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BIBLIOTHÈQUES. COLLECTIONS

tous les autres sur la même question, que posséderait la bibliothèque.

2. Méthode. — Les méthodes pour l’organisation des bibliothèques en général sont applicables aux bibliothèques des particuliers, notamment en ce qui concerne le placement des ouvrages sur les rayons et le catalogue.

3. Organisation d’ensemble. — Le Docteur L. Berczeller (Vienne) a étudié la condition des bibliothèques privées et proposé une organisation très intéressante de ces bibliothèques basées sur les chiffres qu’il présente. Un travailleur intellectuel lit en moyenne journellement l’étendue d’un volume d’une valeur de 10 Mk., soit 3,000 Mk. par an, et comme sa durée moyenne de capacité et de travail est trente-cinq ans, cela fait, avec l’intérêt, 200,000 Mk. À la fin de sa vie, le travailleur serait donc théoriquement en possession d’une bibliothèque de plusieurs milliers d’ouvrages ayant coûté une somme élevée et nécessitant un espace étendu ; en se basant sur le lecteur type au volume par jour et à l’existence de 100,000 travailleurs travaillant dans les seules sciences naturelles, on arrive à un capital de 5 milliards de Mk, qui aurait à être investi dans ces bibliothèques privées, si elles étaient rationnellement constituées. Ces chiffres montrent la nécessité des bibliothèques publiques dont les fonds sont communs.

4. Bibliothèque familiale. — Il est tout un apostolat à organiser : répandre parmi les peuples et la petite bourgeoisie le goût de la bibliothèque familiale jointe à la table d’études des enfants.

5. Bibliothèque de Bibliophiles. — À côté des bibliothèques privées, il y a celles des bibliophiles. Ces dernières sont basées sur le choix de livres beaux et rares. Peu étendue en général, toutes les opérations du livre peuvent s’en ressentir. On les place dans des armoires fermées, on classe sommairement et d’après les caractères extrinsèques, on s’abstient de placer des marques apparentes au dos des livres, on catalogue en petit carnet à reliure mobile, on achète aux ventes publiques ou par commission donnée à des libraires spécialisés.[1]

262.3 Parties, collections, fonds, services et départements.

a) Les bibliothèques sont : 1° des ensembles composés de diverses parties ou collections ; 2° des organismes faisant fonctionner divers services ; 3° des centres opérant divers travaux. Par suite, la bibliothèque a une organisation centralisée unique où elle est divisée en départements distincts appelés de noms divers, mais placés sous une direction générale unique.

b) La bibliothèque contient les catégories d’œuvres, suivantes souvent constitués en divisions spéciales : 1° livres ; 2° brochures ; 3° ouvrages de référence ; 4° publications officielles ; 5° journaux officiels (contenant les lois, les traités et les actes législatifs les plus récents ; 6° documents officiels des gouvernements, des parlements et des grandes administrations (règlement, annuaires officiels, comptes rendus des débats parlementaires, texte de projets de lois et de budgets, rapports soumis aux corps législatifs des différents ministères, statistiques, etc) ; 7° manuscrits (cabinet des manuscrits, cabinet des cartes et plans) ; 8° cartes de géographie et atlas (plans de bâtiments, machines et appareils) ; 9° gravures (cabinet des estampes) ; 10° périodiques (périodicothèque) ; 11° journaux quotidiens (hémérothèque) ; 12° photographie (photothèque) ; 13° musique.

c) Des collections distinctes sont formées à raison du format (in-folio) ou du caractère spécial des livres (enfer, censure, immoraux).

d) Il y a éventuellement les collections de documents autres que les publications et qui se rapportent à la documentation générale, telle que la cinémathèque, la photothèque, les archives anciennes, les archives encyclopédiques documentaires (dossiers), les objets de musée.

e) La lecture et la consultation sont favorisées par la diversité des salles de lecture, l’accession aux rayons des bibliothèques dites de référence, des tables de travail au sein des collections, des salles de travail réservées aux travailleurs scientifiques faisant des travaux de longue haleine, des cellules de travail. À la Bibliothèque Universitaire Ann Arbor, les docteurs de l’hôpital peuvent demander qu’on leur lise, par téléphone, quelque article dont ils ont immédiatement besoin.

262.4 Technique et organisation des Bibliothèques
(Bibliotechnie, Bibliotéconomie)
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262.41 Généralités.

a) La technique des bibliothèques a été fort développée. Elle entre dans des détails de plus en plus particuliers et précis. Renvoyant pour ceux-ci aux traités spéciaux sur la matière, dans le présent exposé il ne sera question que des données générales.[2]

  1. Consulter les ouvrages de Muhlbecht, Otto : Buchlielhberei. 1898. — Slater : How to Collect Book, 1905. — Winterich : Primer of Book Collecting, 1927. — Allans : Book-Hunter at home, 1922. — Willis’s : Bibliophily, Boston 1921.
  2. Milkau, F. : Handbuch der Bibliothekswissenschaft, 2 vol. 1932-33. — Morel, Eugène : Bibliothèque. Essai sur le développement des bibliothèques publiques et de la librairie dans les deux mondes, Paris 1908. — Briscoe, W. A. : Library planning. A compilation designed to assist in the planning, equipment and development of new libraries, and the reconstruction of old ones, London 1927. 141 p. — Coyecque, Ernest : Code administratif des bibliothèques d’études, Paris 1929, 2 vol. (organisation, cadres et traitements). — Paul Otlet : Manuel de la Bibliothèque publique, publication n° 133 de l’Institut International de Bibliographie, 1925, 166 p. — Trozet, Léo : Manuel pratique du Bibliothécaire. Préface de MM, Pol Neveux et Charles Schmidt. Paris. E. Nourry, 1933.