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LE LIVRE ET LE DOCUMENT


253.27 Commerce extérieur.
253.271 EXPORTATION.

Les livres en certains pays ont une réelle importance quant au commerce extérieur. Les statistiques douanières les considèrent au poids. En 1928, il a été importé en France 41, 899 quintaux (livres 12, 702, journaux et périodiques 28, 490, cartes 211, musiques 686). Il a été exporté pour 202, 894 quintaux (livres 44, 806, journaux et périodiques 55, 896, cartes 544 et musiques 122, 894). Il est donc exporté cinq fois plus de livres français à l’étranger qu’il n’est importé de livres étrangers en France.

L’Allemagne a entré en France en deux ans et demi 19 millions de volumes.

253.273 DROITS DE DOUANE.

Le régime douanier des livres est très variable. Au Danemark existe la gratuité du livre. Aux États-Unis les livres commandés par les Bibliothèques ne paient pas de droit.

Dans certains pays, afin de favoriser la presse, les imprimeries et l’instruction en général, l’importation du papier d’impression est libre de droit, ainsi que celle des livres imprimés. (Chili.)

253.28 Installations et coutumes.
253.281 LES LOCAUX ET LES INSTALLATIONS.

La vieille Officine de Librairie change profondément son aspect. Elle prend l’allure ouverte des rayons des grands magasins ; elle n’est souvent que la succursale d’une organisation à branches multiples, elle devient à la fois magasin, stock, montre, cabinet de lecture et bientôt centre d’informations et de renseignements bibliographiques.

L’architecture de notre temps présente ces deux caractéristiques : elle est fondamentale, elle se plie aux nécessités propres à chaque espèce de travail et de destination, d’autre part installation, outillage sont en liaison et soudure directe de l’édifice et des locaux eux-mêmes. L’étalage du libraire ne doit être que la préface attrayante du magasin, de l’office lui-même. Le confort rivalise avec le luxe et la beauté dans les salons de vente. Ambiance raffinée, fauteuils moelleux, fleurs fraîches. Certaines librairies, comme celles de Brentano’s, de Scribner’s ou de Macmillian, sont de véritables palais. Les autres, moins somptueuses, s’efforcent néanmoins toujours de présenter les livres dans un milieu approprié. Que nous voilà loin de ces cubes rébarbatifs de volumes uniformes, embrigadés par rayons, auxquels nous sommes encore, hélas ! trop habitués. Là-bas, le livre se présente dans un décor digne de sa primauté intellectuelle ; il n’est pas le pauvre bouquin auquel on fait moins d’honneur qu’à une quelconque épicerie.

La disposition de l’office de librairie (architecture-installation-classement) a donné lieu à bien des inventions. Ici on s’efforce d’emmagasiner le plus de livres possible ; là on l’installe de façon à permettre aux clients de feuilleter confortablement les livres exposés sur les tables ; ailleurs on tente de séduire le public par une impression saisissante d’abondance et de variété, ailleurs encore la librairie déborde jusque sur le trottoir et l’on revient indirectement aux auvents d’autrefois.

253.282 LES ÉTALAGES.

Le « Publishers’ Weekly » a organisé pendant le premier semestre 1932 un vaste concours d’étalages de librairie dans tous les États-Unis, dont on peut dégager les lois suivantes :

Les meilleurs étalages sont ceux qui s’adressent au plus grand nombre, qui donnent une idée de ce que l’on peut trouver à l’intérieur, qui arrêtent le passant, l’obligent à entrer et le disposent dans l’état d’esprit idéal pour entendre sans résistance le plaidoyer du vendeur. Les bons étalages tiennent le plus juste milieu entre la surabondance et la pauvreté ; ils forcent l’attention par tous les moyens honnêtes ; ils présentent les marchandises a hauteur d’œil, dans une disposition agréable et parlent le plus possible à l’imagination ; ils frappent lorsqu’il est nécessaire de frapper ; ils se font au besoin baroques, étourdissants, mais se parent de dignité avec la même aisance ; ils captent la badauderie par des photos, des affiches, des scènes pittoresques, des curiosités de toutes sortes ; ils présentent un ensemble de livres différents, avec autant d’attractivité qu’un seul titre ; ils offrent des rééditions avec autant d’enthousiasme que la toute dernière nouveauté à 5 dollars ; ils utilisent l’actualité pour soutenir l’intérêt ; ils font connaître les à-côtés de l’histoire du livre ou de l’auteur. L’étalage peut frapper, cajoler, piquer ou exciter, mais jamais il ne peut ennuyer ; s’il vend des ouvrages pour enfants, il les vend aux adultes aussi bien qu’aux gamins ; s’il expose des livres à un dollar, il invite celui qui ne lit pas à le faire et le lecteur habituel à lire davantage ; s’il prône un livre qui doit être lu, il explique le pourquoi ; chaque semaine il est nouveau, frais, attrayant et au goût du jour. L’étalage est le meilleur vendeur. Il faut ne ménager ni temps ni peine et pour le réaliser habilement ; ces efforts paient leur dividende par un accroissement général des ventes et par une recrudescence d’intérêt pour la maison.

Une réforme fut accomplie par la librairie le jour où elle étala les livres au dehors et offrit les livres à tous en permettant d’examiner leur contenu, supprimant ainsi toute surprise à l’acheteur.

On a regretté qu’on n’ait assez tiré parti de la rue pour vendre les livres. — Ni les vendeurs en plein vent