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LE LIVRE ET LE DOCUMENT

le Musée de la Parole et du Geste (anciennes Archives de la Parole) ; spécimens de tous les parler du monde, langues, dialectes et patois, mélodies populaires.[1]

La Phonogram-Archiv-Kommission des K. Akademie des Wissenschaften a rassemblé une collection de plusieurs milliers de cylindres, accompagnés de la documentation correspondante. Une institution semblable fonctionne à l’Université de Berlin.

Le British Museum conserve une collection nationale de disques de phono.

b) Classement. — Le classement des disques soit dans les collections, soit dans les catalogues, peut donner lieu à trois ordres différents. A) Alphabétique par compositeur-auteur des paroles ou du texte, par artistes, par titres des œuvres. B) Par firmes. C) Par matière établie selon la Classification décimale, ou catalogue par genre. Les grandes rubriques peuvent être : 1° opéra, opéra comique, opérettes classiques ; 2° mélodies, romances classiques ; 3° chansons, monologues, rires ; 4° soli et ensembles instrumentaux ; 5° orchestre, symphonie, musique militaire, fantaisies, etc. ; 6° danses ; 7° musique religieuse ; 8° textes. On se limite aux grandes rubriques. Sous chacune, le classement est fait par ordre alphabétique d’artistes, d’instrument ou d’orchestre.

c) Catalographie. — L’extension du disque rend désirable l’établissement de catalogues aux notices bien écrites, au classement bien fait, à la publication bien ordonnée. Chaque grande firme publie son propre catalogue, certaines discothèques établissent le leur. Un Catalogue Universel des disques est devenu utile en liaison avec le Catalogue Universel des Livres.

Les notices des disques peuvent prendre la forme et les dispositions des notices bibliographiques. Ainsi elles comprendront : 1° nom d’auteur ; 2° titres ; 3° date de l’œuvre ; 4° genre d’instrument et de voix ; 5° nom de l’artiste ; 6° firme ; 7° n° d’ordre dans le catalogue de la firme et couleur d’étiquette ; 8° diamètre des disques ; 9° nombre de parties ou de disques ; 10° date de l’enregistrement du disque. Exemple :

Boieldieu. 1887. — Le Calife de Bagdad, ouverture (orchestre). Disque Odéon, n° 170.093, étiquette bleue, diamètre 30. (Enregistré en deux parties le 1929.11.24).

Les éditeurs de disques pourraient faciliter les opérations de la documentation comme les éditeurs de livres. Il est indiqué d’inscrire sur les disques mêmes toutes les caractéristiques relatives à leur identification et de joindre aux disques des fiches ou notices de catalogue, éventuellement d’imprimer le texte de la notice sur l’enveloppe de papier.

9. Le livre sonore.

La nouvelle invention du « Livre Sonore » permet par le seul mécanisme d’une machine avec un électro-traceur accouplée à un amplificateur d’éditer instantanément un document, un livre, une lettre, pouvant parler. Le livre sonore se présente sous l’aspect de petits rubans donnant lieu à lecture auditive après être passée par un petit phonographe ad hoc.

L’invention part de deux procédés connus :

1° Le procédé qui consiste à graver électromécaniquement à la surface d’un disque de cire les courbes représentatives des ondes sonores gravées par un microphone.

2° Le procédé du film parlant qui permet de tirer rapidement un nombre illimité de copies photographiques (tirage par diagotypie) qui défilent devant une cellule photo-électrique permet, sans usure notable, un très grand nombre d’auditions de longue durée.

L’invention combine les deux procédés et réalise une chaîne de huit transformations d’état physique dont chaque maillon est un usage fidèle du maillon qui précède. 1° On utilise un microphone devant lequel parle le speaker. L’énergie acoustique de la voix est transformée en énergie électrique. 2° Le très faible courant électrique qui prend naissance est fortement amplifié. 3° Le courant amplifié est transformé par vibrateur de courant électrique en énergie mécanique. 4° Cette énergie mécanique est utilisée pour raboter superficiellement le film. 5° Le film, qui porte ainsi sur fond opaque l’image transparente de la vibration sonore, défile entre une lampe et une cellule photo-électrique. L’énergie du faisceau lumineux, qui varie au travers des sinuosités du sillon, est transformée en énergie électrique. 6° Le très faible courant photo-électrique qui prend naissance est fortement amplifié. 7° Le courant amplifié est envoyé dans un haut-parleur qui transforme l’énergie électrique en énergie mécanique vibratoire. 8° La vibration mécanique de la membrane du haut-parleur se trouve transformée en énergie acoustique dont les ondes reproduisent fidèlement celles qui ont, quelques secondes auparavant, frappé la surface sensible du microphone.

Le déroulement du film est à la vitesse de 45 centimètres à la seconde. Les films gravés ou leurs copies peuvent être reproduits dans n’importe quel « lecteur photoélectrique » (phonographe, photo-électrique du commerce) Un grand nombre de sillons pouvant être juxtaposés dans la largeur du film, le Livre Sonore se présente sous la forme d’un disque de pellicule enroulé de 35 millimètres d’épaisseur et d’environ 20 centimètres de diamètre permettant de donner une audition ininterrompue de six heures de parole. Le film original peut être conservé indéfiniment. Le prix de l’enregistrement est bas ; le matériel d’enregistrement peut être installé dans n’importe quel local, la reproduction sonore peut se faire à domicile par des moyens peu coûteux.

  1. Voir La Joie Musicale, 1930, 15 février.