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SUBSTITUTS DU LIVRE

que le mécanisme fait le travail d’adaptation de la rétine, à l’aller comme au retour, si l’on peut dire.

Il donne l’illusion de la vision naturelle, étant en proportion exacte de notre champ visuel. Ce n’est pas une photographie agrandie par une projection considérable, mais une sorte de contre-miroir de l’objet exposé.

L’optique est arriérée d’un siècle. La fabrication de rayons optiques est entrée dans la pratique courante.

« Le problème du relief a sa clef dans la mesure infinitésimale du temps. »

Un jour peut-être le problème de la lecture sera résolu ainsi : lire plus vite.

f) Cinéma en couleurs. — On a inventé le cinéma en couleurs, c’est-à-dire le cinéma qui n’augmenterait en rien le prix de la pellicule, mais nécessiterait seulement l’adjonction d’un petit dispositif d’un prix abordable aux appareils de projection.

M. Legg a monté un appareil photographique inspiré du cinéma, dont l’objectif comprend 22 lentilles. 2,600 instantanés à la seconde. Constatation : l’étincelle électrique ne se meut pas en zigzag, mais selon une spirale très compliquée. L’instantané plus rapide que l’étincelle électrique,

g) On a créé un appareil réalisant l’orchestre pour cinéma. Un seul homme remplace vingt exécutants et peut obtenir des ensembles parfaits d’instruments, aussi bien des solos de flûte, violon, clarinette, etc.

h) En Russie on a posé le principe que le son ne doit pas être le complément du spectacle, mais un nouveau et puissant moyen d’expression du cinéma. On s’y est spécialement attaché aux films dessinés, à l’emploi de poupées au cinéma et à la création mathématique du son.

i) La dernière formule du cinéma américain consiste à transformer la salle de spectacle en une sorte de prolongement de l’écran lui-même. Le cinéma « atmosphérique » est conçu de telle sorte que les spectateurs peuvent s’imaginer participer vraiment à l’action.[1]

j) Les procédés de prises de vues sont nombreux. Le « trucage » du cinéma est tout un art, comme il l’est en photographie. Il s’agit de produire l’illusion. Certaines vues consistent en des déplacements successifs d’objets opérés à la main, tandis que s’arrête la prise de vues.

Pour les comédies animées, telles que celles dont « Mickey » est le héros, Walt Disney, l’auteur, doit produire en moyenne 10,000 dessins.

k) Le cinéma trouve des applications exceptionnelles. Par ex. à l’hôpital : films projetés au plafond. Au théâtre : projection cinématographique sur fond circulaire. Le cinépanorama : cinéma principalement documentaire, où les vues seraient projetées sur la paroi intérieure d’une sphère par un ou plusieurs appareils dont les images se raccorderaient ; ce système permettrait de reconstituer un paysage ou une scène dans son entièreté ;[2] le Planétarium de Zeiss réalise dans le même principe la projection de la voûte céleste.

243.342 LOCAUX. ARCHITECTURE.

a) Pour la prise de film, on a créé des studios ingénieusement agencés. On a vu des cités de cinéma s’édifier, par ex. à Rome et principalement à Hollywood.

b) La salle de cinéma est une création récente. On en a précisé ainsi les conditions : « Plus que toute autre réalisation architecturale, la salle de projection doit répondre strictement à sa fonction. Toute adjonction esthétique y est superflue, l’action se déroulant dans une salle relativement obscure. La salle de cinéma doit être un endroit confortable, d’accès facile, où l’on vient « visionner » et « auditionner » un film et non voir de l’architecture. »[3]

c) Les salles de cinéma les plus avancées contiennent 3,000 personnes et plus. Elles sont meublées de fauteuils Pullmann. Leur écran est macroscopique, la reproduction est sonorisée, les sourds y trouvent des casques amplificateurs.

243.35 Film parlant.

Les films se distinguent maintenant en muet et parlant (cinéphonogramme).

a) Le film parlant est une grande invention. Enregistrant à la fois l’image et le son et les projetant dans un synchronisme parfait, il constitue indubitablement un des progrès les plus extraordinaires. L’inscription du son sur la bande filmée se fait d’après divers systèmes qui ont largement cherché à se contrefaire : horizontalement, verticalement, transversalement. On a cherché à faire à la plume des inscriptions directes sur la partie de la bande réservée à l’enregistrement du son : la voie s’ouvre ici à des combinaisons illimitées.

b) Au point de vue artistique, quelques esthètes protestent avec véhémence. Le film parlant, disent-ils, cesserait d’être une interprétation, il ne serait qu’une copie servile de la réalité. Mais d’autres, au contraire, répliquent que du film parlant naîtra une esthétique nouvelle.

Pirandello a dit : « Les personnages de cinéma sont des images, des fantômes : les fantômes ne parlent pas, ce serait macabre et effrayant. Les images du film sont distantes, lointaines et la voix résonnera toute proche. Le cinéma est le langage des apparences et les apparences ne parlent pas. Le vrai langage est la musique. Il faut ôter le cinéma de la littérature et le mettre dans la musique, car il faut que le film soit le langage visuel de la musique.

  1. Le Courrier Cinématographique, 3 déc. 1932.
  2. Projet P. Otlet, reprenant les essais des frères Lumière.
  3. G. Herbosch. — Étude théorique sur les salles pour projections de cinéma sonore. La Cité. 1933, p. 21.