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LE LIVRE ET LE DOCUMENT

La lecture d’une partition est un prodigieux effort d’esprit dont on a peine à se rendre bien compte. Les partitions des opéras de Strauss ont jusque 32 portées.

f) On a créé des systèmes de sténographie musicale permettant de réaliser des dictées musicales sans arrêt, sans répétition, tout comme s’il s’agissait de la sténographie d’un texte littéraire. La notation ordinaire est renforcée par des signes réduits à leur plus simple expression. La notation ordinaire est illogique comparée à la valeur représentée : les notes longues y ont des signes simples (rondes et blanches) et s’écrivent par conséquent rapidement ; les autres notes, plus lentes à écrire peuvent être remplacées par des points placés au-dessus ou au-dessous des signes conventionnels. Les silences affectent la même forme que les notes, mais en plus grand.[1]

g) On a imaginé un système permettant l’analyse harmonique complète de toute œuvre ancienne ou moderne.[2]

242.56 Partitions musicales. Bibliographie.

1. Partitions musicales.

a) L’œuvre musicale écrite est immense. Certains musiciens ont été d’une grande abondance. L’édition de Haydn actuellement en cours ne comprendra pas moins de 80 volumes.

b) Les auteurs ont un numérotage continu de leurs œuvres. On dit un numéro de musique. La chronologie et les opus ne correspondent pas toujours. Il en est ainsi de l’œuvre de Beethoven.

c) Les œuvres musicales ont un titre tiré soit des circonstances de leur production, soit de leur forme musicale, soit de quelque particularité de leur structure, soit encore purement conventionnel. Les musiciens numérotent généralement leurs œuvres (Opus n°…). Certains ne l’ont pas fait, tels Mozart et Haydn, mais il y a été procédé dans les catalogues consacrés à leurs œuvres.

d) La musique donne lieu à divers procédés de reproduction. Elle est gravée ou lithographiée, mais d’une manière générale sans grand progrès depuis le temps de Bach.

Il existe maintenant de la musique typographiée. Ce genre de composition nécessite des spécialistes entraînés. Peu d’imprimeries en possèdent les « casses » et c’est là une grave lacune.[3]

Enfin, les grandes œuvres musicales modernes n’existent pour la plupart qu’en manuscrit. Une partie seulement est éditée. On continue à copier la musique comme au moyen âge on copiait les manuscrits.

e) On distingue la musique (composition musicale) d’une part et la littérature musicale (ouvrages sur la musique, histoire, théorie, exécution, critique, etc.) d’autre part. La littérature musicale est très étendue. Elle est traitée comme les ouvrages imprimés sur n’importe quelle autre matière.

2. Catalographie. Bibliographie.

a) La catalographie musicale s’opère suivant des règles que la pratique a peu à peu introduites et que l’on tend à codifier. Les principales caractéristiques relevées quant aux œuvres sont le n° de l’auteur, le titre de l’œuvre, son n° d’opus dans l’œuvre totale de l’auteur, sa longueur en pages, le nom et l’adresse de l’éditeur, comme dans la catalographie des livres.

b) Il existe d’excellentes bibliographies musicales : le Handbuch de Aber, la Littérature of Music de Matthew, la Study of the History of Music de Dickinson, la Bibliographie des bibliographies musicales de Brenet (152 p.), l’Universal Handbuch der Musikliteratur de Pazdirek.

Au Congrès international des Éditeurs (Bruxelles 1933) le Dr Aber a traité de l’établissement d’une bibliographie musicale internationale.

c) On possède d’importants catalogues de bibliothèques musicales : Boston Public Library, Allen A. Brown Collection, British Museum, etc. J. B. Kaiser (Library Journal 50, 1925, p. 700-04) a proposé un catalogue sur fiches comprenant les cinq grandes bibliothèques de Paris.

242.57 Diffusion de la musique.

La diffusion de la musique a été aidée : 1° par les contacts de personnes et des peuples, par les voyages. Ainsi, en Roumanie, les tziganes nomades et musiciens ont beaucoup fait pour répandre la musique populaire ; 2° par la notation musicale et la multiplication des partitions ; 3° par l’organisation de sociétés musicales, orchestres, concerts, théâtres ; 4° par les instruments de musique mécanique (orgues mécaniques, pianos, orchestrions) ; 5° par la T. S. F. Elle a rendu accessible aux différents peuples, même aux plus renfermés, la musique populaire des autre nations. On a pu, à travers cette musique, obtenir une vue propre et merveilleuse de l’âme même des races les plus diverses. Les postes de diffusion roumains, serbes, slovaques, polonais, russes, syriens, norvégiens, etc., ont accordé une place importante dans leurs programmes à la musique populaire de leur pays. Ils ont offert ainsi au public le trésor des richesses ethnographiques à peine accessibles auparavant et seulement au prix de recherches et d’études, à une élite de spécialistes. Ainsi la radio de Budapest a été pour la musique tzigane une renaissance inespérée.

  1. Système de sténographie musicale de Fernand Masny. La Louvière (Belgique).
  2. H. Riemann : Les éléments de l’Esthétique musicale, éd. française par G. Humbert.
  3. Gambles, William. — Music Engraving and Printing (London, Pittman 1923).