Page:Otlet - Traité de documentation, 1934.djvu/212

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
242
207
DOCUMENTS GRAPHIQUES

3. Projections diapositives.

Les diapositives sur verre ont longtemps été les seules. Elles sont lourdes, fragiles, coûteuses. Le Congrès international de Photographie en a unifié le format. Il en a été constitué des collections dans les centres d’études.

4. Projection des corps opaques.

La projection des corps opaques repose sur le principe de la lumière réfléchie, elle exige un foyer lumineux puissant. C’est le développement de l’ancienne idée des « ombres chinoises », très répandues en Extrême-Orient. Il y a de nombreux instruments : l’épidoscope de Zeiss, l’épidoscope de Bergé, le Panoptique, le Miror.

5. Radiographie.

a) Nous sommes avec les rayons X et les appareils qui les produisent aujourd’hui, en possession d’un puissant moyen d’investigation, voyant sans détruire, pénétrant sans lésion, les objets les plus précieux, et que les sciences anthropologique, paléonthologique, préhistorique, se doivent d’employer et de joindre à leurs procédés ordinaires d’études (ex. : momies, silex, etc.). On dispose de la plaque de verre et de l’épreuve photographique positive sur papier.[1]

b) La photographie, la cinématographie même avec seize vues par seconde, ont utilisé l’action sensible des rayons X. Dans les amphithéâtres de médecine, on projette des films où apparaissent le mouvement d’un squelette, le jeu d’un muscle ou la contraction d’un estomac occupé à la digestion. La radiographie ne montre que des ombres, l’ampoule n’éclaire pas, elle peint des ombres chinoises sur la paroi.

Les rayons sont des outils de diagnostic et de reconnaissance de la maladie : ils sont en outre des remèdes. Les rayons Rœntgen ont donné lieu à de nouveaux documents : les Photogrammes des images produites par le merveilleux instrument. La clarté des films dispense de tous les raisonnements, du flair de jadis. La chirurgie de fractures devient presque banale. Les images des poumons, de l’estomac, du pylore, du rein, de la vessie, tous organes qui peuvent être anormaux et sont relevés. Avant le XIXe siècle, avant Laennec, le tronc était comme une terre inconnue. L’art de la percussion et de l’auscultation furent l’objet de sarcasmes pendant des années ; aujourd’hui il suffit de voir. Le rayon Rœntgen s’applique en masse. En Suisse, toutes les recrues passent devant l’écran afin que l’on puisse voir la tuberculose débutante et compensable.

6. Projections diverses.

Le Dr Manfred de Manheim a construit une machine à projection sur les nuages à hauteur de 800 à 1,000 m, et visibles à plusieurs kilomètres de distance. Voilà le ciel appelé à jouer pendant la nuit le rôle de la feuille de papier sur laquelle toute pensée pourra s’inscrire, le rôle de l’écran sur lequel se projette la photographie ou le plan.

242.4 Archives (pièces, collections, dépôts).

1. Notion.

Les archives constituent une partie de la documentation générale. Non seulement leurs méthodes et leurs installations se transforment, mais aussi la conception de leur objet. « Archives » (écrit avec une majuscule) désigne soit le bâtiment (dépôt) des Archives, soit l’ensemble des collections y conservées, soit encore l’administration des Archives. « Archives » (écrit avec minuscule) désigne une collection déterminée, importante ou non ; l’expression est synonyme de collection ou fond d’archives. Un fond d’archives est l’ensemble des documente écrits, dessinés ou imprimés, reçus ex officio par une administration ou par ses employés, ou émanant d’eux, pour autant que ces documents étaient destinés à reposer sous cette administration ou ces employée.[2]

Par archives, on entend donc 3 choses :

1° la collection des documents publics et privés constituée par les pièces reçues ou rédigées officiellement par une administration ou l’un de ses fonctionnaires et qui lui servent de preuve ou témoignage ;

2° le local où cette collection est conservée ;

3° l’administration qui a leur garde et leur gestion.

2. Historique.

Les anciens conservaient dans leurs temples les archives, de même que le Trésor public. Dans les premiers temps de la monarchie française, les rois se faisaient suivre de leurs archives en voyage et même à la guerre, les exposant ainsi à bien des dangers. Sans parler ici des archives des autres États, ni surtout des archives incomparables du Vatican, les Archives nationales françaises furent vraiment organisées sous Louis XIV (1688). Elles ont été réorganisées en 1870 et rentrent dans les attributions du ministère de l’Instruction publique. Elles comprennent trois sections : historique, législative et judiciaire, administrative et domaniale.

Les collections publiques les plus anciennement classées sont le trésor des chartes, les archives des Parlements et de la Cour des Comptes. Les grandes collections formées par des particuliers ont donné à Colbert l’idée d un système général de conservation et de classement des archives nationales. On organisa d’abord celles des ministres. Clairambault, le jeune, sous les ordres de Louvois, réunit les Archives de la Marine à St-Germain-en-Laye, et

  1. La Radiographie en Anthropologie et en Préhistoire, par le Dr Foveau de Courmelle. Revue Mondiale, 15 nov. 1920, p. 177.
  2. Cuvelier. — Bulletin de l’Association Bibl. et Arch. de Belgique, 1908. p. 40.