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LE LIVRE ET LE DOCUMENT

cinctement pour indiquer la justification, l’interlignage, les caractères, voire les machines sur lesquels il doit être composé. On conseille que le manuscrit passe aussi sous les yeux du correcteur.

c) Composer, c’est assembler les divers matériaux mis par le fondeur à la disposition du typographe (lettres, blancs, espaces, cadrats, interlignes, lingots, garnitures, vignettes), c’est constituer ainsi des lignes, des pages, des tableaux et en faire des blocs à quadrature parfaite prêts à être imposés d’abord, tirés ensuite.

On a appelé du nom de graphisme l’ensemble des conditions de la typographie du livre. C’est le résultat d’une collaboration entre l’imagination de l’auteur et des artistes, et les nécessités ou limitation de la machine.

Le livre doit être, au point de vue du graphisme, le résultat de la collaboration de l’écrivain, de l’imprimeur et du lecteur. Ils ont chacun des exigences inconsidérées souvent de l’autre. C’est un compromis entre les trois sortes de desiderata.

L’auteur doit connaître l’essentiel de l’imprimerie, les ressources qu’elle offre pour le graphisme de la pensée. Il doit intervenir auprès de l’imprimeur.

L’auteur fera bien d’accompagner son manuscrit d’une note de recommandation à l’imprimeur. Il y reproduira les différents éléments du livre ou document et indiquera son choix, sa décision ou ses préférences. Par ex. : caractère, corps, justification, titres, pagination, etc.

L’art d’imprimer est tout un art, et bien des procédés existent qui permettent à des industriels peu scrupuleux d’imprimer le minimum de texte sur le maximum de pages. Lors de la fixation de prix, l’attention sera portée sur la largeur de la justification, la grandeur des caractères, l’espace des interlignes, le placement des titres au départ des lignes avec texte continué plutôt que leur placement au milieu de pages.

5. — Procédés de reproduction.

a) Un principe technique domine toute la reproduction. Ligne ou image ne s’expriment originairement que par une opposition d’ombre et de lumière. C’est elles qu’il s’agit de reproduire et de multiplier. Trois grands moyens : 1° une matière (encre, couleur de toute espèce) qui appliquée sur la partie de la surface à reproduire va se transposer sur la surface substratum de la reproduction. La matière sera ou en creux ou en relief, toutes deux pouvant également recevoir la fine lamelle d’encre à transposer. La matière sera d’une pièce comme dans le bloc gravé ou le cliché, ou sera faite d’éléments mobiles servant à composer les ensembles comme les caractères typographiques. 2° La lumière transperçant la surface écrite ou immergée ou se réfléchissant sur elle et allant, à la même grandeur, diminuée ou agrandie, la reproduire sur une autre surface soit d’une manière fugitive, soit d’une manière permanente (photographie sur verre, sur papier). 3° La combinaison de la lumière et de la surface, l’image projetée venant se fixer sur une matière avec des creux et des pleins suffisants pour en constituer à son tour une matrice fixe rentrant dans la première catégorie.

b) L’écriture s’opère directement (par ex. plume, crayon) ou à l’intermédiaire d’un tiers corps (par ex. composition en caractères d’imprimerie). On écrit sans duplicata (copie à la presse, écriture à l’encre à copier ; copie carbone obtenue à l’aide d’un crayon, d’une pointe spéciale, d’un très fin stylo ou de la machine à écrire).

c) Il y a divers procédés d’impression, dont les principaux sont la typographie et la lithographie. La typographie repose sur les caractères d’impression mobiles composée à la main, ou sur les caractères composés à la machine, soit ligne par ligne (linotype), soit caractère par caractère (monotype). La lithographie est le procédé d’impression par lequel on obtient sur une feuille de papier ou de métal l’empreinte de ce qui a été écrit, dessiné, gravé ou reporté sur une pierre de nature particulière.

d) Cliché. — On établit à l’aide d’un métal fusible des planches solides qui reproduisent en relief l’empreinte d’une composition typographique, d’un dessin, d’un bois gravé et qui peuvent être utilisés pour le tirage de multiples exemplaires. Le cliché, c’est le relief en métal obtenu par les procédés de clichage, sur lequel est exécuté le tirage en série d’une composition typographique, d’un dessin ou d’un bois gravé.

1° Plomb ou stéréo : obtenu en coulant dans un flan préparé (carton fait avec des feuilles de papier superposées) de l’alliage à caractères d’imprimerie qui, après solidification, est aplani et dressé à l’envers. 2° Galvano : obtenu avec des pots galvanoplastiques de cuivre dans un moule, ou une empreinte, exécuté soit en plomb, soit plus généralement en gutta percha ou en cire. La coquille de cuivre ainsi obtenue est placée & l’envers, puis consolidée en y coulant de l’alliage à caractère ; l’envers est ensuite raboté et monté sur bois. 3° Cliché zinc : clichés typographiques obtenus par photogravure sur zinc. 4° Simili : le cliché simili est la reproduction d’une photographie au moyen de la similigravure. 5° Trait : le cliché au trait est la reproduction d’un dessin exécuté à l’encre noire sur un carton blanc et ne représentant aucune trace de demi-teinte, donc rien que des traits et des points noirs sur blanc. En allemand et parfois en anglais, on désigne par autotype le procédé connu en France et en Belgique sous le nom de similigravure. Par héliogravure, on désigne tous les procédés de gravure faisant intervenir la lumière. Le mot est aussi appliqué comme synonyme de photogravure, terme qui désigne des procédés conduisant à l’obtention de planches gravées en taille douce dont les noirs sont creux. La photogravure comprend les procédés utilisant la photographie pour l’obtention de planches ou de clichés gravés et destinés à l’impression typographique. En anglais et en allemand, ce mot désigne exclusivement