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LE LIVRE ET LE DOCUMENT

Il y a aussi des livres à images imprimés d’un seul côté et où le texte n’est que l’accessoire des figures.

Certains ouvrages comportent des planches illustrées isolées, en portefeuille ou reliées à part. Ainsi fréquemment les ouvrages traitant d’architecture.

Les bons graveurs sur bois, tout en créant des œuvres indépendantes, aux valeurs éminemment décoratives, deviennent simultanément des illustrateurs de livres et sont même amenés à créer des livres xylographiques.

d) La gravure est à étudier à un double point de vue : en tant que forme documentaire ; en tant qu’œuvre d’art (étude des artistes, dessinateurs et graveurs, qui se sont distingués dans la création indépendante, la reproduction d’œuvres d’autres artistes ou la simple illustration des livres).

2. Histoire.

La gravure a une longue histoire. La xylographie est l’impression faite sur planche de bois gravé. Les livres imprimés par ce procédé se disent les xylographes. Ils n’ont ni date, ni signature ; ils sont presque toujours les résumés très sommaires de grandes œuvres destinées au peuple et accompagnées d’images pour mieux retenir son attention. La gravure a eu des hauts et des bas (voir n° 222.31).

Depuis quelques années, il se produit une sorte de renaissance de la gravure, sur bois et au burin. Elle laisse aux procédés photomécaniques ce qu’ils peuvent mieux réaliser maintenant ; mais elle donne à l’artiste inventant lui-même son œuvre, le moyen de la concevoir en fonction de la technique. De nos temps l’expression directe et synthétique d’une émotion subjective va remplaçant la recherche de la transposition raffinée et analytique de l’observation objective.[1]

3. Ethnologie.

Chez les Orientaux la gravure occupe une place importante et a reçu des développements.

Les « Kakemonos », pièces en hauteur de dimensions variables, tableaux que l’on suspendait aux parois intérieures des habitations. Les « Makimonos » sont des bandes horizontales plus étroites d’une longueur atteignant parfois quinze mètres, que l’on conservait en rouleaux et qui représentaient des sujets d’histoire, des légendes religieuses, des fantaisies de toute nature se divisant en une succession de multiples fragments complémentaires.

Il y a aussi la chromoxylographie (impression en toutes couleurs).

Les « Sourimonos » sont des impressions en toute couleur avec adjonction des couleurs métalliques (or, argent, bronze, étain et noire). Pour produire de telles estampes il a fallu une succession d’au moins 25 clichés divers.

4. Conservation. Classement.

Les gravures se conservent de diverses manières : en portefeuilles et layettes, en albums reliés, dans des meubles spéciaux à tiroirs ou sur des porte-folio.

Les gravures sont souvent encadrées. Le cadre parfois est lui-même une œuvre d’art. De toute manière il doit être en harmonie avec l’œuvre et n’être qu’un accompagnement à l’objet encadré et non la chose principale. Le cadre doit se plier aux exigences de la gravure et non pas l’inverse. La gravure coupée ou pliée est diminuée considérablement en valeur marchande,

5. Catalographie.

La catalographie de la gravure a réalisé des œuvres considérables qui prennent place à côté de celles de la bibliographie et souvent en annexe de celle-ci. Des règles ont été établies pour la description et le classement. Cette catalographie entre dans la voie de reproductions réduites. Ex. Hugo Smidt Verlag a entrepris la publication du catalogue de gravures de Gersberg : la gravure allemande sur bois en feuilles détachées. Le catalogue comprendra les 1,600 reproductions de gravures de l’œuvre en dimensions réduites d’environ 1/5, 1/8, 1/10 de la grandeur originale.

6. Calcographie.

La calcographie, nom ancien pour désigner les collections de cuivre gravé conservé pour la reproduction. La calcographie du Louvre est un trésor précieux et trop peu connu. Il est des calcographies dans beaucoup de pays. L’Institut de Coopération Intellectuelle a organisé dans diverses capitales des expositions de calcographie.

242.34 Affiches.

1. Notion.

L’affiche illustrée (le placard colorié) est une des espèces d’un genre constitué par les vues murales en général. Celles-ci comprennent aussi toutes les peintures sur mur, panneaux et palissades ayant le même but que l’affiche. On assigne aux unes et aux autres d’aguicher l’œil et d’être des fenêtres ouvertes sur l’activité des hommes et sur les beaux paysages.

Les affiches sont des schémas, des symboles : ils attirent par une illustration qui doit évoquer des objets, des produits, des sites.

2. Histoire.

C’est encore à Renaudot que l’on doit les Petites-Affiches. Elles commencèrent de paraître en 1638, disparurent à la mort de leur fondateur (1653), mais reparurent en 1715. La publicité devait aller toujours plus grandissant. Aujourd’hui le gouvernement et les particuliers ont fréquemment recours aux affiches proprement dites. Seules les affiches du gouvernement peuvent être

  1. Louis Lebeer. Introduction de l’œuvre de Joris Minne. (Bibliothèque Royale de Belgique. Exposition 22 avril 1933.) Voir aussi l’œuvre de Max Elskamp.