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LE LIVRE ET LE DOCUMENT

b) Une bibliothèque n’existe pas par elle-même. Il faut la former, à la manière dont on construit un édifice ou une machine. Elle n’est pas un amas de livres. Il faut constituer une collection, c’est-à-dire créer un véritable organisme intellectuel, dont les parties soient en corrélation les unes avec les autres et réalisent le maximum de rendement avec le minimum d’effort et de travail.

c) Comme toute « construction », celle de la bibliothèque suppose des matériaux (les livres), un plan (la classification), des procédés (les méthodes), un outillage (le matériel), un personnel, des opérations et une organisation.

Ensuite quand la bibliothèque est formée, il s’agit de la maintenir à hauteur de sa tâche, de l’amortir, de faire fonctionner les services relatifs à son utilisation. Tout cela exige des opérations d’ordre administratif et d’ordre exécutif, les unes et les autres relevant d’une direction confiée à des personnes ou à des corps responsables. Le tout forme une unité : l’organisation.

d) Opérations. — La suite des opérations comprend l’acquisition des ouvrages, le traitement des livres à l’entrée, le catalogue, la classification. Une place à part doit être faite à la réorganisation des bibliothèques anciennes selon de nouveaux principes. La communication et le prêt des ouvrages, la coopération aux travaux et services organisés en commun avec les établissements similaires.

e) Grande ou petite, une bibliothèque doit avoir une administration, doit être dirigée avec ordre selon un statut ou règlement. Les conditions spéciales et locales déterminent en chaque cas ces principes.

262.42 Acquisition.

a) Il y a quatre modes d’acquisition : 1° par dépôt légal ; 2° achat ; 3° donation des auteurs ou éditeurs et des collectionneurs ; 4° échange.

b) Les achats constituent une fonction importante de la bibliothèque. Le choix des livres à acheter s’opère à l’aide des catalogues, bibliographies, circulaires, résumés, etc. Les desiderata sont exprimés par les lecteurs. Des directives doivent présider aux achats. La règle doit être l’impartialité. Pour faciliter les acquisitions, on a établi des listes choisies : on a déterminé des proportions entre les ouvrages des diverses branches.

c) Pour leurs achats, les bibliothèques s’adressent aux libraires, selon des modes les uns concentrés, les autres dispersés. Des firmes puissantes sont organisées pour alimenter régulièrement les bibliothèques des livres dont elles ont besoin.

d) Le livre rare a tendance à aller dans les bibliothèques publiques comme les tableaux rares dans les musées officiels. Le peuple et les donateurs pensent que c’est là qu’ils auront le maximum de chance de survivre et de pouvoir être communiqués à qui saura le mieux l’utiliser. C’est une sorte de communisme intellectuel.

e) « Il faut des bibliothèques complètes, dit M. Zanitzky, directeur du Palais Central russe du Livre. Seule la bibliographie est la mesure de l’intégralité d’une bibliothèque. Le lecteur doit avoir à sa disposition la littérature complète d’aujourd’hui, au moins par cette raison que les époques de valeur historique universelle ne sont pas très fréquentes. »

Impressionné par la production quantitative toujours croissante du livre, on a posé récemment le problème de l’élimination de certains livres de certaines bibliothèques et le problème de la redistribution des collections. La conservation des prototypes de toutes les publications est une chose, la présence de livres peu consultés dans certaines des bibliothèques sont choses différentes.

L’accroissement au centre des villes est en certain cas énorme : ainsi au British Museum, 1600 mètres de rayonnage sont ajoutés chaque année. En 1931, on ajouta à la collection 22,567 livres, soit une moyenne journalière de soixante livres nouveaux ou rééditions de livres anciens. La Bibliothèque Nationale de Paris est dans une situation analogue.

On est amené à envisager : 1° l’établissement de vastes magasins nationaux extra muros ; 2° la redistribution des collections. Le hasard a souvent fait les choses : la raison doit les rectifier. Concentration, fusion, transfert, échange. De toute manière systématisation, organisation de réseaux avec centrales, branches et succursales, principe affirmé que tout ce qui appartient à la communauté doit être aménagé au mieux de la communauté ; 3° agrégation des doubles à la Bibliothèque mondiale. Les périodiques étant l’aile marchante de la science, une bibliothèque scientifique vaut par l’existence de ces trois facteurs : 1. richesse en revue ; 2. leur accessibilité ou maximum (mise à disposition directe, arrivée ponctuelle et rapide des fascicules) ; 3. leur catalogue, alias leur bibliographie.

262.43 Opérations à l’entrée.

Les opérations suivantes sont à faire à l’entrée des volumes, dans l’ordre même indiqué ci-après :

Ouverture des paquets. — Si les arrivages sont accompagnés de factures ou bordereaux, leur contenu sera vérifié, le bordereau pointé et paraphé par le vérificateur, qui annotera soigneusement sur cette pièce les anomalies éventuelles.

Examen du livre. — Il y a lieu, dès l’entrée, de constater l’état matériel de chaque livre : a) Correspond-il à la commande, à la liste ou pièce qui accompagne l’envoi ; b) Est-il complet, pas d’omission de parties, d’omission ou déplacement de planches annoncées dans les tables ; c) Est-il en bon état : détériorations matérielles, taches, reliure ou brochage défaits ? d) Ne constitue-t-il pas un double ?

Ouverture de chaque volume. — Découpage des pages : emploi d’un bon coupe-papier (les lames de cou-