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INVENTAIRES. CATALOGUE

utilisant les recueils et les autres sources de renseignements bibliographiques qu’on fait pratiquement de la Bibliographie.

f) Statistique. — Le nombre des bibliographies s’est accru considérablement. Il existe peut être 100,000 bibliographies et catalogues. En 1897, il y avait déjà à la Bibliothèque Nationale de Paris environ 75,000 titres classés comme bibliographies, dont 60,000 catalogues de bibliothèques et d’éditeurs ou libraires et 15,000 bibliographies spéciales. Et cela sans compter les bibliographies insérées dans les périodiques ou placées dans les ouvrages.

g) Catalographie générale. — La Bibliographie est un cas de la catalographie en général, celle qui concerne le livre.

1. La catalographie en général peut se définir : inventaire, relevé, liste catalogue, cadastre, en vue de connaître la consistance des ensembles de toutes choses (documents, êtres, phénomènes, événements, faits) ; établi à des degrés plus ou moins détaillés ; objectivement (caractères) et aussi subjectivement (appréciation, valeur) ; organisé en des ensembles plus ou moins universels ; donnant lieu à des ordres de classement divers basés sur les diverses caractéristiques et facilitant la recherche des choses ; permettant l’identification de la chose, c’est-à-dire l’affirmation d’un rapport entre un des exemplaires ou individus, et toute la classe décrite au catalogue.

2. Des études sont poursuivies pour l’identification des ouvrages reposant sur les signes (caractères) typographiques et sur le rapport ou substance (papier et filigrane).[1] Cette identification n’est pas sans analogie avec le système du Bertillonnage, système établi à l’origine pour l’identification des criminels et étendu à l’identification de tout groupe quelconque de personnes. On tend maintenant vers un système universel d’identification, reposant sur des signes naturels ou des marques conventionnelles appliquées sur les choses.

3. Le catalogue est, en une certaine mesure, un substitut de la chose, soit que l’on ne la possède pas ou qu’elle est de nature trop étendue, trop encombrante pour être conservée et maniée, soit que n’existant qu’en un exemplaire unique, on ne puisse lui faire prendre place dans des ordres de classement divers.

4. Dans la catalographie des objets, on distingue : la détermination des classes, des types, des choses. Par ex. les espèces végétales et animales que l’on décrit. Et les choses dans leur existence individuelle que l’on dénombre (statistique) et que l’on enregistre ou comptabilise de plus en plus.[2]

h) Étendue des notices. — La notice bibliographique peut prendre la forme représentative, signalétique, elle peut comporter aussi tout ce qu’on dit de la chose (son histoire, sa valeur, ses corrélations). Ainsi la notice bibliographique a une étendue variée : simple citation, insertion dans les prospectus, les résumés, les comptes rendus, les catalogues. La notice va jusqu’à reproduire photographiquement la page, le titre, la table des matières, parfois la préface ou des pages spécimen empruntées aux passages ou aux illustrations les plus caractéristiques. Certains ouvrages donnent lieu à des études très développées (monographies).

i) Extension de la Bibliographie. — La Bibliographie a été étendue dans trois directions : 1° Catalogue des articles de revues, des parties des ouvrages, des passages ou textes particuliers ; 2° notes analytiques de plus en plus étendues, complétant les simples titres ; 3° dispositions répétant les notices ou leurs traductions en plusieurs séries : matière, lieu, temps, éventuellement forme et langue, ordre alphabétique de l’auteur.

j) Défauts des Bibliographies. — La plupart des bibliographies ont comme défaut : 1° leur particularisme : elles sont loin d’embrasser la production internationale, qu’il s’agisse de bibliographies en forme d’ouvrages ou de bibliographies périodiques ; 2° elles sont rapidement hors de date ; 3° la délimitation du champ couvert manque de précision.

k) Desiderata de la Bibliographie. — Les critères d’une bonne bibliographie sont : 1° précision ; 2° complétude ; 3° absence de répétition ; 4° forme bien disposée ; 5° valeur critique ; 6° publication rapide.

La grande pitié des bibliographies, c’est qu’elles sont commencées avec enthousiasme et ne sont pas continuées. Des individualités sont indiquées pour faire le travail, mais elles ne disposent pas de moyens.[3]

Les références bibliographiques doivent être établies avec le plus grand soin. Le trouble causé par des négligences a été mis en évidence par Pierre Butler (Bibliography and Scholarship, In. Bibl. Soc. of Amer. Paper 16. 1922. p. 52-63). Une liste de 80 titres cités dans un certain livre ont pu être identifiés dans un catalogue de Bibliothèque seulement en consultant 3,276 fiches.

l) Bibliographie et Catalogue. — Dans sa forme complète, le catalogue de bibliothèque est une bibliographie, mais il y a entr’eux ces différences. 1° La bibliographie décrit le livre en général, le prototype de chaque livre ou document. Le catalogue décrit des exemplaires déterminés, ceux d’une collection, d’un fond donné. La bibliographie

  1. Haebler. K. — Typenrepertorium der Wiegendrucke. Sammlung Bibliothekswissenschaftliche Arbeiten.
  2. « On connaît en Allemagne l’existence de chaque fusil ». Hitler, 19 octobre 1933.
  3. Souvent les ressources manquent aux organismes. Ainsi le grand Index Medicus fut interrompu quelques mois en 1895, puis continué jusqu’en 1899, date à laquelle il avait paru sombrer définitivement. Alors est fondée la Bibliographia Medica par Marcel Baudoin (dir. Richet-Potin). Elle parait seulement de 1900 à 1908. En 1921, l’Index Medicus reprend, publié par l’Institut Carnegie. Puis sa suite est annoncée sous la direction de l’American Medical Association.