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LA LECTURE

possible de l’observation soutenue d’un même point sans que l’image se trouble, est mesurée par la continuité de vision. L’œil est une « chambre noire ». Le cristallin est l’objectif. Il reçoit de chaque point de l’objet éclairé un faisceau de rayons lumineux, qu’il concentre en un point correspondant au fond de la chambre. Le bon éclairage doit répondre à sept conditions : 1. réaliser un éclairement assurant une vision nette ; 2. répartir judicieusement la lumière suivant la destination du local ; 3. éviter les trop grands contrastes d’ombre et de lumière ; 4. éviter l’éblouissement par le trop vif éclat des foyers ; 5. gouverner les reflets ; 6. gouverner les ombres ; 7. assurer la constante propreté des appareils.

c) Attitude hygiénique. — En lisant ou écrivant, tenir le corps droit et sans raideur, de manière à éviter le dos voûté et les déviations de la colonne vertébrale, si fréquentes chez les travailleurs intellectuels. Mieux vaut bomber la poitrine et ramener les épaules en arrière, de manière à donner aux poumons le plus d’espace possible pour se dilater dans la cage thoracique. Utilité d’alterner la position debout avec la position assise. Autant que possible éviter de pencher la tête sur un texte, se servir d’un pupitre, ou tenir le livre à la main à la hauteur des yeux. Ne pas lire ou étudier étendu de tout son long, la tête reposant en arrière, parce qu’il en résulte une plus grande fatigue pour les yeux.

d) La lecture dépend de la lisibilité des textes.[1]

e) Fatigue. — Si les yeux sont fatigués par la lumière ou le travail, les baigner à l’eau bouillie simplement ou par quelque application à eau de camomille, bouillie également, en éliminant toute impureté.

257.93 Technologie de la lecture.

Les conditions optiques du livre imprimé sont les suivantes :

1. Le papier.

a) Épaisseur. — Le papier des livres doit être opaque pour que les caractères imprimés au verso ne transparaissent pas. Il ne faut jamais de « buvard » qui laisse fuser l’encre dans l’impression et tache la page opposée.

b) Couleur. — Les papiers très blancs, bleuâtres, gris ou glacés sont à rejeter à cause des reflets ou de l’insuffisance de lisibilité.

La meilleure teinte est la couleur bois (Javel) très reposante, la couleur crème (Risley), la couleur rose, la teinte blanc mat et terne.

Le papier dit double carré de 22 kg. à la rame est d’une épaisseur courante très convenable.

2. Caractères.

a) Famille. — L’impression en caractères latins doit être préférée (Soenneken). Elle devra être parfaite pour éviter les bosselures. Les caractères gothiques, grecs, etc., de lisibilité plus difficile sont à éviter. Javal le premier a insisté sur la visibilité et la lisibilité des caractères d’imprimerie.

b) Grandeur. — Javal propose un nombre de lettres de 6 ½ par centimètre, et qui correspond au caractère dit « 9 points » ou « gaillarde ».

Colin et Weber sont du même avis, en proposant le caractère d’un millimètre et demi ; mais ils le considèrent comme un minimum. Risley pense qu’il doit avoir 3 mm. de hauteur, 0.25 mm. d’épaisseur.

c) Forme. — La forme carrée, aussi large que haute, paraît préférable.

d) Œil. — L’œil du caractère dépendant de la largeur de la lettre et de l’épaisseur du trait, doit être de grosseur moyenne.

3. Lignes.

a) Longueur des lignes. — La longueur des lignes ne devrait pas excéder 8 à 10 cm. (Javal, Berlin) avec 50 à 60 lettres.

Dans le format in-quarto, il sera préférable de disposer le texte en deux colonnes, séparées par un intervalle de 3 à 4 millimètres.

b) Interlignes. — L’interlignage sera en rapport avec la grosseur des lettres. Dans le cas de caractères petit-romain, il aura 2.5 à 3 millimètres.

257.94 Le rôle du livre et la lecture dans l’enseignement par soi-même. — L’autodidaxie.

a) Notions de l’Enseignement par soi-même. — Le terme autodidaxie (auto : soi-même ; didasco : j’enseigne) s’emploie pour désigner l’art d’apprendre sans maître, le talent de s’instruire et de se former soi-même sans école ni enseignement systématique (self education). Aujourd’hui l’école en réalité forme chacun mais il est nécessaire de se développer par soi-même, de se maintenir au courant. Les médecins, les physiciens, les chimistes, les techniciens qui ont fait leurs études universitaires ou polytechniques, il y a un quart de siècle et qui n’ont pas suivi par une documentation permanente les progrès de la science, ne s’y retrouvent souvent plus par suite des modifications apportées dans les théories aussi bien que dans leur application. L’historien Gibbon a pu dire : Tout homme reçoit deux éducations, l’une qui lui est donnée par les autres, la seconde beaucoup plus importante qu’il se donne à lui-même.

b) Développement historique. — Pour des raisons différentes, l’Angleterre, l’Amérique, la Russie et la Pologne

  1. British Medical Research Council, Report on the legibility of type by R. L. Pyke, 1926, et le chapitre de Koopman, Booklover and His Books, Boston, 1927.