Page:Otlet - Traité de documentation, 1934.djvu/365

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
358
265
LE LIVRE ET LE DOCUMENT

265.5 Méthodes.

Le travail muséographique consiste : 1° à réunir les pièces ; 2° à déterminer les pièces ; 3° à les classer ; 4° à les étiqueter ; 5° à en dresser le catalogue ; 6° à consacrer une notice spéciale aux pièces caractéristiques ou à des ensembles ; 7° à disposer les objets soit en séries dites de magasin et de réserves, soit en exhibition et démonstration dans des galeries publiques pour les études ; 8° à organiser la division du travail de la coopération.

1. Collectionnement.

Les collections ne doivent pas être réunies au hasard. Il faut une méthode, une systématisation dans le collectionnement des objets choisis, spécialement demandés ou créés. Il ne faut pas se borner uniquement à ce qu’apporte le cas fortuit des donations. On distingue les salles d’exposition qui constituent l’essentiel des réserves où l’exclusive ne s’impose pas. Le succès d’un musée est d’avoir un plan bien défini, un système organisé de collectionnement des objets et ensuite de faire appel à l’apport par les particuliers soit des pièces elles-mêmes, soit de l’argent pour les acquérir.

2. Classement.

Il est chose capitale dans le musée ou dans la bibliothèque. On a suivi des méthodes très variées d’après l’espèce de musées, fondées sur la nature des objets ou la distinction de l’institution. On suit l’ordre historique (chronologie, école) ou géographique (pays, régions) ou simplement (d’après le système en usage dans les sciences). En suivant, pour le classement des objets, le même ordre que celui des textes dans les ouvrages, les deux sortes de documentation, bibliographique et muséographique, sont présentées comme complémentaires l’une de l’autre. Dans un Musée du type documentaire, le visiteur trouve les objets rassemblés systématiquement dans une représentation évocatrice de la vie ce qu’on sait d’essentiel sur l’ensemble de ces objets et sur chacun d’eux.

3. Catalogue.

Les musées organisés ont leur catalogue dont le rôle est semblable au catalogue dans les bibliothèques. Mais ici vu le nombre de pièces relativement bien plus restreint et leur classement systématique on a développé davantage la description des pièces et les mentions d’origine.

Les catalogues de musées constituent une littérature considérable. Les accroissements et transformations des musées donnent lieu à des éditions nouvelles de catalogues qui ont besoin d’être tenus à jour, amplifiés, détaillés, approfondis avec des inscriptions toujours plus proches de la vérité.

Les catalogues sont de valeur très inégale ; il serait utile d’établir des conditions minimum pour de telles œuvres. Les catalogues d’objets et ceux des livres impliquent de simples notices signalétiques ou des notices détaillées ; un seul ordre de choses ou plusieurs ordres (par n° d’inventaire, par notice, par pays, par date, par catégorie d’objets) : ils sont à l’état de manuscrits ou imprimés, de fichiers ou de registres ; ils sont réservés à l’administration des musées ou mis aussi à la disposition du public. Le catalogue, guide pratique du musée, expose la matière dans l’ordre des salles. Une introduction générale place immédiatement le visiteur dans l’esprit même des collections exposées. Les musées, par certains catalogues qu’ils établissent, fournissent des réponses aux demandes de renseignements et leurs vastes répertoires sont devenus des centres d’études. Ce fut là, par exemple, le but primitif du Musée Germanique de Nuremberg. Comme pour les livres encore, il y a les catalogues collectifs ou communs, les catalogues des catalogues, les listes (directory ou annuaires) des collections et des musées.[1]

4. Présentation. Moulage.

Il s’est formé toute une technique du moulage, de la présentation des pièces et de l’art d’opérer les démonstrations : machines découpées de manière à montrer le mécanisme ordinairement caché ; machines mises en mouvement sous la pression de boutons électriques ou de leviers ; diorama ou théâtre en miniature, sur lesquels les objets sont montés en une présentation dramatique ; cinéma et projections en plein jour (Day-light motion-picture) complétant les objets par des vues en mouvement, etc.

5. Locaux.

Les locaux des musées ont donné lieu à des édifices typiques qui constituent un groupe important parmi les édifices monumentaux. Comme toute l’architecture, celle-ci tend à être de plus en plus fonctionnelle. Les locaux ont donc toute la diversité que créent les circonstances et l’état des fonds dont on dispose. En principe il faut s’affranchir des formes et des espaces donnés en les pliant à la démonstration et non l’inverse. Si le musée doit être un traité visualisé, objectif et synoptique, la répartition des locaux y consacrés partira du même principe que celui qui, dans le livre, préside à la répartition par chapitre, par section, par paragraphe, pour aboutir à la phrase et au mot. On considérera donc des grands espaces rectangulaires bien éclairés qui seront divisés à l’aide de cloisons mobiles disposées de manière à former salles, stands et panneaux.

6. Coopération.

On a peu pratiqué jusqu’ici la coopération et l’assis-

  1. Pour les Herbiers, par exemple, on possède : 1° la liste des herbiers d’administrations publiques, des sociétés et de particuliers ; 2° l’énumération alphabétique d’auteurs et collectionneurs, avec indication des herbiers qu’on peut consulter sur les échantillons authentiques, avec références aux sources permettant d’affirmer les faits. Indication sur le lieu actuel des collections.