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LE LIVRE ET LE DOCUMENT

Cette image virtuelle reproduit dans ses moindres détails le texte, manuscrit ou imprimé, ainsi que les illustrations.

Ce négatif sert de matrice ou prototype, d’où seront tirés des positifs de même dimensions. La lecture de ces positifs pourra se faire soit à l’aide de verres grossissants, soit par une simple petite lampe à projection ou « machine à lire », qui a été construite spécialement et dont le volume est si réduit qu’elle se met en poche.

b) La nouvelle méthode permet de filmer en deux cents secondes, cent pages d’un livre à reproduire. En une heure, plusieurs milliers de pages peuvent donc être ainsi enregistrées par un seul appareil et cela à un prix modique. En enroulant chaque livre séparément dans sa boîte, un meuble (microphotothèque) composé de dix tiroirs d’un mètre de surface sur 12 cm. de hauteur, peut contenir 18,750 volumes microphotographiés de 350 pages. C’est l’équivalent d’une bibliothèque dont les rayons mis bout à bout auraient 468 mètres. On obtient les positifs sur film par contact. Des machines spéciales pour cette opération permettent d’obtenir jusqu’à 1,000 mètres à l’heure, soit 52,000 pages.

c) En ce qui concerne la lecture, la « Machine à lire » reconstitue en vraie grandeur le texte ou le document graphique. La lanterne a environ 30 centimètres cubes de volume, elle fonctionne avec une lampe électrique alimentée par n’importe quel courant ou par une pile. La lanterne permet de voir le document, soit par projection verticale directe de haut en bas sur une surface opaque blanche quelconque, placée sur la table, soit par transparence, en renversant l’appareil de façon que la projection se fasse de bas en haut. Dans ce cas, l’on remplace la surface blanche par un support transparent, verre dépoli ou papier calque. Quand l’appareil est disposé horizontalement, il permet de faire la projection sur n’importe quelle surface ou transparent, écran, mur, plafond même. De cette façon, il rend possible la vision pour un grand nombre de personnes à la fois (conférences, écoles, démonstrations scientifiques, etc.). Si l’on désire conserver un document agrandi, il suffit de remplacer l’écran par une feuille de papier sensible au bromure d’argent et l’on obtient alors, après développement, une reproduction à la grandeur désirée, suivant l’acuité visuelle du lecteur. Si l’on veut reproduire le document entier un petit nombre de fois, un appareil spécial permet le tirage continu sur papier sensible de l’image agrandie du film. Si l’on désire au contraire reproduire en agrandi un très grand nombre d’exemplaires, un processus continu d’impression utilisant l’encre d’imprimerie permet de reproduire très rapidement autant de copies que l’on désire.

Projection en plein jour. — Images et textes peuvent se voir à l’œil nu et se lire à la loupe. Un tirage sur papier sert de catalogue utilisable comme aide-mémoire, notamment au moment de la leçon ou de la conférence. Sur le type fondamental élaboré des applications diverses, divers appareils ont été réalisés (Photoscope, Cinéscope, Zeiss, etc.).

d) Bibliothèque, Institut, Musée, Office d’administration étendu, Bureau d’études industrielles, École, peut donc avoir aujourd’hui son microphote et commencer sa collection de l’Encyclopédie : acquérant les films ou en produisant eux-mêmes. Demain tout travailleur intellectuel aura sur sa table cet instrument nouveau qui doublera les moyens de sa documentation en lui offrant, sous une forme merveilleusement réduite, un Musée et une Bibliothèque.

e) Le format microphote est de 18 × 24 mm, (image de cinéma) ou de 24 mm. de large sur 23 mm. de haut, ce qui permet d’insérer en largeur et en hauteur n’importe quel document sans que l’on doive retourner le film. Pour la bonne mise en pages, tenir compte alors de ce que les images doivent s’insérer dans un cadre 24 X 33 ou multiples de ces dimensions. Les documents noirs et gris sont les seuls qu’on puisse photographier sans surprise, les couleurs donnant des tons gris ou noirs. Les textes à placer sous les images doivent être calligraphiés à l’encre de Chine sur fond blanc ou tapés à la machine avec un ruban bien noir. Ne pas mettre trop de texte sous les vues et bien proportionner la grandeur des caractères à celle des images. Il est utile de porter sur l’image une marque de collection, un numéro de repère, un indice de classement, un titre. Les vues sont montées en bandes s’enroulant en bobines. Un microfilm en bobines peut se composer de 20 à 60 images, mais il n’y a pas de limite de longueur. Elles sont aussi utilisables, image par image, montées en petites plaques dans un encadrement métallique et mobile pouvant dès lors recevoir toute espèce de classement différent. On a créé de petits appareils de prise de vue (le Photoscopique, le Cent-vues, etc.).

f) La projection des microfilms a été opérée d’une manière automatique (autofilm). Cette projection est continue, en cycle, recommençante, et ne demande d’intervention humaine que pour la première mise en mouvement. L’appareil se compose de la lanterne, du film, d’un mécanisme de rotation, d’un écran et d’une prise de courant.

On peut projeter en plein jour avec un avant-corps noir devant l’écran. L’appareil est placé dans un lieu public (galerie d’exposition ou de musée, vitrine, coin de rue ou de parc). Il s’adresse au passant. C’est une sorte de publicité murale applicable pour la diffusion de toute espèce d’information. Des lampes à lire ont été construites qu’on place sur le document (Bosch. Berlin). On a construit des lunettes spéciales (agrandisseur binoculaire Zeiss).[1]

  1. Hanauer, J. — Das Kleinstlichtbild im Dienste von Technik und Wissenschaft. — Das Techniscb Blatt, Beilage der Frankfurter Zeitung, 5 Sept. 1929.