Page:Otlet - Traité de documentation, 1934.djvu/228

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
243
221
SUBSTITUTS DU LIVRE

parmi les plus expressives. En une trentaine de leçons, on peut acquérir un vocabulaire très suffisant pour les besoins de la vie courante. En faisant comprendre, imiter, répéter, l’appareil permet d’assimiler naturellement la phonétique, l’articulation en même temps que l’on suit un cours de grammaire et de syntaxe basé sur les conversations que l’on entend et que l’on suit sur des textes ce que l’on entend. Un simple livre silencieux ne peut donner cela.[1]

e) M. L. Heck, directeur du Jardin Zoologique de Berlin, a publié la relation de son voyage d’exploration en Afrique orientale en joignant à chaque volume un disque sur lequel sont enregistrés les cris des animaux qu’il a capturés et dont question dans son ouvrage.

f) Enregistrement de la parole dans les assemblées. — La « Filene-Findley Instantaneous Interpretation system » a permis la traduction simultanée de discours dans les assemblées, chaque auditeur ayant à sa disposition des écoutes téléphoniques pour entendre la traduction du langage de son choix. On peut entendre en anglais, français, allemand, espagnol et éventuellement dans d’autres langues au choix. On a cherché un appareil permettant en même temps l’enregistrement automatique électrique de tous les discours et supprimant la sténographie. Le nom des orateurs et le texte des amendements sont projetés sur l’écran.

g) On peut obtenir des enregistrements sonores sur des disques ou des films transparents et faire annoncer l’heure par une source lumineuse, une cellule photoélectrique et un système de miroirs mobiles et d’obturateurs permettant de recueillir les enregistrements dans un ordre réglé par une horloge mère.

h) À l’aide d’un écran lumineux reproduisant son regard et de disques phonographiques répétant ses conseils, le Dr. Radwans parvient, rapporte Tout (21 août 1932), à provoquer la suggestion voire l’état d’hypnose.

6. Industrie.

Le phonographe est devenu une grande industrie. Les usines de la « La Voix de son Maître » à Hayes (à 12 milles de Londres) constituent toute une ville de neuf mille âmes — une agglomération de grands buildings — d’où sortent chaque semaine des dizaines de milliers d’appareils. Il existe un syndicat international, dont la fusion récente des entreprises Gramophone et Colombia a consolidé la position. La production coopérative des disques de phonos a été commencée, en lutte contre le syndicat par la « Kooperativa Förbundel » suédoise. Celle-ci vend les disques aux 2/3 du prix du monopole.

La matière sonore fait l’objet de grands trusts, de grandes combinaisons financières. Le trust de la Société Internationale d’acoustiques Kuchenmeister et de ses sociétés sœurs du Film parlant, de l’Ultraphone, du Radio, de l’Orchestrola Vocalion, du Telegraphon. L’une des sociétés produit 17,500 disques de gramophones par jour, une autre 35,000.

Les grosses firmes phonographiques ont à elles leurs studios, leurs appareils enregistreurs, leurs procédés particuliers et aussi leurs artistes.

Depuis 1921, la vente des disques de Caruso dans le seul État de New Jersey, a produit la somme de neuf cent mille dollars.

7. Desiderata documentaires. Méthodes.

a) Le disque est une documentation. Il offre de l’intérêt soit au point de vue de la musique, soit au point de vue des paroles. Il y a donc lieu d’en former des collections, de les cataloguer, de déterminer les desiderata de méthode pour faciliter la documentation de et par les disques.

b) Pour les disques comme pour les livres, il y a lieu de distinguer le traitement des ensembles tendant à l’Universel et le traitement propre à des fonds particuliers Des Phonothèques ou discothèques se constituent, sorte de bibliothèque phonographique. Déjà les Américains emploient cette terminologie : « The vast recorded library of the world’s music ». Il est désirable de voir constituer une collection universelle de disques « Phonoteca Universalis » et un catalogue ou inventaire universel des disques. Il est désirable de voir constituer partout des fonds de disques, de les traiter comme partie des collections documentaires en général et de les mettre en harmonie avec la Phonothèque Universelle. Les mêmes règles et principes sont applicables pour les ensembles universels et les fonds particuliers.

c) La standardisation des disques est désirable. Impossible sans elle de constituer des collections. Les disques normaux sont de 25 cm. Il y a des disques de 12, 25 et 30 cm.

8. Collections. Catalographie. Classement.

a) Collections. — On a, sous des noms variés, constitué des collections de disques (Phonothèque, Discothèque). On a formé notamment des collections relatives aux enregistrements d’ethnologie, de folklore musical et chanté, à la voix des grands hommes et des grands orateurs, à la diction, au chant, à l’exécution des artistes.

L’Institut Phonétique, commun aux Facultés de Médecine, Sciences et Lettres de l’Université de Paris, possède

  1. Linguaphone. Conversational course. Le cours consiste en 30 leçons au gramophone ; chaque leçon comprend trois parties. Une description parlée, une conversion pratique, une page entière d’illustrations dépeignant le sujet de la leçon. Les illustrations donnent lieu aussi à des tableaux muraux de 30 × 40 pour les classes inférieures. Vocabulaire de 3,000 mots. Le cours de Linguaphone existe aussi en français. Le Pathégraphe a aussi réalisé un cours de langue.