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SUBSTITUTS DU LIVRE

On a réalisé des dispositifs publicitaires sous forme d’effigies coloriées en carton, bois ou métal, pouvant êtres placés debout dans les vitrines. Le procédé est susceptible de généralisation et de prendre place dans les expositions et musées.

Dans les tableaux lumineux (Lichttafeln), certaines parties sont transparentes et la lumière électrique, projetée à travers elles, fait apparaître à volonté tantôt l’une, tantôt l’autre, tantôt toutes simultanément.

Le tableau magnétique (Magnettafeln) sur des surfaces magnétisées ; les objets à talon métallique qui y sont placés peuvent demeurer fixés sans aucun lien et être déplacés à volonté selon les besoins de la démonstration.

c) L’étude par l’objet réel prend une importance croissante. Les travaux manuels sont de plus en plus à la base de tout l’enseignement à raison de leur caractère concret, intuitif, pratique et expérimental. Désormais l’enfant apprendra autant par la main et l’outil que par le cerveau et le livre.[1]

Il y a lieu maintenant de créer un matériel auto-éducatif pour toutes les matières de l’enseignement, de mettre en rapport les uns avec les autres tous leurs éléments.

6. Jeux didactiques.

a) On se sert de jeux éducatifs pour favoriser l’éveil de l’enfant et permettre de nombreuses répétitions des mêmes notions. Les jeux incorporent donc des idées, des notions, des problèmes et par là sont des documents.[2]

Les jeux éducatifs permettent de réaliser l’individualisation du travail et la répétition des notions par des exercices spéciaux. On multiplie les jeux didactiques. (Par ex. les jeux d’Histoire, le Jeu des Nations pour l’initiation à la Société des Nations). C’est un matériel qui a des affinités avec la documentation. Tandis que le livre est statique, le jeu est dynamique. On procède en quelque sorte à une démonstration successive selon une ratio que détermine ou le sort ou un calcul. Le jeu intéresse, il captive l’attention de la jeunesse, il passionne même les grands. Mais le jeu ordinaire n’est en général le véhicule d’aucune connaissance. Que de notions n’auraient pas pénétré le corps social si les jeux de cartes, de dominos, de dames, d’échecs avaient eu des significations analogiques au lieu de se maintenir avec leur sens étroit et vaguement historique. (Origine et histoire du Tarot.)

b) Il faut s’étendre sur le sens du terme jeux éducatifs et élargir la question. La psychologie a assimilé le jeu à l’activité normale. En jouant l’enfant est lui-même. L’adulte plus tard continue à jouer en réalisant sa vie. Quand joue-t-on ? Difficile à dire. Il y a jeu, dit-on, lorsqu’il n’y a pas action, but sérieux, mais « puéril ». Le jeu est synonyme alors d’occupations futiles, de distractions pures qui peuvent quelquefois reposer l’esprit, mais n’ont le plus souvent d’autre effet que de le soustraire à l’action du temps si lourd pour les esprits futiles.

c) Tout jeu, tout sport est une lutte : l’homme contre l’homme, contre les forces de la nature, contre lui-même. Il y a possibilité de succès et de défaites alternatives de l’un ou de l’autre, spectateurs associés à la lutte, assistant au déroulement de ses péripéties, intéressés éventuellement par des enjeux.

En somme il y a sinon une représentation d’une idée comme dans le spectacle proprement dit, dans la fête, au moins la marche vers un résultat préfiguré, espéré, assigné comme fin à l’action.

Beaucoup de jeux ont un matériel qui par de certains côtés sont assimilables à des documents (objets documentaires). Ici (jeu de l’oie) il s’agit d’une course à obstacles imaginaires et représentée sur un carton. Jeux de cartes dont le plus complexe et qui va en se complexifiant sans cesse est le bridge (développement du whist). On doit faire se succéder une série d’actions déterminées par le hasard ou le calcul.

Une troisième forme est représentée par la marche de pièces à significations diverses et propres à travers des tracés géométriques, pièces ayant chacune leurs propriétés, partant leur signification, et donnant lieu à des relations, pièces dont la mise en mouvement vers le but est déterminé aussi par le hasard ou le calcul (tric-trac, dames, échecs, où tout est constamment visible).

d) Le jouet d’enfant se rapproche de plus en plus des instruments de démonstration et du matériel didactique (jeux éducatifs). Ce sont d’une part les jeux de construction, les lanternes magiques et les appareils de projection qui ne peuvent servir que comme jouet.

Nombre de jeux didactiques sont établis sur simples cartons.

Le genre poupées est largement « représentatif ». Il y a des poupées de tout genre, les bébés personnages, poupées mascottes, fétiches, poupées pour théâtres guignols et théâtres de marionnettes, théâtres d’ombres, les poupées décoratives qui ne sont pas des jouets. Il y a les animaux en étoffe, en caoutchouc ou en autres matières.

Les passe-temps eux-mêmes prennent une forme documentaire, les problèmes de bridges, les mots croisés, le jeu des « batailles navales », etc.

  1. A. Nyns. — Les travaux manuels à l’école primaire. Bruxelles 1910, broch. 24 p.
  2. Il primo libro dei Conti C. dei Giochi. G. B. Parairo. — E. E. Smyth. Teaching Geography by Probleme 1925. — Matériel Herbinière-Lebert donnant des chiffres, des couleurs, des formes, des lettres de l’alphabet. Jeux auto-correcteur. (Paris Nathan.) — Meccano est le jeu qui a rendu populaire l’art de l’ingénieur.