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LE LIVRE ET LE DOCUMENT

tions sont versées à la Library of Congress, Le nombre de ses correspondants est de l’ordre de 30,000, celui des pièces échangées de 60,000. Elle accuse réception des envois sur carte formule.

f) En Russie, le service des échanges est organisé par V. Ο. K. S. (Société pour les relations culturelles entre l’U. R. S. S. et l’étranger). Il est en rapport avec 70 pays ; il a été l’intermédiaire de transmission de 1,422,881 ouvrages de 1924 à 1933. Le nombre des correspondants permanents est de 4,368. Il n’était que de 118 en 1925. Le service provoque les échanges en même temps qu’il centralise les expéditions.

g) Dans sa réponse à la Société des Nations, le gouvernement portugais a présenté l’idée que les conventions internationales d’échange de Bruxelles devraient être exécutées selon un type uniforme et un formulaire commun. Ce gouvernement voit les avantages de la convention « dans la création de bureaux internationaux uniformément organisés et intimement liés entre eux, qui constituent l’instrument d’échange et d’information bibliographique entre les centres de culture intellectuelle des différentes nations (Universités, Académies, Collectivités scientifiques et littéraires) et entre les écrivains et les savants qui veulent entrer en rapport internationalement en échangeant leurs publications répandant leurs pensées ». (Journal de la Société des Nations, septembre 1928, p. 1413.)

h) On peut se représenter ce que serait pour le progrès général une organisation d’ensemble qui généraliserait au monde entier ce qu’a pu faire la Smithsonian Institution pour les États-Unis. Il y aurait 30,000 correspondants, tous des producteurs intellectuels, constituant annuellement dans 70 pays le dépôt de 60,000 publications. Vu ce qui existe déjà, l’organisation d’un semblable réseau d’échange, établi comme partie du Réseau Universel de Documentation, n’est certes pas au-dessus des possibilités actuelles.

255 Description du Livre. Inventaires. Catalogue. Bibliographie.

255.1 Notion.

a) Objet. — La Bibliographie doit renseigner sur l’existence des ouvrages et sur leur valeur. Elle est l’inventaire, la description des ouvrages publiés, indépendamment du point de savoir dans quelles collections ou bibliothèques ils se trouvent. Elle constitue donc la source de nos informations concernant les livres existants et la base de toute documentation. Elle est l’intermédiaire entre les livres et les lecteurs.

b) Modalités. — La Bibliographie est réalisée sous des modalités différentes : a) les recherches bibliographiques auxquelles il est procédé par chacun individuellement et pour des cas particuliers ; b) les recherches bibliographiques auxquelles il est procédé par des organismes dits officiels, services ou instituts bibliographiques ; c) les travaux de catalographie ou bibliographie à l’état de manuscrit ou d’exemplaire original établi ordinairement sur fiches ; d) les travaux à l’état d’imprimé.

c) Fonctions de la bibliographie. — La bibliographie considérée autrefois comme utile est devenue un instrument de travail indispensable. Elle a plusieurs buts (utilités, fonctions). 1° Enregistrer la production intellectuelle à toute fin et dans des conditions de travail scientifique, établir l’inventaire de cette production. — 2° Établir le catalogue et le guide pour les recherches à travers cette production. — 3° Permettre de vérifier rapidement à quel point en est parvenu l’étude d’une question quelconque pour s’éclairer soi-même et éviter les redites : bénéficier de ce qui a déjà été fait et y apporter sa contribution personnelle. — 4° Permettre de suivre l’historique d’une question. L’histoire des idées, de la science, des diverses théories scientifiques se confond largement avec l’histoire des livres, la Bibliographie (par ex. l’Économie mathématique est presque toute entière dans les œuvres de ceux qui, de Isnard, Van Thunen et Cournot jusqu’à Fisher et Moore ont écrit sur ce sujet). — 5° Faciliter l’établissement des antériorités de toute nature (scientifique, technique, en matière de droit d’auteur, en matière de brevets). — 6° Notifier aux intéressés les ouvrages nouveaux dès qu’ils paraissent. — 7° Permettre de comparer les ouvrages. — 8° Mettre en valeur les collections actuelles de livres, de journaux et de revues. Sans bibliographie, elles ne seraient, comme tant de collections d’autrefois, que d’immenses nécropoles.

d) Utilisation. — Il y a lieu de recourir à la Bibliographie, notamment : 1° pour l’établissement d’une thèse ; 2° pour approfondir une question qui parait intéressante ; 3° pour se renseigner sur quelque point de pratique professionnelle ; 4° pour présenter un travail à une académie, une société scientifique, un congrès ; 5° pour élaborer et tenir à jour un cours ; 6° pour écrire un article, faire un livre, préparer une conférence, — Il importe de ne pas ignorer la bibliographie, mais aussi de ne pas s’y perdre. Elle est un moyen et non une fin.

e) Sens et degré du terme Bibliographie. Au premier degré, la Bibliographie c’est la notice aussi exacte, aussi complète que possible d’un écrit, du moment que cet écrit a existé, bien qu’il ne soit pas toujours possible de se le procurer, comme par ex. pour un livre représenté par un seul exemplaire, un livre détruit, etc. La description prend la forme de notice bibliographique. Au 2e degré, la Bibliographie est la réunion et la présentation des notices bibliographiques en recueil limité aux écrits répondant à certaines conditions de fond, de forme ou d’auteur, déterminé par l’objet de la bibliographie et dont les notices ont reçu une certaine uniformité de manière à se présenter comme des unités d’un ensemble. C’est en