueils ont vu le jour. Le premier en date est de Mazzochi qui publia en 1517 un recueil intitulé « Illustrium Imagines.[1] Les recueils depuis se sont succédé.[2]

L’ouvrage récent, Botanical Pen-Portraits de MM. J. N. Moll et H. H. Janssonius (La Haye Nyhoff) est un exemple typique de la substitution de dessins aux descriptions verbales (texte).

On a réalisé des collections de portraits. Par ex. : Porträtsammelung der Nationalbibliothek. La base est le portrait ou personnage représenté, peu importe le procédé du document : gravure, dessin, photographie. Ces collections ont à procéder par référence à d’autres collections établies séparément, à raison de la matière (par ex. : la médaille, le tableau peint), de la forme (par ex. : le buste ou le relief) ou des dimensions (par ex. : portrait en pied).

Le Comité International des Sciences historiques a décidé une enquête auprès des historiens de différents pays sur l’organisation de la documentation iconographique en particulier au sujet des méthodes de classement.

On a créé en Hollande un « Rijks Bureau voor Kunsthistorische en iconografische Documentatie ».

De nos jours des collections ont été formées d’images de toute espèce et sur tout sujet, élargissant la conception ancienne du Cabinet des Estampes, jusqu’à y comprendre aussi les photographies. Il faudrait leur réserver le nom d’« Iconothèques ».

4. Publications iconographiques.

L’image trouve sa place dans toutes les Publications dont elle vient illustrer le texte. Mais il est aussi des publications d’images et des recueils d’images. Les publications exclusivement iconographiques se multiplient. Elles prennent la forme de livres, d’albums, d’atlas. À l’inverse de l’ouvrage illustré où le texte demeure l’essentiel, ici les indications écrites sont simplement l’accessoire. (Ex. : Les publications de Boisonnas. L’Index iconographique des maladies de la peau, du Dr Châtelain, etc.).

5. Collections iconographiques.

Avec force motifs, on a demandé l’extension et la multiplication des collections de photographies documentaires (archives photographiques). On a proposé que dans toutes les bibliothèques, une place leur soit faite à côté des estampes ou en combinaison avec les estampes. On a émis le vœu que les Offices de Documentation de chaque science se préoccupent de réunir systématiquement toute l’iconographie de cette science. On a indiqué cette dernière tâche comme devant être spécialement celle des organisations internationales (voir par exemple ce qu’a commencé à faire l’Institut International d’Agriculture de Rome). On a envisagé la formation d’une Collection Universelle en liaison avec la Bibliothèque mondiale d’une part, avec l’Encyclopédie Universelle d’autre part. Désireux de travailler dans la mesure de ses possibilités à défricher le vaste champ de la Photographie documentaire, l’Institut International de Bibliographie a envisagé, ces desiderata dans les études préparatoires et les premières réalisations de l’Encyclopédie documentaire. Il possède actuellement une collection d’environ 150 mille documents photographiques montés sur feuilles et sur fiches, classées par matières et organisées comme partie graphique de son Encyclopédie documentaire. Celle-ci est elle-même formée de dossiers et de documents mobiles et tend à répondre à ces desiderata : compléter les grandes encyclopédies publiées, être développée continuellement et sans fin, contenir les documents de toute origine et non l’opinion d’un seul auteur, constituer pour l’étude de chaque question un dossier international comparé, utiliser par découpage les articles des revues et journaux dont l’importance documentaire, comme source indicative tout au moins, grandit chaque jour. « Il y a lieu d’établir ou de réaliser de grandes collections intégrales d’images d’après un plan méthodique et d’aboutir à la confection d’une vaste encyclopédie imagée qui instruira tout en amusant, montrant tour à tour la genèse des choses, la composition des objets, la beauté de leurs formes, l’évolution des êtres, la fabrication et la disposition des produits ». (François David, Encyclopédie d’images, p. 8.)

Il faut organiser des Archives Photographiques générales où les artistes et les savants, les érudits et les publicistes, les artisans et les ouvriers puissent trouver ce qui leur

  1. Les ouvrages zoologiques d’Aristote étaient accompagnés de dessins. Quand la description devient difficile l’auteur renvoie à la figure qui entoure le texte. Ces images souvent représentent des parties qu’on a reconnues que par dissection.
  2. Exemples de Recueils d’iconographie.

    Errera, Isabella. Répertoire abrégé de l’Iconographie. 20 vol. environ.

    L’Allgemeiner Bildneskatalog de Hans Wolfgang Singer va comprendre de 8 à 10 volumes, renseignant sur cent mille portraits de plus de 25,000 personnes, de tous pays et de toute époque. Il utilisa 18 collections de portraits en Allemagne.

    Leach (Howard Seacov). Princeton’s Iconographic index (In L. J. 50 1925, p. 208-10).

    Ribemont-Dessaignes, A. 1910, Iconographie obstétricale, fasc. I à III.