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FACTURE MATÉRIELLE

les procédés connus en France et en Belgique sous le nom de « Héliogravure ». Par photomécanique, on désigne les différents procédés utilisant la photographie pour la création d’un cliché,

e) Depuis 1910, deux nouveaux modes d’impression ont fait leur apparition et après de longs et pénibles essais et tâtonnements, se sont imposés par la rapidité d’exécution et la beauté de la production. L’un est la Rotogravure ou photogravure rotative en creux, qui utilise des cylindres de cuivre gravés en creux ; l’autre est la Rotocalcographie ou impression off-set, qui procède du report sur blanchet ou étoffe caoutchoutée (rotoprint).

f) Reproduction des images.

Il y a aujourd’hui trois modes principaux de reproduction des images : 1° Impression en relief : les images se présentent sous forme de clichés au trait ou de clichés tramés (similigravure). 2° Impression planographique : l’image ne comporte aucune dénivellation, aucun relief. Elle est étendue sur une pierre ou sur une plaque de zinc préalablement recouverte d’une couche sensible et seule la préparation que l’on fait subir à cette plaque empêche l’encre de se reposer sur l’image toute entière (procédé lithographique ou Offset). 3° Impression en creux : à l’inverse du procédé en relief, le cliché est formé d’une multitude de creux de profondeur variable, dans lesquels l’encre se dépose plus ou moins profondément. Une raclette nettoie le relief (procédé héliographique tramé ou au grain de résine).

g) De nouveaux procédés de reproduction sont inventés tous les jours, pour la multiplication à petit ou à grand nombre. La reproduction d’éditions originales épuisées est faite par des procédés zinco-photographiques ; les procédés de revivescence des encres d’imprimerie (anastatique), des procédés de calquage, du « noir-blanc » (Schwartzpresse). Pour la reproduction en petit nombre d’exemplaires, on dispose aussi de nombreux moyens tels que les hectographes (chromographes à base de gélatine) et les machines à stencil. Après les procédés à la lumière et la plaque, la photo-chimie pourra trouver d’autres succédanés à la vieille typographie : l’impression aux rayons X. Elle doit pouvoir impressionner les feuilles par masse sans qu’on soit obligé de les déployer devant les presses.

h) La documentation normale repose sur le sens de la vue. Une documentation spéciale a vu le jour pour ceux qui sont privés de ce sens, les aveugles. Un système d’écriture-lecture a été inventé reposant sur le sens tactile, des appareils ont été créés pour mettre en œuvre le système et chaque jour s’accroît le nombre de documents. On a réalisé d’autre part la composition de la musique par des procédés typographiques.

6. — Caractères.

a) Les caractères sont fondus. De vastes établissements industriels sont consacrés exclusivement à cette opération.

b) Les caractères des premiers livres imprimés sont lourds et archaïques, difficiles à déchiffrer. On cherchait à se rapprocher le plus possible des manuscrits du temps, à les imiter. Puis on améliora, quand l’invention fut dévoilée, mais toujours le caractère restait gothique. Les Italiens les premiers créèrent les caractères romains. Alde inventa l’italique (aldin, cursive) d’après l’écriture de Pétrarque. Alde obtint le privilège de l’emploi exclusif de ce caractère en Italie.

Le roman gravé par Claude Garamond est devenu le type modèle de toute l’Europe, surtout si l’on veut considérer que cette régularité de forme qu’on exige aujourd’hui dans la fonte des caractères n’existait pas dans les types créés il y a trois siècles. Alors l’œil seulement guidait le graveur dans son travail ; aujourd’hui il dispose d’instruments de précision qui permettent de donner aux poinçons et aux matrices une justesse mathématique. En 1592, les Elzévir font graver leurs caractères. Ce qu’on a cherché, ce sont les formes régulières afin de faciliter la lecture des caractères.

c) Dans un même ouvrage, tous les types de caractères employés doivent appartenir à la même série : l’unité de l’œuvre l’exige, Au sujet de la grosseur des caractères, nombre de lettres à la ligne, force de l’interligne, il y a des règles qui ont pour but de réduire au minimum la fatigue du lecteur. Les dispositions de lignes, de forme, de proportion, de lumière, de régularité ont leur importance. Le problème est de laisser le plus de blanc possible tout en donnant aux pleins et aux déliés des lettres la grosseur indispensable pour qu’on puisse les lire facilement même avec une vue médiocre.

d) La Oxford University Press est à même d’imprimer en plus de 150 langues différentes.

e) La hauteur de caractère se mesure soit selon le système métrique, soit selon divers types dont les principaux sont les systèmes Didot et Fournier. Chacun de ces types comporte une série de subdivisions qui sont basées sur le système de points typographiques. Le point typographique vaut deux points ou 1/16 de l’ancienne ligne ; savoir actuellement environ 1/3 de millimètre ou 0.376 millimètre. On a établi en conséquence des lignomètres. Ainsi une ligne, d’après le lignomètre Didot 6, correspond à la hauteur de 2.25 mm. donc à la ligne dite Nonpareille.

Le système typographique Didot fut fondé par Firmin Didot au début du XIXe siècle. Il est appliqué par la plupart des imprimeries françaises et belges. Ce système a perfectionné celui établi au milieu du XVIIIe siècle par Pierre Simon Fournier.

Dans le journal, on mesure la hauteur et la largeur de la surface imprimée d’une page ; le nombre de lignes par page ; le nombre de colonnes par page ; la largeur d’une colonne.